Cap à l’Est
Cardiff a livré son verdict : l’UEFA de Platoche a décidé aujourd’hui, à la surprise générale, de confier l’organisation de l’Euro 2012 à un improbable ticket Pologne–Ukraine. Ce choix est d’autant plus surprenant qu’il s’est fait au détriment de deux autres candidatures qui avaient à priori plus leurs chances : une organisation commune de la Croatie et de la Hongrie, pays qui briguait pour la troisième fois l’organisation du championnat d’Europe, et surtout l’Italie, annoncée archi favorite et grande habituée des compétitions internationales (pays hôte de la Coupe du Monde 1990, des Euro 1968 et 1980, et des Jeux d’Hiver de Turin 2006). Pour la Pologne, ce sera une grande première. Sur le papier, cette candidature semblait pourtant cumuler les handicaps, tant sur les plan géographique (près de 2000 km séparent Gdansk, en Pologne, de Donetsk, en Ukraine), que politique (des troubles secouent régulièrement le gouvernement ukrainien depuis la révolution orange de 2004) ou encore sportif (une affaire de corruption dans la championnat polonais a conduit récemment à la suspension de deux clubs de l’élite).
Finalement, ce choix de l’UEFA peut se voir à la fois comme une punition et une promotion. Punition pour l’Italie, qui se remet décidément bien mal du gros scandale du Calcio. Promotion pour deux pays de l’Est de l’Europe, alors que Michel Platini s’était fait le porte-parole des « petits » à son élection à la tête de la Fédération en janvier dernier. L’ancien Ballon d’Or n’a peut-être pas non plus été insensible aux appels du pied de Lech Walesa, qui insistait il y a quelques jours sur l’importance que pouvait représenter une telle compétition pour des pays en profonde mutation (voir short-cut « La lèche de Lech » du 14 avril). Le plus dur commence néanmoins maintenant pour ces deux nations. Elles devront procéder à d’importants travaux de rénovation des stades et du réseau routier, pour un budget total évalué à 26 milliards d’euros. Elles devront également essayer d’obtenir de bons résultats sportifs d’ici 2012, alors que l’Ukraine est actuellement classée 11ème au classement FIFA et la Pologne 21ème. L’équipe de France va devoir se méfier de cette motivation supplémentaire et préparer au mieux la rencontre face à la sélection ukrainienne le 2 juin prochain. En attendant, le dindon de la farce semble bien être la Hongrie, qui va désormais réfléchir à deux fois avant de briguer une quatrième candidature.
RD