S’abonner au mag
  • Brésil

Palmas, l’envol fauché

Par Simon Butel
5 minutes
Palmas, l’envol fauché

Pensionnaire de Serie D, la quatrième division brésilienne, le Palmas Futebol e Regatas a vu son destin prendre un funeste tournant ce dimanche 24 janvier, lorsque l'avion transportant quatre de ses recrues et son ambitieux président Lucas Meira s'est écrasé peu après son décollage. L'équipe du Tocantins, un État dont elle est la plus titrée, devait se rendre à Goiânia pour y affronter hier soir Vila Nova en huitièmes de finale de la Copa Verde, une compétition régionale.

Une promesse. C’est à cela que ressemblait le succès du Palmas Futebol e Regatas sur le Real Noroeste (2-0), le 20 janvier à l’occasion du premier tour de la Copa Verde, épreuve réunissant depuis 2014 les meilleures équipes du nord et du centre-ouest du Brésil, mais aussi de l’Espírito Santo, État du sud-est du pays. Pour sa première participation à la compétition, la formation du Tocantins tournait avec cette victoire pour de bon la page d’une année 2020 totalement pourrie sportivement, sanctionnée de 14 défaites en autant de rencontres de Serie D, la quatrième division brésilienne. L’espoir se sera étiré quatre jours, avant de laisser place à la détresse : dimanche, peu après 8h15 heure locale, le Beechcraft 95-B55 Baron transportant quatre joueurs du club et son président s’est peu après son décollage crashé et embrasé au bout de la piste de l’aérodrome de Porto Nacional, à une quarantaine de bornes de Palmas.

Six destins brisés

L’accident a donc fait six victimes : le commandant Wagner Machado Júnior, 59 ans dont trente dans l’aviation selon ses proches, Lucas Meira, entrepreneur de 32 ans aux manettes du club depuis 2017, le gardien Ranule (27 ans), le latéral gauche Lucas Praxedes (23 ans), le défenseur central (ou milieu défensif) Guilherme Noé, sorte de Xavier Gravelaine local formé au Corinthians et ayant à 28 ans fréquenté quatorze clubs, et l’attaquant Marcus Molinari (23 ans), passé par les équipes de jeunes de Santos et fils de Marinho, ancien attaquant de l’Atlético Mineiro et Chuteira de Ouro (Soulier d’or brésilien) en 2006.

Tous prenaient la direction de Goiânia, où les attendait le deuxième match de l’histoire du club en Copa Verde, un huitième de finale face à Vila Nova, formation de Serie C encore entraînée il y a peu par Fabian Bolívar, ancien stoppeur de l’AS Monaco époque Bölöni, Banide et Ricardo. Et, pour les quatre joueurs, leurs débuts sous le maillot bleu, jaune et blanc de Palmas, quart-de-finaliste de la Coupe du Brésil en 2014 et club le plus titré du Tocantins avec sept championnats d’État (dont les deux derniers en 2018 et 2019). Testés positifs à la Covid-19 peu après leur signature, ils achevaient ce dimanche leur quarantaine, d’où le fait qu’ils voyageaient à l’écart de l’effectif palmense, supposé rallier Goiânia dans la soirée de dimanche via un vol commercial.

Des doutes sur l’avion

En 2014, les hélices de l’appareil avaient déjà été endommagées lors d’un atterrissage compliqué – le pilote de l’époque avait alors omis de déplier le train d’atterrissage. Mais impossible, d’après l’Agence nationale d’aviation civile (ANAC) brésilienne, d’établir un quelconque lien entre les deux accidents. Le contrôle technique de l’avion était d’ailleurs selon les rapports de l’ANAC « à jour », et l’appareil « apte à voler ». Néanmoins, un certain flou entoure son immatriculation et le statut du vol. Récemment acquis par Lucas Meira, l’avion ne disposait en effet d’aucune autorisation pour effectuer des services de taxi aérien, autrement dit des liaisons rémunérées, chose formellement démentie par le club.

Par ailleurs, si l’on se fie au Registre aéronautique brésilien (RAB), le bimoteur appartenait en fait toujours à une société de construction basée à Redenção, dans l’état voisin du Pará, l’ANAC assurant n’avoir reçu aucune demande de transfert relative à l’appareil et le club refusant d’entrer dans les détails de la transaction. Secondaire, la polémique comporte une certaine dose de symbolique. Car à Palmas, où il a débarqué en 2007 pour ses études, Meira laissera l’image d’un bâtisseur. Diplômé en agronomie de la fac du Tocantins, État né en 1988 de la partition du Goiás et comptant six fois plus de bœufs que d’habitants, le trentenaire était – entre autres – depuis 2014 le président de l’antenne régionale de la Renapsi, le réseau national d’apprentissage, de promotion sociale et d’intégration.

Le rêve inachevé de Lucas Meira

Importée dans le Tocantins par son père, la structure vise à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes de 14 à 24 ans. Des jeunes, il en était d’ailleurs aussi beaucoup question dans son ambitieux projet – un mot étranger pour la plupart des clubs de Serie D – au sein du Palmas Futebol e Regatas, dont il avait pris la présidence en 2017, vingt ans après sa création (le 31 janvier 1997). Avec une folle ambition : en faire l’un des « meilleurs modèles de gestion de football du monde ». Pour cela, le dirigeant misait principalement sur la formation à long terme, un moyen pour lui de « contribuer non seulement au club, mais aussi à la société, en formant des citoyens à travers le sport ». C’est que la chose publique intéressait Meira, éphémère candidat l’an passé au siège de vice-prefeito (maire adjoint) sur la liste victorieuse de Cinthia Ribeiro, qui vient de décréter trois jours de deuil à Palmas.

La réussite sportive aussi, si l’on en croit les arrivées récentes au sein du Tricolor d’anciens pensionnaires de centres de formation des principaux clubs du pays, ou la nomination cet hiver sur le banc de l’ex-international auriverde Wilson Gottardo (six sélections). Totalement absente la saison dernière, celle-ci semble sur la voie du retour chez l’Heptacampeão, en lice pour un huitième sacre régional (prévue ce jeudi, la demi-finale retour du championnat d’État 2020 face à Araguacema a logiquement été reportée) et enfin vainqueur mercredi dernier de son premier match depuis le 15 mars 2020. Si cet heureux souvenir accompagnera Meira dans l’au-delà, la promesse, elle, perdurera : dans son hommage à son président, le club tocantinense s’est engagé à maintenir son rêve « vivant ».

L’OM en maîtrise à Saint-Étienne

Par Simon Butel

Propos de Lucas Meira issus du site officiel du Palmas Futebol e Regatas.

À lire aussi
02
Revivez Sainté-OM (0-2)
  • Ligue 1
  • J14
  • Saint-Étienne-Marseille
Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)
Articles en tendances
02
Revivez Sainté-OM (0-2)
  • Ligue 1
  • J14
  • Saint-Étienne-Marseille
Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)
00
Revivez Auxerre - PSG (0-0)
  • Ligue 1
  • J14
  • Auxerre-PSG
Revivez Auxerre - PSG (0-0)

Revivez Auxerre - PSG (0-0)

Revivez Auxerre - PSG (0-0)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

02
Revivez Sainté-OM (0-2)
Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine