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Yeste : « Contre le Real Madrid, c’est une grosse rivalité »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
10 minutes
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Dans le Pays basque, les noms de Pablo Orbaiz et Francisco Yeste ne sont pas inconnus au bataillon. Avant le match de ce samedi entre le Real Madrid et Bilbao, les deux anciens de l'Athletic reviennent sur leurs carrières, principalement en rayures rouges et blanches.

Pour les Basques, Bilbao qui accueille le Real Madrid rappelle cette victoire en 2003/2004 contre les Galactiques de Carlos Queiroz (4-2). Quels sont vos souvenirs de ce match ?

Francisco Yeste : Ce sont de très bons souvenirs, bien évidemment. À ce moment-là, le Real Madrid avait une énorme équipe avec Ronaldo, Raúl, Zidane, Figo… Quand ils arrivent au San Mamés, personne ne pouvait penser que nous allions gagner ce match. Et nous sommes arrivés à leur marquer quatre buts, j’ai marqué le premier but du match. Un match entre l’Athletic Bilbao et le Real Madrid, c’est un grand classique du football espagnol, avec une grosse ambiance, de l’intensité et des duels engagés. Je pense que ce samedi, on va avoir droit à la même chose.Pablo Orbaiz : Quand le Real Madrid arrive au San Mamés, c’est toujours une journée bien spéciale. Nous marquons cette date dès le début de la saison sur le calendrier et on se prépare en conséquence pour gagner cette partie.

Avant le match, le Real était leader de Liga et toujours qualifié en Ligue des champions. Au final, le club termine la saison sans titre. Vous leur avez mis un bon coup sur la tête…

FY : Le Real est un club qui envisage tous les ans de tout gagner. Forcément, même avec des grands joueurs, c’est toujours compliqué. Il était en course pour remporter plusieurs titres, et au final, ils n’ont rien gagné. Je pense que le club n’a pas terminé dans les meilleures conditions cette saison, sportivement c’était la fin du grand Real. Il y a eu beaucoup de changement suite à cette saison ratée.PO : La seule chose que nous recherchions à vrai dire, c’étaient les trois points et la victoire. Si le Real a fini sans aucun titre, honnêtement, je ne m’en souviens pas du tout.

Que signifie jouer le Real Madrid quand tu appartiens à l’Athletic Bilbao ?

FY : Que ce soit contre le Real Madrid ou le FC Barcelone, c’est un choc. Dans ces matchs-là, on sait qu’il faut chercher à faire bonne figure avec nos armes, et on souhaite réellement réaliser nos meilleures performances dans ce type de rencontre. En plus, il y a aussi cet aspect de la capitale contre le plus gros club du Pays basque.PO : Pour moi, ce n’est vraiment qu’un intérêt sportif. Le sport, c’est le football, pas la politique. Le Real Madrid est un des plus grands clubs au monde, et l’Athletic est un club avec une philosophie unique au monde. Gagner le Real, c’est toujours un sentiment de fierté et de grande performance sportive.

Si tu devais choisir, tu battrais plutôt le Barça ou le Real ?

FY : Difficile de choisir, parce que je veux gagner les deux matchs (rires) ! Mais bon, c’est vrai que peut-être une victoire contre le Real est plus savoureuse. Un match contre le Real Madrid, c’est une grosse rivalité. L’aspect politique ne resurgit pas entre les footballeurs, mais plutôt à travers les supporters des deux clubs. Pour nous, cela reste uniquement du sport, donc on cherche surtout à faire de notre mieux sur le terrain.
PO : Franchement, je m’en fiche ! Ce que je veux, c’est gagner tous mes adversaires et tous ceux qui s’opposent à l’équipe dans laquelle je suis. Je n’ai aucune velléité particulière à jouer contre tel ou tel club, je souhaite simplement remporter la rencontre parce que c’est positif pour mon équipe.

Avec le FC Barcelone et le Real Madrid, Bilbao est le seul club d’Espagne à avoir toujours joué en Liga au cours de son histoire. Comment vous expliquez cela, alors que vos moyens sont différents de ces deux monstres économiques ?

FY : C’est une philosophie bien spécifique au club. Nous avons toujours recherché à jouer avec des Basques au sein de l’équipe. C’est une vraie performance d’arriver à garder le club dans l’élite avec cette même ligne de conduite. Le mérite revient avant tout aux recruteurs et formateurs du club et à la direction.PO : Je ne saurais pas trop te le décrire, mais c’est vrai que c’est une chose exceptionnelle. Simplement de baser sur la formation régionale et ne pas rechercher à recruter des étrangers, le tout en restant toute son histoire en Liga, c’est quelque chose de très grand. Pour avoir été capitaine des Lions, c’est une immense fierté. Tu te sens faire partie intégrante du club et de la ville.

Pourquoi on vous appelle les Leones (Lions, en VF) ?

FY : Ça vient de notre manière de jouer, de nous décarcasser sur le terrain depuis que le club est né. Nous sommes des combattants ! Cela vient aussi de nos supporters, probablement le meilleur public d’Espagne… Ces deux éléments finissent par se connecter une fois que le match est lancé, et cela nous donne encore plus de force pendant les matchs.

Jouer pour l’équipe de Euskadi Herria est-il plus important que revêtir le maillot de l’équipe d’Espagne ?

FY : Jouer pour l’équipe du Pays basque est quelque chose de spécial. Mais il ne peut pas y avoir de comparaison ici, le Basque n’a aucun problème avec la sélection espagnole. Chaque fois qu’un joueur basque est appelé en équipe nationale, il y va avec beaucoup de plaisir et de fierté. La situation au Pays basque est aujourd’hui excellente, beaucoup plus tranquille qu’il y a quelques années. Et tant mieux.PO : Je suis sportif avant tout, et ce que je recherche, c’est de travailler avec les meilleurs. En cela, être appelé en équipe d’Espagne et jouer aux côtés des meilleurs joueurs du pays, c’est gratifiant, c’est même un rêve. J’aime aussi le Pays basque, car il m’a toujours bien traité. Mais dès que ça se rapproche de la politique, ça ne m’intéresse pas.

Ça vous dérange d’ailleurs, que l’on parle de vous régulièrement comme une équipe dure dans les duels, un peu similaire aux clubs anglais ?

FY : C’est notre tradition. Nous sommes une équipe prête à lutter et sans aucune peur du contact, ce qui nous rend difficile à battre. Ensuite, je pense que le club a démontré qu’il savait aussi jouer au football ces dernières années. Nous le voyons bien sur les résultats : en six ans, nous avons joué quatre finales.PO : Cela ne me dérange pas. Chacun est libre d’avoir son opinion et d’interpréter le style de jeu des équipes. Bilbao joue avec de l’intensité et propose un jeu assez attrayant. Ça, c’est mon opinion.

Messi a battu le record de Telmo Zarra cette saison. Comment avez-vous reçu la nouvelle à Bilbao ?

FY : Le record de Telmo Zarra est une fierté, et il le sera toujours. Ce n’était pas simple de le battre, mais quand c’est un joueur comme Messi qui le fait, on ne peut que le féliciter. Il est le meilleur joueur du monde actuellement, et ce, depuis plusieurs années.PO : Je ne vis pas à Bilbao aujourd’hui, donc je ne peux pas te dire les réactions sur le moment. Messi est un énorme footballeur, mais Zarra restera dans les cœurs basques, indépendamment du record.

Quelles différences voyez-vous entre le Bilbao de vos premières années au club et celui de 2015 ?

PY : Le jeu a énormément évolué… L’exigence tactique et physique est beaucoup plus importante également. Mais le plus frappant reste le plan technique : aujourd’hui, notre centre de formation réalise un travail exceptionnel sur les jeunes, ils deviennent de plus en plus compétent dans ce domaine pour permettre un jeu avec davantage de fluidité. PO : Pour avoir joué pendant plus de dix ans au club, je peux te dire que chaque année est différente… Il faut sans cesse se remettre en question et parfois, des saisons sont plus difficiles que d’autres. Ce qui importe en réalité, c’est de savoir quelles sont les valeurs du club dans lequel tu joues, de connaître cette identité. Les joueurs passent, mais le maillot reste.

On voit par exemple Inaki Williams cette saison, un joueur noir. Cela montre une certaine forme d’évolution dans le projet de recrutement de Bilbao ?

FY : C’est la continuité de la politique du club. Inaki est un joueur avec des origines africaines, mais il a grandi au Pays basque. Il était donc possible pour lui de jouer avec Bilbao, et il a joué à Baskonia (l’équipe de jeunes de l’Athletic, ndlr) l’an passé. J’espère pour lui qu’il aura un grand avenir à l’Athletic.
PO : Inaki est un joueur du centre de formation, et sa couleur de peau ne signifie rien. Ce que je vois en revanche, c’est qu’il fait de bons matchs et que son rendement pour une première saison est bon. C’est la seule chose qui compte.

Comment voyez-vous le déroulement de cette saison à Bilbao ?

FY : Il y a des hauts et des bas. La saison a mal démarré et le club n’est pas parvenu à trouver une dynamique pour lui permettre de jouer les premiers rôles en championnat cette saison. Mais grâce à cette demi-finale gagnée contre l’Espanyol avec un certain contrôle lors du match retour, l’Athletic est toujours en course pour récupérer un titre cette saison. La finale contre le Barça va être attendue par tous les supporters et ce serait superbe de gagner cette coupe.PO : Je trouve que cette qualification en finale de Coupe d’Espagne fait beaucoup de bien au club. Ils se battent pour obtenir des résultats, ce qui n’est pas toujours facile, et ils vont tout donner pour remporter cette Coupe du Roi.

En début de saison, Bilbao a battu le Napoli en tour préliminaire de C1. Six mois plus tard, le club perd contre le Torino en C3, un adversaire pourtant moins armé pour battre Bilbao. Comment expliquer cette défaite ?

FY : La situation de l’effectif actuel n’était pas dans son meilleur moment. L’Athletic était engagé dans trois compétitions différentes, et les joueurs avaient sûrement du mal à enchaîner les matchs. Désormais avec seulement deux compétitions, il y a plus de période de repos, un rythme plus tranquille. Je pense aussi que la perte d’Ander Herrera à l’intersaison s’est fortement ressentie sur le jeu de Bilbao et qu’un joueur offensif et créatif manque à l’équipe.PO : Je pense qu’aujourd’hui, toutes les équipes sont préparées pour donner le maximum, surtout en Coupe d’Europe. Pour Bilbao, l’accumulation des matchs était sans doute difficile à suivre, et la fatigue a dû jouer. Avec des joueurs uniquement du cru, c’est encore plus compliqué à gérer. Il est donc normal d’avoir des coups de moins bien.

Vous êtes partis tous les deux à l’Olympiakos en 2012, où entraînait votre ancien coach Ernesto Valverde. Vous aviez un feeling particulier avec lui ?

FY : C’est un entraîneur que j’ai eu pendant deux ans, sûrement les plus belles années passées au club. L’opportunité de partir en Grèce s’est présentée à moi grâce à lui, et je l’en remercie. J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui. C’est un entraîneur proche des joueurs, communicatif et humble.PO : C’est un coach fondamental dans ma carrière. Il m’a fait confiance, et j’ai pu la lui rendre sur le terrain. Pour moi, il fait partie de ces personnes qui marquent la carrière d’un joueur. J’ai vraiment eu une bonne relation avec lui.

Vos carrières de footeux sont désormais derrière vous. Quelles sont vos activités extra-sportives ?

FY : Je profite de mon temps libre, je le passe avec la famille, les amis. J’aime bien aller voir des films au ciné, des films espagnols surtout. En parallèle, j’ai passé des diplômes d’entraîneur et je suis licencié en direction sportive. L’objectif, ce serait de devenir entraîneur, pourquoi pas le prochain Valverde (rires).
PO : Valverde était un grand fan de photographie, moi je suis éventuellement photographe avec mon téléphone portable (rires). Pour moi, la meilleure de mes activités extra-sportives reste de profiter de ma famille. Sans le football, je suis désormais plus libre, même si j’ai toujours un travail dans une entreprise de comptabilité et gestion à Pampelune.

Et sinon, vous avez un truc à vous dire l’un et l’autre ?

FY : Pablo, je l’ai toujours considéré comme un bon ami et une très belle personne. Ça fait un moment que je ne l’ai pas vu, il faut que je l’appelle pour se faire une bouffe et se rappeler ces bons moments !PO : Sans langue de bois, Francisco fait partie des meilleurs joueurs avec lesquels j’ai pu jouer. C’est un grand ami et je lui passe le bonjour.
Lyon, au carrefour de ses ambitions

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