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JO Melbourne 1956 : l’été indien

Par Nicolas Kssis-Martov
JO Melbourne 1956 : l’été indien

Novembre 1956. Les JO d'été se déroulent enfin dans l'hémisphère sud, une occasion de s'éloigner un peu du rideau de fer et de ses tensions, tout en soulignant la dimension universelle de la grande famille des anneaux. Peine perdue, ces Olympiades seront les premières marquées par le sceau du boycott. Avec en victime principale un football, déjà pas franchement verni dans ce petit monde de l'amateurisme, qui passe définitivement aux mains du camp de l'Est. L'occasion toutefois pour l'Inde de rater de peu son premier titre international.

Le Qatar n’est donc pas le premier pays à avoir posé de manière particulière la question de la période du déroulement des épreuves. Le CIO avait en effet accordé à l’Australie l’obtention des Olympiades 1956 : des JO qui, depuis le ralliement du bloc socialiste à l’olympisme bourgeois, avaient d’ailleurs pris une nouvelle dimension, devenant un véritable enjeu géopolitique. Une autre accélération de l’histoire tapait également à la porte avec les timides, mais irrésistibles débuts de la décolonisation. Bref, un joli tableau commençait à se dessiner pour les zélotes de l’humanisme sportif.

Sauf que, pour respecter notre belle planète Terre et son équateur, il avait été décidé de décaler en novembre la version été de cette merveilleuse messe athlétique. Une idée pas si saugrenue sur le fond, qui aura cependant de terribles répercussions. En Hongrie, la déstalinisation vire un peu trop à la mauvaise blague pour le grand frère soviétique qui envoie ses chars en manœuvres fraternelles sur les bords du Danube. Du côté de l’Égypte, l’opération conjointe israëlo-franco-britannique pour reprendre le contrôle du canal de Suez raidit un peu plus le monde arabe sur le sujet. Résultat : de nombreux États décident de passer leur tour en signe de mécontentement. L’Espagne, les Pays-Bas et la Suisse au sujet de l’intervention russe à Budapest ; l’Égypte, l’Irak et le Liban contre la présence d’Israël. Enfin, la République populaire de Chine quitte le site pour manifester sa saine colère devant le drapeau de Taiwan.

La Thaïlande démolie, l’Indonésie résiste

Le tournoi olympique de football en paie le prix fort. Seules onze équipes y prennent part. Le premier tour se révèle un champ de ruines, tant les défections sont nombreuses. Les Hongrois, médaillés d’or en titre et finalistes malheureux de la dernière Coupe du monde, sont contraints au forfait, Ferenc Puskás notamment mange des patates quelque part dans un camp de réfugiés en Autriche. Le Vietnam du Sud, la Turquie, la Chine et l’Égypte brillent également par leur absence, ce qui permet aux USA et à la Yougoslavie de se qualifier d’office. Cette configuration libère un boulevard pour d’étonnantes formations, qui vont ainsi connaître leur petite heure de gloire.

Il ne s’agit évidemment pas de cette pauvre Thaïlande, étrillée 9-0 par la Grande-Bretagne, ni du Japon, viré par les Australiens. En revanche, en quarts de finale, une vaillante Indonésie tient d’abord tête à l’URSS de Yachine, dans un 0-0 gelé par une défense à onze dans leur surface de réparation. Les Soviétiques sont même contraints de rejouer une rencontre (pas de tirs au but à l’époque) pour se débarrasser de ces encombrants adversaires.

Le parcours du combattant des Indiens

Toutefois, le match le plus surprenant a lieu le 1er décembre 1956, entre l’Inde et le pays-continent hôte, des Australiens convaincus d’avance de leur victoire. Les Indiens, qui ne jouent plus pieds nus contrairement à leur prestation de 1948, se retrouvent un peu là par miracle, tant le ballon rond relevait quasiment du statut de la caste des « intouchables » dans le sport indien. En effet, l’Association olympique indienne (IOA) avait de la sorte refusé initialement de parrainer leur inscription au tournoi, pour ensuite bloquer les fonds nécessaires à son déplacement. Il fallut que le président de la Fédération de foot utilise ses contacts à Bombay, y compris parmi les acteurs amateurs de football, pour recueillir la somme nécessaire. Un autre débat avait également pourri l’ambiance avant le départ : l’alignement de plusieurs joueurs musulmans (Azizudin, Noor Mohammed ou encore l’entraîneur Rahim), amenant certains dignitaires sportifs à insinuer qu’il s’agissait davantage d’une sélection du Pakistan. Malgré cela, les dix-sept Indiens débarquent en Australie.

Ils raconteront plus tard que, lors d’un voyage en bus dans Melbourne, les locaux les avaient pris pour des joueurs de cricket, car « les Indiens ne jouent pas au foot », et s’étaient moqués d’eux leur promettant une raclée. Pourtant, le jour du grand match contre l’Australie, l’incroyable va se produire. Grâce à leur attaquant vedette Nivelle D’Souza (une petite star dont son frère disait « si vous aviez été à Goa quand il était à son apogée, vous sauriez de quoi je parlais »), auteur d’un légendaire triplé, ils parviennent à taper 4-2 les kangourous (suprématie confirmée lors d’un match revanche à Sydney), et à accéder aux demi-finales. L’Inde échouera finalement devant le mur rouge de la Yougoslavie, puis de la Bulgarie. Ce sera finalement l’URSS qui remportera la médaille d’or. Son premier grand titre international en football, avant l’Euro 1960 quatre ans plus tard.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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