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«Je ne savais pas que j’étais aussi fort»
Au terme du premier tour, Souleymane Coulibaly est la grande révélation de la Coupe du Monde moins de 17. Il a inscrit les huit buts de la Côte d'Ivoire, ni plus, ni moins. Une star est née ?
Il s’installe à la table de conférence de presse aux côtés de son entraîneur. Souleymane Coulibaly vient d’inscrire un quadruplé face au Danemark, et de se révéler aux yeux du monde. Pas d’euphorie palpable. La voix est solennelle. Une bonne part de leur insouciance a été arrachée aux Éléphanteaux par le conflit qui a déchiré la Côte d’Ivoire. Bien qu’installée en Italie, à Sienne, leur star naissante se sent habité d’une responsabilité qui dépasse largement le rectangle vert. Il envoie un message au pays : « Je souhaite une paix infinie pour la Côte d’Ivoire. Que cette crise ne se répète plus » .
Souleymane Coulibaly a intégré la sélection des moins de 17 ans il y a moins de deux mois. Il fait partie du contingent européen embarqué par Alain Gouaméné, appelé pour renforcer un groupe éliminé par le Rwanda en demi-finale de la dernière CAN. Dimanche, l’avant-centre a de nouveau ébloui Guadalajara : un triplé inscrit face au Brésil, qui n’avait alors pas encore pris un but. En apéritif, un exter-inter enchaîné d’une frappe dans la lunette opposée, comme parade à un angle apparemment fermé. Plat de résistance : un petit extérieur à bout portant. Et le meilleur pour le dessert : un retournée acrobatique à faire chavirer le stade Omnilife. De quoi rendre vraisemblable la rumeur lancée par As d’un intérêt du Real Madrid.
Centre gravité bas, allure trapue, Coulibaly, 1m72, n’a toutefois rien d’un nouveau Didier Drogba, si ce n’est dans sa capacité à multiplier les buts, et à porter une équipe sur ses épaules. « Faut faire attention, c’est un gamin, un jeune qui vient des bidonvilles, a tenté de refroidir Gouaméné devant la presse, et si mon équipe ne marche pas, lui non plus » . Le sélectionneur prend son élan et ajoute dans un sourire : « Enfin, c’est vrai qu’il a fait des différences tout seul aujourd’hui » . Dans l’hôtel de la sélection, on avait croisé Souleymane Coulibaly la veille de son nouveau show face au Brésil. Jeudi, les Bleus croiseront la route de la nouvelle terreur en huitièmes de finale. Anonyme il y a encore une semaine, il en dit un peu plus sur son parcours.
Souleymane, comment es-tu arrivé à Sienne ?
Je suis allé en Italie pour rejoindre mon père. Je me suis scolarisé là-bas, et j’ai intégré un club. Au début je ne croyais pas en moi-même, je ne savais pas que j’étais aussi fort que ça. Mais Sienne a fait part de son intérêt, et après un an avec eux, ils m’ont fait signer un contrat de formation. Je viens de boucler une saison où j’ai évolué six mois avec les jeunes, et six mois en réserve. Sans me vanter, quand je joue ces matches, pour moi, ce sont des amicaux.
La Coupe du Monde constitue une fenêtre d’exposition idéale. Comment envisages-tu ton futur ?
Nous, on vient tous de familles pauvres. Et on sait qu’il s’agit peut-être de notre unique opportunité pour nous montrer, car en Côte d’ivoire il n’y a pas de réel centre de formation. Nous, si ça se trouve, si on ne réussit pas notre Coupe du Monde ensuite on va galérer. A Sienne, les supporters me disent que je dois intégrer l’équipe A dès l’année prochaine, mais ça va dépendre de l’entraîneur. Pour le futur, on verra, le footballeur ne sait jamais.
Comme avant-centre, quel est ton modèle ?
Depuis que je suis petit, mon idole c’est Didier. Je ne suis pas aussi grand que lui mais je pense que si je continue à travailler je peux au moins réaliser le petit tiers de ce qu’il a fait. Ce serait déjà bien.
Côte d’Ivoire – Brésil : 3-3
Thomas Goubin, à Guadalajara
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