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Tactique : ce qu’il faut retenir du premier tour des Bleues

Par Matthias Ribeiro
Tactique : ce qu’il faut retenir du premier tour des Bleues

Avec deux victoires et un nul, l’équipe de France a terminé plutôt aisément en tête de son groupe D. Si les rencontres face à la Belgique (2-1) et l’Islande (1-1) ont pu être un peu plus accrochées que celle face à l’Italie (5-1), la barque bleue n’aura pas trop tangué dans cette première partie du voyage. Opposées samedi aux tenantes du titre néerlandaises dans un quart de finale XXL, les tricolores pourraient rencontrer la première tempête de leur traversée. Après la chaleur caniculaire, vient l’Oranje...

Angleterre, Allemagne, Suède, France. Voilà le quatuor de tête de l’Euro 2022. Et si l’équipe de Corinne Diacre n’a peut-être pas été la plus impressionnante, la Nordiste a vu son but premier atteint deux fois sur trois : gagner. Cependant, les résultats ont beau être avantageux, le contenu lui n’a pas toujours été irréprochable. Bousculées en début de match face aux Italiennes, accrochées face aux Belges et rattrapées au buzzer face à l’Islande, l’épopée n’est jusqu’ici pas tout à fait un long fleuve tranquille. À l’heure de voir le niveau s’élever brutalement face aux Pays-Bas, deuxième de leur groupe à la différence de buts derrière la Suède, la bande à Corinne pourra compter sur ses forces historiques, mais voit aussi naître certaines faiblesses.

Sakina, c’est oui

Le côté gauche du collectif tricolore a sûrement été l’interrogation majeure de coach Diacre durant la préparation. Et si Delphine Cascarino a finalement été choisie pour occuper ce flanc à l’avant, c’est Sakina Karchaoui qui brille dans ce couloir depuis le début de la compétition. Cette association parisiano-lyonnaise inédite dans ces grandes échéances estivales semble déjà parfaitement fonctionnelle et efficace, mettant ainsi en valeur les qualités de chacune. Ce n’est pas un hasard si la latérale du PSG voit son maillot floqué du numéro 7, ce qui pourrait surprendre vu son poste de latérale. Régulièrement, Karchaoui se projette très haut dans son couloir, exploitant ainsi les espaces libérés par une Cascarino qui semble dès lors parfaitement comprendre sa partenaire. Quand l’ailière décroche, la latérale appelle en profondeur dans son dos ; quand Cascarino est collée à la ligne, Karchaoui coupe par l’intérieur ; quand la Lyonnaise rentre sur son pied droit, la Parisienne dédouble derrière elle…

Deux buts importants sont déjà issus de ces combinaisons sur l’aile. Le deuxième face à l’Italie inscrit par Marie-Antoinette Katoto, alors que Karchaoui n’a pas pu être créditée d’une passe décisive à la suite d’un erreur défensive adverse, et celui de l’ouverture du score de Diani face aux Belges. À chaque fois une bonne projection, dans le bon timing, dans le bon espace et avec la capacité ensuite de transformer le dangereux en décisif. Statistiquement, celle qui compte aujourd’hui 50 sélections en bleu se distingue d’ores et déjà dans cet Euro.

Sur les deux matchs de poules qu’elle a disputés en intégralité, Sakina Karchaoui c’est :

7 centres réussis sur 9 tentés. 6 dribbles réussis sur 8 tentés. 26 duels gagnés sur 40 disputés. 3 duels aériens remportés sur 4. 11 interceptions.

Toutefois, chez Corinne Diacre, il est toujours question d’équilibre. Et si ce dernier peut parfois être un peu bousculé avec autant d’engagement de la part des joueuses de côté, il est important pour la sélectionneuse de revenir à quelque chose de plus conservateur une fois la différence faite. Dans ce cas, l’historique incapacité de Cascarino à disputer 90 minutes peut servir de prétexte à la technicienne de Croix pour aligner son quasi systématique « double latérales » . Selma Bacha, latérale de formation, remplace ainsi sa partenaire en club pour former un côté gauche qui voit Karchaoui un cran plus bas redevenir une vraie défenseuse pendant que la jeune arrière gauche de l’OL se projette un cran plus haut, sans oublier l’objectif premier : fermer son côté.

Un couteau dans le dos

Justement, parce que les principaux soucis se trouvent finalement de l’autre côté du terrain. Un couteau dans le dos prêt à piquer ou une épée de Damoclès au-dessus de la tête prête à s’abattre… Qu’importe l’expression utilisée, l’équipe de France dispose de son lot de faiblesses, et elles résident principalement dans l’espace laissé derrière les défenseuses centrales. Piégées d’entrée face à l’Italie dans ce domaine avant un arrêt miraculeux de Pauline Peyraud-Magnin puis punies sur une situation similaire face à la Belgique, les Françaises voient leur dos être un véritable talon d’Achille. Et si cette défaillance prend du relief majoritairement face à des équipes supposées plus faibles que les Bleues sont censées dominer et donc jouer plus haut, elle pourrait potentiellement se dissiper au fur et à mesure de la compétition. Petit hic néanmoins : les joueuses de Diacre seront certainement moins hautes sur le terrain face au Pays-Bas, car l’adversaire est plus à même de les gêner, mais ce dernier aura aussi plus de qualité individuelle pour s’engouffrer dans la moindre petite brèche.

Principale solution utilisée pour régler ces problèmes naturels qui prennent régulièrement vie chez les équipes dominatrices : jouer le hors-jeu. Néanmoins, ce procédé mérite du temps, du travail et une certaine complicité entre les joueuses qui tentent de le mettre en place. Si la sélectionneuse n’a semble-t-il pas forcément insisté sur cette animation, il est aussi difficile d’obtenir un rendement efficace d’une charnière en constante évolution. La capitaine Wendie Renard demeure toujours le premier nom coché sur la feuille de match, mais cela ne l’a pas empêchée d’être baladée entre l’axe droit et l’axe gauche, jonglant ainsi entre une association avec sa partenaire historique Griedge Mbock et Aïssatou Tounkara. Résultat, l’équipe de France est avec les Pays-Bas la seule équipe qualifiée pour les quarts à avoir encaissé au moins un but lors de chaque match de groupe.

Cette instabilité chronique autour de Captain Renard n’était pourtant pas attendue. La certitude et la sérénité qui entouraient la charnière rhodanienne en préparation et depuis plusieurs années a été balayée dès l’entrée en lice. L’habituelle très prudente Corinne Diacre a ainsi décidé de titulariser Tounkara aux côtés de Renard, relayant Mbock dans une zone qu’elle occupe rarement, le banc. La joueuse de l’Atlético de Madrid aura finalement disputé plus de minutes que Griedge Mbock sur cette phase de poules, sacrée surprise. Cette redistribution des cartes inattendue semble aussi fragiliser la légendaire Wendie Renard qui, en plus de voir le temps défiler (elle a fêté ses 32 ans ce mercredi) se voit chahutée dans ses repères personnels et collectifs. Toujours autant dominante dans les duels et sur coup de pied arrêtés grâce à son mètre 87, la Martiniquaise n’a cependant pas été aussi rassurante défensivement qu’à l’accoutumée. Responsable de quelques erreurs face à l’Italie offrant ainsi des occasions franches et des frayeurs pour tous les supporters des Bleues, elle est aussi concernée sur l’égalisation belge après une mauvaise couverture… Le roc des Antilles reste solide et dominant, mais ne semble plus être l’assurance tous risques qui l’a mené à ses 135 sélections.

La vie sans Katoto

Pourtant, Renard est une leader que les Bleues pourront toujours retrouver en cours de route, contrairement à leur fer de lance offensif, Marie-Antoinette Katoto. Débarrassée de ses réflexions sur son avenir après avoir décidé de prolonger au PSG jusqu’en 2025, MAK avait entamé son Euro de la meilleure des manières. Buteuse face à l’Italie au bout de 12 minutes et rayonnante dans le jeu, au sol dès la 13e minute face à la Belgique, Katoto voit alors son Euro se terminer prématurément. Bilan : fissure du ménisque et rupture du ligament antérieur du genou droit pour celle qui devrait se faire opérer en fin de semaine. Se pose alors directement une question imprévue pour Diacre : comment remplacer sa joueuse star, auteure de 26 buts en 32 sélections sous la tunique bleue ?

« J’ai une équipe pour les quarts de finale oui… J’aime bien brouiller les pistes », déclarait la sélectionneuse après l’ultime rencontre du premier tour face à l’Islande. Après avoir confirmé qu’elle ne troquerait pas son 4-3-3, Diacre a annoncé qu’elle avait pris sa décision. S’il est encore difficile d’être catégorique quant au nom de celle qui occupera la proue du bateau bleu face aux Hollandaises volantes, le choix demeure entre trois filles : Ouleymata Sarr, Kadidiatou Diani et Melvine Malard. La première, numéro 9 de formation, avait remplacé Katoto face à la Belgique dans un changement poste pour poste qu’affectionne particulièrement la boss. À l’aise dos au jeu, mais moins clinique devant le but que sa prédécesseur, la joueuse du Paris FC a livré une grosse heure de jeu mitigée. La deuxième, malgré une versatilité certaine, donne pleine satisfaction sur le côté droit à sa coach qui a laissé entendre que Kadi Diani ne devrait pas quitter son aile. Quant à la troisième, son cas semble en pleine mutation.

« Quand on avait choisi les 23 joueuses, on avait doublé les postes, donc il est logique que celle qui était deuxième attaquante démarre », lançait Diacre avant le dernier match, ce qui était donc censé donner le feu vert à Sarr. Cependant, une gêne musculaire avant d’affronter l’Islande dans un match à faible enjeu pour les tricolores, et voilà Melvine Malard titulaire en pointe. Elle qui devait être l’ombre de Diani à droite se mue finalement en joueuse phare devant. Et s’il est possible qu’Ouleymata Sarr n’ait disputé que 11 minutes en fin de match pour la préserver de sa légère blessure face aux échéances qui arrivent, la Lyonnaise a marqué des points. Plus rapide buteuse de l’Euro 2022 et de l’histoire de l’équipe de France dans cette compétition, Malard n’aura attendu que 43 secondes avant de se distinguer après une action menée du début à la fin. Talonnade dos au but pour servir Matéo lancée, finition à ras de terre pied gauche à l’entrée de la surface et célébration pour sa partenaire prématurément rentrée en France. En moins d’une minute, la joueuse de 22 ans aura certainement réussi à remettre en question la hiérarchie radicale de sa sélectionneuse. Celle qui a inscrit 13 buts en 17 matchs cette saison à l’OL a su se mettre en évidence en plus de son but en étant très mobile et précieuse dos au jeu pour servir les projections de ses relayeuses, offrant ainsi une cinquième passe décisive en cinq matchs pour Clara Matéo. Difficile aujourd’hui de savoir de quel côté penchera Corinne Diacre entre la forme du moment de la Lyonnaise ou l’aisance naturelle de la Parisienne pour ce poste. Une chose est sûre, le poste d’attaquante de pointe représente aujourd’hui l’engrenage qui permet d’imbriquer plusieurs pièces offensives des Bleues. Un appui pour les projections des milieux et de la présence à la retombée des nombreux centres des joueuses de côtés entre autres. Nul doute qu’il réside en ce choix l’un des facteurs clés pour la suite de la quête européenne des Bleues.

Concédée à la 103e minute et après deux buts tricolores refusés par la VAR, l’égalisation islandaise vient ternir un tableau qui semblait jusque-là être parfait pour Corinne Diacre mettant ainsi un terme aux dix-sept victoires consécutives françaises. Les conséquences de ce résultat peuvent cependant être relativisées au vu du turnover effectué et de l’importance partielle de la rencontre pour les Françaises. À l’heure d’affronter les championnes d’Europe néerlandaises samedi soir à Rotherham, certaines interrogations subsistent. Mbock ou Tounkara derrière ? Matéo ou Toletti au milieu ? Malard ou Sarr devant ? Tant de dilemmes qui pourraient permettre (ou pas) à l’équipe de France de voir enfin plus haut qu’un quart face aux Pays-Bas.

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