Des distinctions honorifiques britonnes
Sir Beckham ? Très peu pour moi. L’anoblissement hypothétique de David Beckham divise les Anglais, et pas n’importe lesquels : loin de déchirer les supporters lambda, alcooliques et chômeurs, c’est tout le parlement britannique qui se pose la question de savoir s’il faut oui ou non inscrire le roi David dans la liste des « resignation honours » ou dans la « Queen’s Birthday Honours ». À l’origine de la controverse, une proposition du premier ministre sortant Tony Blair, jamais dernier quand il s’agit de faire chier son monde. Par ailleurs, le départ du Spice Boy outre-Atlantique déclenche les attaques en tout genres.
Car un Sir digne de ce nom ne pourrait décemment pas payer ses impôts au fisc américain, comme tel sera le cas lorsque le footballeur évoluera aux LA Galaxy. Mais il y a pire : en partant flâner sur la côte ouest – et à l’occasion taper dans un ballon -, Beckham sera contraint par ses futurs dirigeants de ne participer qu’aux rencontres officielles de la sélection aux trois lions.
Chose très mal perçue du côté de la perfide Albion. Comment, dès lors, rivaliser avec le palmarès de Sir Bobby Charlton ou celui de Sir Geoff Hurst ? Sous couvert d’anonymat, un membre du Parlement a tenté d’expliciter la situation au Daily Mail et au Daily Express : « Certains membres pensent qu’il n’y a rien de mal à concéder cette prestigieuse distinction honorifique à un footballeur qui vit en Europe et qui est libre de représenter son pays chaque fois qu’il le veut ou que c’est nécessaire.
Mais il y a une différence importante si ce même joueur gagne la majeure partie de son argent aux Etats-Unis et qu’il y paye ses impôts et si surtout il ne peut pas jouer pour l’Angleterre quand il est appelé. » Comme si ce n’était pas assez, Alan Mullery, ex-défenseur de l’Angleterre qui a fait les beaux jours de Tottenham ou de Fulham et fraichement intronisé Sir, a pour sa part déclaré : « Beckham n’a pas encore fait assez pour devenir Sir. Si Bobby Moore, qui a fait gagner le mondial à l’Angleterre, ne peut pas devenir ‘Cavalier de la Reine’, je ne pense pas que quelqu’un comme Beckham puisse prétendre à une distinction de ce genre. »
Mais Downing Street réplique illico que les choses ont changé : Becks est désormais une icône du football mondial et son engagement lors de la candidature de Londres 2012 s’est avéré non négligeable. Sa passe décisive contre le Brésil lui a en outre attiré les louanges des tabloïds. Unanimité de la presse ne signifie pourtant pas forcément unanimité du Parlement. Parallélement, l’on a également appris que les Spice Girls allaient se reformer, réengistrer un disque et monter à nouveau sur scène.
Voilà qui devrait mettre tout le monde d’accord.
LDC