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Abel Xavier : « Je sens que le ballon tape ma main… »

Propos recueillis par William Pereira
Abel Xavier : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je sens que le ballon tape ma main&#8230;<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Malheureusement pour lui, c'est assurément l'un des gestes les plus cultes de l'Euro 2000. Le 28 juin, à quelques minutes de la fin de la prolongation de la demi-finale entre la France et le Portugal, Abel Xavier, le latéral droit portugais, touche le ballon de la main dans sa surface. Penalty, but de Zidane, la France est en finale. Plusieurs années après, Abel Xavier revient sur ce geste qui a, quelque part, mis un coup d'arrêt à sa carrière.

Alors, il y avait main ou pas ?C’est drôle parce que même si le temps passe, c’est toujours la première question que l’on me pose. Mais je suppose que c’est normal, comme je suis la personne la mieux placée pour en parler. Pour revenir à l’action, il y a eu beaucoup de divergences à ce sujet, mais je peux vous garantir une chose : ce n’était pas intentionnel et il n’y aurait jamais eu penalty si les circonstances avaient été différentes. Plus d’une décennie après, je pense toujours que la décision était sévère sur le plan collectif et dure à digérer sur le plan individuel.

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Vous pouvez raconter l’action de votre point de vue ?Vous savez, le football est marqué par une succession de petites erreurs, de petites fautes techniques ou d’inattentions qui ponctuent un match de manière plus ou moins prononcée. Tout va très vite. Il n’y a qu’à voir que sur ce match, deux ou trois minutes avant l’action litigieuse, Fabien Barthez fait l’arrêt de sa vie pour sortir une tête que tout le monde voyait dedans. Si on avait mis ce but, il n’y aurait jamais eu de penalty et on ne parlerait que d’une qualification propre. Maintenant, pour parler de l’action en elle-même, au moment où « ça » arrive, l’équipe est en déséquilibre total. Moi-même, je me retrouve à couvrir le poteau gauche alors que j’aurais dû couvrir le poteau droit, comme je jouais latéral droit. J’ai très vite compris que la mauvaise sortie de Vítor Baía allait remettre le ballon en jeu, donc j’ai essayé de me placer de manière à fermer l’angle du but à la manière d’un gardien de but de handball. Après, tout va trop vite. C’est une frappe à 100 km/h. Et je peux dire que même si aujourd’hui tout va plus vite, l’action a été furieusement rapide et que l’arbitre et son assistant n’ont rien vu du tout.

Cette main a eu des conséquences désastreuses sur ma carrière.

Pourquoi il siffle penalty, dans ce cas ?Parce qu’il y a eu un moment de flottement d’une dizaine de secondes lors duquel les joueurs français parlent à l’arbitre et le convainquent de siffler faute. Moi, de mon côté, durant ce laps de temps, je me disais : « Mon Dieu, non, ne siffle pas ! » Parce que je sens que le ballon tape ma main, mais je suis sûr que c’était plus du domaine du réflexe que de l’intentionnel. Et je pense que c’est ce petit doute qui a fait que l’arbitre a décidé de désigner le point de penalty.

Qu’avez-vous dit à l’arbitre à ce moment-là ?Je lui ai dit que dans des circonstances similaires, si cela s’était passé dans la surface française, il n’aurait jamais sifflé penalty contre la France. Et je le pense toujours. De toute façon, que ce soit d’un côté ou de l’autre, quand tu sais que la règle en vigueur est celle du but en or, que tu as une action litigieuse et que tu ne sais pas s’il y a faute ou non, tu ne siffles pas. Un arbitre ne doit siffler penalty que lorsqu’il est absolument sûr que sa décision est la bonne. Ma question est : si l’arbitre et son assistant n’ont rien vu, comment peut-il y avoir penalty ?

Quelle influence a eu cette action sur votre carrière ?Ça me paraît évident. Elle a eu des conséquences désastreuses sur ma carrière. J’avais fait un Euro énorme, au point d’avoir eu des propositions de clubs européens importants, voire majeurs juste après la compétition. Seulement, et au-delà de la secousse émotionnelle, j’ai immédiatement été confronté à des sanctions disciplinaires pour des actes que j’avais soi-disant commis dans le tunnel menant aux vestiaires à la fin du match (incidents à cause desquels d’autres joueurs portugais ont aussi été punis, N.D.L.R.), alors qu’il a été prouvé quelques années plus tard que je n’avais rien à voir là-dedans. Le tribunal du TAS en est carrément arrivé à la conclusion que ma suspension avait été basée sur des récits mensongers. Mais entre-temps, je n’ai plus eu l’opportunité de jouer au niveau international et je n’ai plus été le même joueur. Donc le bilan de ce match est catastrophique pour moi.

S’il y a bien un regret dans ma carrière autre que ce penalty, c’est de ne pas avoir eu la chance d’évoluer dans le championnat français.

Et au niveau collectif ?Ça a été dur à avaler pour tout le monde parce qu’on savait qu’on avait une grosse équipe et que notre génération avait les moyens de remporter un championnat d’Europe. Mais d’un autre côté, tout le monde a été rassuré de voir en rentrant au pays que tous les supporters étaient derrière nous, qu’ils avaient compris que nous avions été victimes d’une injustice, qu’ils nous soutenaient et partageaient notre frustration d’avoir perdu face à notre grand rival qu’est la France.

En parlant de rivalité, vous pensez que cet épisode a contribué à forger la rivalité entre France et Portugal ?Non, non, je ne dirais pas ça. La rivalité entre les deux équipes date de plus loin, parce qu’aussi bien le Portugal que la France forment d’excellents jeunes et qu’il arrive très souvent qu’ils s’affrontent dans ce cadre-là. Pour le reste, le simple fait que les deux pays soient de gros viviers au niveau des jeunes a contribué au fait que les France-Portugal sont toujours des matchs très compétitifs, très intenses.

Vous êtes connu pour votre main, vos cheveux, mais aussi pour vous être converti à l’islam en fin de carrière. Comment vivez-vous la politisation de votre religion, surtout par les temps qui courent ?J’ai grandi dans des cités et je sais ce qu’est l’instrumentalisation politique. Je ne l’accepte pas, car elle monte les personnes contre le concept de droit commun vers lequel il faudrait pourtant tendre, et ce n’importe où sur Terre. Au Portugal, je suis ambassadeur contre le racisme, la xénophobie et la discrimination sociale. Je lutte pour le droit à l’égalité de chaque citoyen, sans regarder sa couleur ou l’ethnie à laquelle il appartient. Je pense que nous devons respecter notre prochain et je crois qu’il y a la place pour tout le monde ici-bas. On fait l’erreur de souligner ce qui nous sépare au lieu de regarder ce qui nous unit. J’estime aussi que nous avons le devoir de faire bouger les consciences, faire en sorte que chacun respecte l’histoire d’autrui, sa culture, son essence. Nous devons accepter nos différences, qu’elles soient religieuses, politiques ou sexuelles. C’est une question d’humanisme.

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Propos recueillis par William Pereira

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