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Walker est-il un bon investissement ?
Recruté 57 millions d’euros par Manchester City à Tottenham cet été, ce qui en a fait le défenseur le plus cher du monde avant le transfert de Benjamin Mendy, Kyle Walker s’est rapidement installé dans le couloir droit des Sky Blues. Mais vaut-il vraiment ce prix-là ? Et fait-il partie des meilleurs du monde à son poste ?
Le 14 juillet dernier, certains se sont frotté les yeux pour y croire. Puis pincer le bras pour s’assurer qu’ils ne rêvaient pas. Ainsi Manchester City dégainait officiellement 57 millions d’euros pour s’attacher les services de Kyle Walker. Un Kyle Walker qui venait plus ou moins de perdre sa place de titulaire à Tottenham (sur le banc des remplaçants en avril contre Burnley, Watford et Arsenal, puis en mai contre Manchester United alors qu’il n’était pas blessé). Un Kyle Walker pas indiscutable donc, mais un Kyle Walker qui devenait pourtant le défenseur le plus cher de l’histoire du ballon rond (battu ensuite par les 58 millions du transfert de Benjamin Mendy). Normal ou incompréhensible ?
57 millions, pas du bidon
Si les sommes aujourd’hui balancées lors des mercatos n’ont plus aucun sens, cela ne veut paradoxalement pas dire qu’elles ne signifient rien. Quand bien même il y a des ratés ou des éléments sous-cotés, la logique veut que les meilleurs joueurs du monde soient les plus coûteux. Et qu’implacablement, les joueurs les plus coûteux soient les meilleurs. Au moins à leur poste. D’où la question : Walker fait-il partie des meilleurs latéraux du monde ? « C’est sûr qu’il est très bon. Il a tout. Et même si j’aime beaucoup Thomas Meunier, je crois pouvoir dire que Walker, c’est le top, acquiesce Jonathan Brison et ses quinze saisons de pro derrière lui. Après, le meilleur, je ne sais pas, c’est toujours dur à affirmer. Mais oui, il est dans les trois-quatre meilleurs du monde à son poste, ça c’est certain. Et puis, il va superbement bien dans cette équipe-là. » Cette dernière phrase a son importance. Car en réalité, outre le fait qu’il s’agisse d’une transaction entre entités concurrentes (les Spurs auraient certainement préféré lâcher leur poulain quinze millions de moins à un club étranger), Pep Guardiola a réclamé qu’on sorte le chéquier non pas parce que l’Anglais faisait partie du gratin, mais parce qu’il savait qu’il pourrait utiliser au maximum ses capacités et l’amener tout en haut.
La panoplie du latéral moderne
Disposant d’un profil aux qualités physiques (vitesse, endurance, puissance) et offensives (dribble, centre, technique) indéniables, Walker n’a rien à voir avec ses prédécesseurs Bacary Sagna et Pablo Zabaleta. Ça tombe bien, Guardiola souhaitait changer tout ça. Et le mariage avec l’ancien de Seffield fonctionne pour le moment à merveille. Hormis un carton rouge contre Everton pour sa deuxième rencontre, et des sorties récentes moins convaincantes (comme le reste de sa team), celui qui a été titularisé à chaque fois qu’il était disponible – quinze fois en seize journées de Premier League – paraît indispensable dans le couloir droit de Manchester. Auteur de cinq passes décisives toutes compétitions confondues, Walker répond parfaitement à la dénomination du latéral moderne. Au point d’être actuellement, on peut le dire, l’un des plus redoutables à son poste. « Avant, un latéral était avant tout un mec qui devait défendre et protéger son couloir. Maintenant, c’est le premier relanceur, on lui demande de multiplier les allers-retours, surtout si les milieux excentrés aiment dézoner vers l’intérieur, reprend Brison, actuel arrière gauche des Chamois niortais. Walker n’est pas mon style de modèle. Quand j’étais jeune, j’étais plus ancienne école, j’idolâtrais Paolo Maldini. Ce n’est pas tout à fait pareil, pas le même genre de joueurs. N’empêche qu’il m’impressionne. Il sait tout faire alors qu’il est encore jeune. »
La tendance latérale
Âgé de 27 piges, Walker a effectivement de belles années devant lui. Et semble progresser sur le plan défensif, conforter son aisance dans les duels, gommer ses défauts et ainsi devenir de plus en plus complet. Mais quand même, soixante millions pour ses cuisses, aussi imposantes soient-elles, n’est-ce pas un peu exagéré quand on parle du poste soi-disant promis au plus nul de l’effectif dans les équipes de jeunes ? « Non, c’est tout à fait normal, juge l’ex-Stéphanois.Le rôle croissant des latéraux dans les schémas tactiques du football actuel justifie ce montant. Que ce soit pour lui ou Benjamin Mendy, d’ailleurs. Les prix augmentent forcément, puisque les latéraux deviennent de plus en plus importants. Le buteur a toujours été le joueur le plus cher parce qu’il collait les ballons au fond et qu’il faisait gagner des matchs. Aujourd’hui, l’influence des latéraux est également censée faire gagner des matchs, sans doute davantage qu’avant. Donc non, ça ne me choque pas qu’un arrière de côté coûte aussi cher. » Mauricio Pochettino, qui retrouve son élève ce samedi, est certainement d’accord avec lui.
Par Florian Cadu
Propos de JB recueillis par FC