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Top 10 : Joueurs politisés

Par Antoine Mestres
Top 10 : Joueurs politisés

Porte-parole d’une cause, militant affiché, ou juste conscientisé, le joueur politisé ne répond à aucune définition rigoureuse.

1 – Éric Cantona

Acteur, le King aime se mettre en scène. « Je cherche 500 signatures » annonce-t-il en décembre à l’aube de la campagne présidentielle. En réalité, il ne s’agissait que d’un coup médiatique pour relayer l’appel de la Fondation Abbé-Pierre. Après son appel à retirer l’argent des banques, Canto n’en était donc pas à sa première sortie. Sans prendre sa carte, il aime entrer dans le débat public. Sans appeler à voter, il aime lâcher deux-trois bombes et faire parler de lui. Le col remonté, parfois un chouïa démago, sa meilleure punchline reste celle-ci : « Être français, est-ce que c’est parler français, chanter la Marseillaise et lire la lettre de Guy Moquet ? Non, ça c’est être con. Être français, c’est être révolutionnaire » .

2 – Lilian Thuram

Les écrits de Frantz Fanon et Aimé Césaire comme livres de chevet, La Rumeur dans l’ipod, Marthin Luther King dans un coin de la tête, Lilian Thuram se réinvente après sa carrière. Le racisme, l’héritage post-colonial sont ses dadas favoris. Plus Abd Al Malik qu’NTM, Lilian le champion du monde accepte son rôle de personnage public, squatte le champ médiatique, prêche la bonne parole et donne parfois un peu la leçon. Orateur bien-pensant fatigant pour la droite, vieux relou pour certains joueurs comme Pat Evra : « Il ne suffit pas de se balader avec des livres sur l’esclavage, des lunettes et un chapeau pour devenir Malcolm X… » , Lilian se défend tout de même un peu. A son crédit, un refus d’entrer dans le gouvernement Sarkozy en 2009.

3 – Vikash Dhorasoo

Le dandy deuxième gauche. La gauche parisienne qui s’engage donc aux municipales avec Delanoë en 2007. Vikash assume et se revendique « homme de gauche » . En vrai, Vikash aime bien aussi ne pas faire comme les autres et remettre un peu en cause les codes d’un milieu dépolitisé qu’il fréquente dès son plus jeune âge. Quand on lui avait parlé de son film Substitute, Jean-Michel Larqué, le gaullisme réactionnaire au fond des couilles, s’était d’ailleurs déclaré outré par les agissements de celui qui cassait les codes et jouait les gonzo-reporters en pleine Coupe du monde. Évoquant la présidentielle à venir et François Hollande : « Je ne pense pas être d’une grande aide mais s’il a besoin de moi, je répondrai présent. A mon niveau déjà, je mobiliserai mon entourage. Il faut éviter de voter Mélenchon au premier tour, et surtout pas Sarkozy au second : je ne supporte plus sa vision d’une société sans partage, composée d’individus en compétition. » Dhorasoo, militant du vote utile.

4 – Fabien Cool

Gardien austère, donc engagé au centre, Fabien manie déjà bien les us et coutumes de sa famille politique : une formation à l’UDF fin 2002 pour « combattre l’extrême-droite » , et un transfert chez les judas du Nouveau Centre après la présidentielle de 2007 pour faire carrière et toucher un peu au pouvoir. Conseiller municipal d’opposition à la ville d’Auxerre, Fabien fait le taff comme il a joué au foot : dans l’ombre.

5 – Jérémy Janot

« Jérémie Janot est populaire parce qu’il a eu du courage et de la fidélité » , François Bayrou cherchait un gardien chauve pour 2012, mais fidèle cette fois : Jérémy Janot qui, lui, n’a jamais trahi sa famille : les Verts. Un phrasé plus direct, un tatouage en plus. « Je me suis toujours intéressé à la politique. J’en parle souvent en famille. Mais ma carrière de footballeur ne m’a pas toujours permis de m’y consacrer. Aujourd’hui, je suis à la fin de ma carrière et j’élargis mes horizons. » A le mérite de s’imaginer en autre chose qu’en coach assistant ou restaurateur. En politique ou dans les buts, on a toujours besoin de free fighters.

6 – Paolo Di Canio

Une bio de mauvais garçon, la tête de l’emploi et la politisation qui va avec. Premier salut romain en 1990 contre la Roma, « DVX » (Duce) tatoué sur le bras et une conscience politique à peu près claire : « Je suis fasciste, mais pas raciste. Je fais le salut romain pour saluer mes camarades et ceux qui partagent mes idées. Ce bras tendu n’est pas une incitation à la violence ou à la haine raciale. » Tendance droite sociale donc : « Je suis fasciné par Mussolini. Je ne suis pas d’accord avec tout ce que Mussolini a fait, mais je me reconnais totalement dans ce qu’il représente, la droite sociale. Je suis persuadé qu’il faut aider les pauvres, donner plus de droits et de moyens aux immigrés plutôt que de les parquer dans des ghettos comme on le fait actuellement. Pas étonnant qu’ils deviennent dealers et que les Italiens prennent peur. En revanche, je suis pour l’ordre et la morale : Il faut faire respecter la loi avec force. » Fait d’arme : prix du fair-play de la FIFA en 2001, alors à West Ham, pour avoir arrêté le ballon alors qu’il avait la possibilité de marquer, en raison de la blessure du gardien adverse. Sûrement une question de morale.

7 – Christiano Lucarelli

Le parcours politique de Lucarelli est simple et cohérent : naissance à Livourne (ville où a été fondée le PC Italien), adhésion à l’idéal communiste, vote pour la Rifondazione Comunista (Parti de la refondation communiste), soutien de l’action des BAL (Brigades Autonomes Livournaises, le groupe d’ultras majeur de Livourne), numéro 99 dans le dos (date de fondation des BAL) et porte-parole du syndicat des joueurs de gauche brimés en Serie A : « Le contexte oblige le joueur à dire : « Je ne m’intéresse pas à la politique. » Mais il y a de nombreux joueurs de gauche. Nombreux sont ceux qui viennent me saluer avant un match pour me dire qu’ils partagent mes opinions, mais qu’ils ne peuvent les afficher car ils évoluent dans des clubs avec des ultras de droite, ou parce qu’ils craignent pour leur carrière. » Faits d’arme : a quitté le Torino en première division afin de rejoindre son club de Livourne en deuxième division. A joué avec les Espoirs italiens. A marqué. A montré un t-shirt du Che. N’a plus jamais rejoué avec les Espoirs italiens.

8 – Oleguer

L’anar’ sympa et surcoté. Aurait reçu une préconvoc’ d’Aragonés. L’aurait refusé. Pour la légende. Oleguer n’est pas espagnol, il est ca-ta-lan. Indépendantiste, diplômé de sciences économiques de l’université Autonome de Barcelone, barbu, Oleguer a tout les attributs du gauchiste. Capable d’aller taper la gonfle avec le commandant Marcos pour un match caritatif, plus branché Lluis Llach que Shakira, il a tout de même participé au renouveau du Barça de l’ère Rijkaard. Lui pour qui jouer au foot n’avait du sens qu’avec le Barça ou la sélection catalane signe néanmoins à l’Ajax et termine dans des manifs pour le mouvement anarchiste néerlandais. Le barbu facture une Ligue des Champions, deux championnats et deux Surpercoupes. Une anomalie rassurante au plus haut niveau.

9 – Javi Poves

Sosie d’Oleguer : défenseur moyen, barbu, révolté. Moins bon footballeur, mais les cojones en plus. Lui, plutôt que de signer à l’Ajax, a arrêté le foot à 24 ans. Son avis sur la crise économique mondiale ? « La crise économique mondiale a été parfaitement calculée. Allez demander aux Grecs ou aux Irlandais ce qu’ils en pensent. C’est un braquage social. Tout est organisé pour prostituer les gens et nous soumettre un peu plus. » Arnolin, son ancien coéquipier français à Gijon, a avoué être un peu perdu à ses côtés dans les vestiaires : « C’était un gars intelligent, mais il avait des débats un peu bizarres. » Lire Marx en déplacement, refuser la voiture offerte par le club, refuser d’être payé par virement, c’est le quotidien de Javis Poves qui a le mérite d’appliquer au quotidien ses idéaux. Alors Javi Poves, leader du mouvement des Indignés ? « Le mouvement des Indignés, c’est bien gentil, mais ce qu’il faut, c’est foutre le feu aux banques et couper des têtes. »

10 – Sócrates

L’icône. La figure la plus aboutie du joueur de foot politisé. Capable de faire de la politique grâce au foot, capable de gagner des matchs en faisant de la politique. La ressemblance avec le Che est évidente. Les CVs sont les mêmes. Bourgeois, titulaires de doctorats en médecine, la clope (ou le cigare) au bec, et une barbe de premier ordre. Leader moral et marqueur d’une époque, Socrates possède tous les attributs de la légende. A son actif : deux championnats joués avec « Democracia » floqué dans le dos sous la dictature militaire, et un club – Corinthians – auto-géré démocratiquement. Une fois la junte militaire renversée au Brésil, Socrates part s’exiler en Europe. Son dernier combat se porte contre les schémas de jeu rigoristes de Dunga, pourtant ancien de la maison corinthiane. Décède le 4 décembre 2011. Saudade.

Par Antoine Mestres

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