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Vade retro Sporting Gijón

Par Benjamin Laguerre
Vade retro Sporting Gijón

Aumônier du Sporting Gijón, le père Fernando Fueyo n'a désormais plus accès au vestiaire de l'équipe, et ce, depuis la nomination du nouveau coach.

En quittant le stade du Molinón de Gijón après la défaite de leur équipe face à Alavés (2-4) en ce glacial début de mois de février, les supporters rojiblancos du Sporting Gijón ont la mine déconfite de ceux qui doivent s’en remettre aux miracles pour espérer voir leur club rester en Liga en fin de saison. Et, depuis ce même jour, ils savent également que, pour conjurer le sort, une des figures du club, le père Fernando Fueyo, ne pourra plus être présent dans le vestiaire pour le traditionnel Notre Père d’avant-match. En effet, le nouvel entraîneur du Sporting, Rubi, qui a remplacé en janvier un autre « divin chauve » , l’emblématique coach maison « Pitu » Abelardo, a signifié à l’aumônier du club depuis plus de deux décennies que les portes du vestiaire ne lui étaient dorénavant plus ouvertes. Cette décision a été largement commentée du côté des Asturies, terre catholique s’il en est avec Covadonga et sa vierge, la Santina qui veille sur le Sporting, symboles d’un territoire ancré dans la foi chrétienne depuis la période de la Reconquista (VIIIe siècle).

Les mariages d’Aberlardo et David Villa

Du coup, dès la conférence de presse suivante, le nouveau venu n’a pu éviter les questions sur cette décision et a été invité à s’expliquer. Le coach catalan a préféré botter en touche et a considéré que la non-présence de l’homme de foi dans le vestiaire avait été exagérément commentée : « Ce n’est pas seulement le père Fernando qui ne peut pas entrer dans le vestiaire, personne d’autre du staff n’y entre. Il est là pour nous aider quand il le souhaite, mais pas avant le match. » Effectivement, le médecin et le reste du staff extra-sportif ont également été invités à rester à l’extérieur du sanctuaire de Joan Francesc Ferrer. Ce dernier ne se limite donc pas uniquement aux habituels changements dans le domaine sportif. Il a par exemple également imposé le changement de côté de banc « historique » à domicile pour, selon l’explication donnée, mieux voir les matchs.

L’ancien assistant de Tito Vilanova et de Tata Martino au Barça marque donc son territoire au Sporting. De son époque barcelonaise, Rubi a gardé cette obsession pour les détails, sur le terrain comme en dehors. Mais quel sens donner à cette mise à distance du père Fueyo ? Celui qui a célébré les mariages de nombreux footballeurs, comme Abelardo ou David Villa, est un personnage très apprécié dans le vestiaire par les joueurs, toutes confessions confondues, et plus largement par les supporters. Pour garder l’espoir du maintien, le nouveau technicien du Sporting préfère de son côté faire appel à la rationalité avant toute chose.

Sécularisation de la société

De son côté, Fernando Fueyo a préféré jouer la carte de l’apaisement et a sagement évité de mettre de l’huile sur le feu de la polémique dans ses interventions à la radio (Radio Marca ou Cadena Ser) : « On en fait trop avec cette histoire, ce n’est pas si important. L’entraîneur a pris cette décision et il faut la respecter. Je continuerai à être l’aumônier du Sporting jusqu’à ce que la mort nous sépare. » Mais c’est toute une partie du sportinguismo qui ne cesse de montrer son soutien au padre. Au stade, à travers une ovation lorsque celui-ci a rejoint sa place dès le match contre Alavés, ou encore sur les réseaux sociaux avec une pétition en ligne pour demander son retour. L’homme à la soutane se montre quand même plutôt mystérieux quand il s’agit d’évoquer le futur de son club d’ici à la fin de la saison : « J’ai du mal à être optimiste par rapport au maintien, mais je n’ai jamais fait une cérémonie d’enterrement avant la mort d’un patient… »

En Espagne, cette mise au ban semble en fait traduire une évolution : la sécularisation de la société. Mais si pour Rubi le maintien du Sporting passera par des croyances et des obsessions sportives plus rationnelles sur et en dehors du terrain, dans le nord du pays (de la Galice jusqu’aux Asturies), sans doute plus qu’ailleurs, on est encore très attaché aux références religieuses, surtout quand il faut croire aux miracles. C’est un « Pitu » Abelardo, éreinté et à bout d’idée, qui avait laissé sa place sur le banc de son club après avoir récolté seulement 12 points avant le dernier match de la phase aller. L’image du père Fueyo priant avec les joueurs avant chaque rencontre faisait encore partie des habitudes à Gijón. Pour sa mission sauvetage, son successeur a préféré rompre avec cette assuétude religieuse et repousser l’aide des forces spirituelles en dehors de son vestiaire pour éviter la descente. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on… Le père Fueyo doit sans doute le penser aussi un peu.

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