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Un Milan barbarisé ?

Chérif Ghemmour
Un Milan barbarisé ?

Retour sur le coup de tonnerre dans le ciel européen. Pour le Milan tout s’est bien sûr joué en partie sur le terrain, mercredi soir à San Siro (victoire rossonera 2-0 sur les Blow-grana). Mais en partie seulement : il y a eu aussi la mini révolution de palais au siège du club, durant l’été 2012…

Meufapato

Elle s’appelle Barbara Berlusconi. Elle a 28 ans. Au Milan AC, elle est « responsable des projets spéciaux » . Emploi fictif pour la « fille de » ? Pas vraiment… Barbara « holds the gun » , comme on dit aux states. Ou plutôt : c’est elle qui tient la hache. L’été meurtrier au Milan AC est l’œuvre de cette cost-killer pire que Taylor contre la CGT du pneu français. Barbara, c’était d’abord la « meufapato » … Et pourtant, Pato, l’amant brésilien, est lui aussi parti rejoindre la charrette des condamnés, tels Cassano, Ibrahimović, Thiago Silva, Emmanuelson, Nesta, Aquilani, Gattuso, Seedorf, Van Bommel, Maxi López, F. Roma… Une saignée dont le club milanais ne devait jamais se remettre. À l’image d’un Silvio Berlusconi devenu distant dans le foot et distancié en politique. On murmurait même que sua emittenza souhaitait jeter l’éponge et revendre le club à l’encan. Sauf que… Barbara est entrée en jeu : c’est elle qui a suggéré à son père de bien préparer l’avenir du club en anticipant le fameux fair-play financier bientôt mis en place par l’UEFA. Dans une très rare interview de la demoiselle passée quasi-inaperçue dans L’Équipe du 10 décembre dernier, elle révélait une stratégie de gestion redoutable qui expliquait l’entrée du grand Milan dans un cycle vertueux. Avec pourtant des risques à court terme de subir des déconvenues sportives. « Pour évaluer une stratégie comme la nôtre, il faut peut-être 10 ans. Ceux qui n’évoluent pas aujourd’hui le paieront plus tard. Je ne peux pas vous dire : telle année, nous regagnerons la C1. Mais notre objectif est de redevenir un club qui peut la remporter chaque saison. » Précision : Barbara ne s’occupe pas du sportif. Elle ne cogère que l’économique (finances et marketing). Mais on sait bien que la philosophie générale d’un club englobe tout et le rendement sportif est aussi lié à l’impulsion du (de la) gestionnaire. Barbara Berslusconi est aussi actionnaire du club : les résultas sportifs, la qualité du jeu et l’esprit maison des joueurs doivent aussi s’accorder avec les objectifs de rentabilité.

Que les gros salaires… se cassent !

Barbara évoquait la peur de la faillite observée chez certains clubs, voire certains états (Grèce, etc.) à cause d’un endettement colossal. Son modèle économique, le Bayern Munich : « Même une saison manquée sur le plan sportif ne lui cause pas de dommage financier. » Autre cheval de bataille : « La masse salariale dans le chiffre d’affaires des clubs est trop forte. Nous travaillons pour la réduire considérablement. À l’avenir, les clubs devront veiller à ce que la masse salariale n’excède pas 50% du chiffre d’affaires. C’est ce que nous avons fait. La saison précédente, cette part atteignait, chez nous, 70 %. » D’où le départ de tous les gros salaires de ceux cités plus haut, dont Ibra et T. Silva revendus respectivement 20 et 42 millions d’euros au PSG : « Nous avons saisi une bonne occasion avec cette offre du PSG qu’il était impossible de refuser » … Les supporters s’en sont plaints ? « C’est comme ça… Un champion s’en va ? Nous en fabriquons un autre. Nous avons renoncé à Ibrahimović mais nous avons trouvé avec El Sharawy un jeune talentueux qui représente parfaitement le club : il a les pieds sur terre et le public peut s’identifier à lui. » Le nouveau Milan formera donc, ou « post-formera » (El Sharawy a été acheté à 18 ans au Genoa) des joueurs selon les deux autres modèles à suivre, MU et Arsenal. Avec, en vue, la revente toujours potentielle à des tarifs les plus élevés possibles. Reste que Barbara précisait quand même que le Milan AC ne s’interdirait absolument pas d’acheter de grands champions confirmés : Balotelli est arrivé cet hiver en Lombardie. Pour le meilleur et pour le pire. Pour l’instant, c’est incontestablement pour le meilleur…

Ici, c’est le grande Milano !

Mais outre la stratégie économique, c’est aussi le recentrage identitaire autour de la « famille Milan » (plus que la simple « famille Berlusconi » ) que Barbara a contribué à initier. À la base, l’attrait pour les modèles anglais et allemand (surtout le Bayern) et leur culture « club-institution » . Cette culture du « club au-dessus de tout » a toujours existé, bien sûr, au Milan AC. Mais il a pris du retard dans sa déclinaison commerciale : « Notre politique porte beaucoup sur la marque Milan. (…) Quel est le véritable emblème du club ? Le maillot. Et pour le supporter, il doit être encore plus important que le joueur phare du moment. La valeur de fonds, c’est la marque. » En décembre dernier, le Milan AC a publié un livre sur l’histoire du maillot rossonero : merchandising et histoire, business et prestige. Du bon boulot à l’anglaise… Mais tout n’est pas que bilans comptables au sein du club. Les joueurs sont impliqués dans cette mini révolution milaniste : « Ils doivent comprendre dans quel club ils évoluent. Le club doit aussi savoir quel joueur il achète et ne pas le choisir seulement pour sa force sur le terrain. L’image, les valeurs du club font aussi partie de la stratégie globale. » Petit rappel des recrues arrivées cette saison à Milanello (excepté Balotelli) : Bojan, Pazzini, Montolivo, d’abord. Choix intéressant, mais jugé un peu light… Nigel de Jong, ensuite. Et puis surtout les petits Français inconnus : Niang, Constant, B. Traoré. Ce sont pratiquement tous ces joueurs, inspirés aussi par les tauliers rossoneri (Ambrosini, Abbiati, Mexès, Abate, Boateng), qui ont renversé des montagnes mercredi soir contre le Barça. Leur foi milanista explique grandement leur succès inattendu…

Pitié pour les Anciens…

Le Milan n’est pas encore qualifié en quarts : il reste le retour au Nou Camp où le risque de se faire, ce coup-ci, submerger pour de bon existe toujours. Mais on retiendra la très belle performance d’un club qu’on avait enterré un peu trop vite. On a ignoré une « révolution interne » qui, à défaut de tracer la voie vers des succès proches, permet au Milan AC de demeurer au moins ce grand d’Europe. Ce qui n’est déjà pas si mal. Le mérite en revient encore en bonne partie au clan Berlusconi : Silvio et Barbara, ainsi que l’insubmersible Adriano Galliani. Combien de dirigeants auraient à coup sûr sacrifié Massimiliano Allegri quand le Milan était 7e et « définitivement » hors-course pour la C1 suivante en décembre 2012 ? Les Rossoneri sont aujourd’hui 3es à 11 points de la Juve et en ballottage favorable pour les quarts. Et Silvio Berlusconi remonte grave dans les sondages en vue des élections générales de 2013… Deux légendes milanistes, Paolo Maldini* et Gennaro Gattuso, se sont amèrement plaints de la culture-club nouvelle qui fait peu de cas des grands anciens de la maison. Ils n’ont pas tort, si on tient compte du modèle anglais (MU, Arsenal), des modèles du Bayern, Real, Barça (voire Ajax) où les vieilles gloires sont toujours associées au projet de ces grandes institutions. Ceci dit, Mauro Tassotti est l’adjoint d’Allegri sur le banc de touche. C’est l’une des seules fausses notes dans la politique globale du Milan AC. Mais la copine de Pato avait sans doute des priorités plus aiguës à gérer à l’été 2012. On verra… La reprise en main berlusconienne du Milan AC n’interdit toujours pas un jour ou l’autre la vente du club. Mais en tout cas, pour l’instant, ne serait-ce que sportivement et moralement, les Berlusconi ne laisseront pas un cimetière derrière eux…

* À lire dans le dernier So Foot

Gerard Piqué : la révolution en pantoufles

Chérif Ghemmour

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