Première maison d'accueil des All Blacks
Pour financer l’aménagement du bois de Boulogne sous le Second Empire (1852-1870), la ville de Paris vend des parcelles de terrain situées à ses abords, réservées à un usage résidentiel. Plusieurs zones sont concernées par ces opérations, comme le quartier Saint-James à Neuilly : au sud du bois, le nouveau lotissement prend le nom de « Parc des Princes » , en référence à l’ancienne réserve royale. La proximité du mur de fortifications qui entoure Paris fait du lotissement du Parc des Princes un espace apprécié pour son calme, attirant bourgeois fortunés et aristocrates. Des intellectuels et des artistes les y rejoignent par la suite, comme le sculpteur Bartholdi, Chagall ou Le Corbusier.
Le 18 juillet 1897, un stade vélodrome est inauguré sur le flanc est de ce quartier privilégié, à l’emplacement de la zone militaire inconstructible qui entoure les fortifications de Paris. Édifié à l’initiative d’Henri Desgrange, chroniqueur au journal L’Auto et futur organisateur du premier Tour de France en 1903, le « stade vélodrome du Parc des Princes » est en effet une construction légère, à l’origine destinée à être démontée rapidement. Mais le stade vélodrome résiste et accueille de nombreuses compétitions cyclistes, mais aussi des rencontres de football et de rugby, dont la première rencontre officielle du XV de France face aux Blacks.
Une victoire de l'OM pour l'inaugurer
Après la Première Guerre mondiale, la décision est prise de démolir l’enceinte fortifiée, rendue obsolète par les progrès de l’aviation. La zone militaire devient alors constructible, bouleversant la vie des habitants du Parc des Princes, dont environ 130 000 mètres carrés sont annexés par la ville de Paris. Celle-ci s’estime délivrée des servitudes qui préservent le caractère résidentiel du quartier : alors que l’on profite de l’espace dégagé tout autour de Paris pour y construire des équipements collectifs et notamment sportifs, ceux-ci se multiplient entre les Portes de Saint-Cloud et d’Auteuil. Les propriétaires du lotissement du Parc des Princes, qui s’étaient opposés avec succès à la construction d’un stade olympique en prévision des JO de 1924, assistent impuissants à l’inauguration des stades Jean-Bouin (1925), Roland-Garros (1928) et Pierre-de-Coubertin (1938). Le stade vélodrome est, lui aussi, reconstruit, et inauguré dans sa seconde livraison au printemps 1932. Utilisé par le Racing Club de Paris et le Stade Français jusqu’en 1966, il accueille des rencontres de la Coupe du Monde 1938, les grands matchs européens du Stade de Reims, ainsi que les finales de la première C1 et du premier Euro en 1956 et 1960.
On a vu à quel point l’histoire du stade du Parc des Princes est liée à celle des transformations de la périphérie de Paris. C’est encore le cas à la fin des années 60, la percée du boulevard périphérique étant directement à l’origine de la version actuelle du « Parc » . Tracé sur l’ancienne zone militaire, l’avènement du périph’ entraîne la destruction d’une partie des gradins du vélodrome : voilà une occasion inattendue d’enfin doter la capitale d’un grand stade dédié au foot et au rugby, dont on parle depuis les années 30. La décision de construire un nouveau stade de 50 000 places au même emplacement est facilitée par la loi Borotra de 1940, selon laquelle aucune installation sportive ne peut être supprimée dans Paris sans que des dispositions pour assurer son remplacement n’aient été prises au préalable. Dessiné par Roger Taillibert et inauguré le 4 juin 1972 par une victoire de l’OM en finale de Coupe de France face au SC Bastia, le Parc des Princes n’attendra que deux ans pour accueillir le jeune Paris Saint-Germain. Nul doute que les supporters parisiens auraient trouvé princier de s’y faire couronner grâce aux émirs le 12 mai. Peu enthousiastes à l’idée de déménager au Stade de France, ils espèrent surtout pouvoir y revenir un jour...
Par Clément Rivière
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