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Benoît Cheyrou : « Mon club de cœur, c’est le Racing Club de Paris »

Propos recueillis par Eric Carpentier
6 minutes
Benoît Cheyrou : « Mon club de cœur, c’est le Racing Club de Paris »

À 36 ans, Benoît Cheyrou s'éclate au Toronto FC, en Major League Soccer. Mais celui qui ne rechigne pas un bon fromage garde un œil attentionné sur la France. Entretien patriotique avec un exilé.

Qu’est-ce qui manque le plus à un Français expatrié au Canada ? Certains bons petits plats français me manquent, des bons produits qu’on ne trouve pas forcément au Canada, notamment le fromage. La famille, les amis manquent aussi. Mais je ne cours pas après la communauté française. Si je viens dans un pays étranger, c’est pour m’intégrer, il faut que je m’adapte aux us et coutumes du pays. Après, on se rapproche naturellement, mes enfants sont à l’école française, donc on se croise. Mais les gens d’ici sont accueillants et attachants, c’est un pays cosmopolite, très enrichissant.

Vous faites quelque chose de particulier pour le 14 juillet ?Je ne sais pas. Il y a des festivités dans la ville avec le consulat, c’est possible qu’on se réunisse avec quelques Français pour aller chanter la Marseillaise autour d’une bonne bouteille de vin français. (Rires)

Est-ce qu’Emmanuel Macron est le Justin Trudeau français ?Je ne les connais pas bien, ni l’un ni l’autre. Mais ce sont des dirigeants jeunes, ça donne de l’espoir pour les années à venir. J’espère qu’ils prendront les bonnes décisions pour développer leur pays. La France a besoin de se relancer, il y a eu pas mal de soucis ces derniers temps, donc il y a pas mal d’attente par rapport au nouveau président. Justin Trudeau est très jeune aussi, assez dynamique, donc oui, il y a une analogie entre les présidents.

Je sais que beaucoup d’Américains ont voulu passer la frontière pour aller au Canada à la suite de l’élection de Trump, ça a eu un impact, mais j’espère qu’il n’y en aura pas trop sur le monde en général.

Que pensent les Canadiens de Donald Trump ?Au sein de l’effectif, il y a beaucoup d’Américains. On en a discuté, on a plaisanté un peu là-dessus. Ça a surpris pas mal de monde, personne n’y croyait vraiment, mais après chacun est libre de voter ce qu’il veut, donc on n’est pas forcément entré dans les détails. Je sais que beaucoup d’Américains ont voulu passer la frontière pour aller au Canada à la suite de l’élection, ça a eu un impact, mais j’espère qu’il n’y en aura pas trop sur le monde en général.

Vous mettez la main sur le cœur au moment de chanter la Marseillaise, avant les matchs de l’équipe de France ?(Rires) Je regarde tous les matchs de l’équipe de France, de Ligue 1 au maximum, de Coupe d’Europe. J’ai été séduit par les performances de Monaco, ça faisait longtemps que je n’avais pas été séduit comme ça. Après, l’équipe de France, c’est sûr que c’est spécial. Encore plus quand on vit à l’étranger, on a encore plus envie de revendiquer l’appartenance à notre pays. Je suis fier d’être français, et quand on est à l’étranger, on peut vite se faire chambrer quand l’équipe de France perd. Donc quand elle gagne, je bombe le torse dans le vestiaire ! (rires) Mais c’est toujours sympathique. La grosse différence entre l’Amérique du nord et l’Europe, c’est que les gens ne sont pas jaloux ici, ils sont juste contents que ça se passe bien pour l’équipe de France, tout simplement.

Vous êtes né en région parisienne et n’avez connu que trois clubs en France : Lille, Auxerre et Marseille. Lequel est resté votre club de cœur ?Mon premier club de cœur, et qui le restera à jamais, c’est le Racing Club de Paris. C’est là où j’ai commencé, de six à seize ans, donc finalement c’est là où j’ai le plus joué. Mon père, mon oncle, mon grand-père ont tous été entraîneurs ou dirigeants là-bas. C’est là où j’ai fait mes premiers pas, j’habitais à 500 mètres du stade de Colombes, donc c’est toujours un club spécial pour moi. Ensuite, forcément, ce sont les trois autres clubs. Je n’en ai pas fait beaucoup, en quinze ans de carrière en Ligue 1. Lille, Auxerre, Marseille. Forcément, je les suis avec attention, je suis les résultats, j’ai envie qu’ils réussissent.

On est premiers du championnat, on a un beau projet, ambitieux. Le club est très jeune, il n’a que dix ans.

Vous passez vos diplômes d’entraîneur. C’est une bonne excuse pour revenir plus souvent en France ?En fait, j’ai commencé mes diplômes au mois de septembre 2016. C’est sur six mois, j’ai fini au mois de mars. Comme c’était la trêve ici, ça se goupillait bien, donc finalement je n’ai loupé qu’un ou deux matchs en début de saison. Maintenant, je suis titulaire du BEF, l’équivalent de la licence A UEFA. J’ai commencé pour préparer l’après-carrière, mais je n’ai pas envie de me fixer de barrière, c’est en fonction des opportunités. Si on m’avait dit, il y a quatre ans, que je me retrouverais au Canada, je n’y aurais pas cru. Je pensais finir ma carrière à Marseille, j’avais un projet de reconversion là-bas. Mais ce sont les surprises de la vie, et je n’ai pas à m’en plaindre. J’ai beaucoup de chance de me retrouver ici.

D’autant que ça se passe plutôt pas mal avec Toronto ?Tout va bien, oui. On est premiers du championnat, on a un beau projet, ambitieux. Le club est très jeune, il n’a que dix ans. Moi, c’est ma troisième saison au club, depuis que je suis là j’ai de la chance d’avoir été qualifié pour les play-offs chaque année. On est arrivés en finale la saison dernière. Cette année, c’est peut-être l’année ou jamais pour enfin gagner.

Quelles sont les principales différences avec le jeu européen ?Au niveau athlétique, il y a peu de différences parce qu’ici les joueurs passent beaucoup plus de temps dans la salle de musculation ou sur le terrain à courir que ce que j’ai vu en Europe. Après, techniquement et tactiquement, il y a encore une différence, mais qui est en train de s’amenuiser au fil du temps. Il y a une vraie volonté des dirigeants et des investisseurs de développer le soccer dans les années à venir. Il y a de plus en plus de clubs, de plus en plus de demande. Au Canada et aux USA. Jusqu’à quinze ans, c’est le sport le plus pratiqué.

Et quand allez-vous marquer votre second but de la saison, après celui face aux New-York Red Bulls en mai ?J’espère dès mercredi ! On va justement jouer à New York, contre le City de Patrick Vieira. Allez, je vous l’annonce en avant-première, exclu pour vous ! (rires)

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