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Stéphane Canard : « Aujourd’hui, on a intérêt à nettoyer »

Propos recueillis par Maxime Brigand
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Face aux nombreuses dérives, les agents sportifs français ont décidé de s'élever et de dénoncer auprès des instances les intermédiaires travaillant sans licence. Le président de l'Union des agents sportifs du football (UASF), Stéphane Canard, s'explique.

Il y a quelques semaines, vous avez écrit à la LFP, au ministère des Sports et à la FFFF pour demander l’organisation d’une table ronde autour du cas des intermédiaires qui travaillent sans licence. Pourquoi ?Parce qu’aujourd’hui, on est obligés de réagir, nous n’avons pas le choix. L’objectif, c’est de faire respecter la loi, car la profession d’agent licencié est une profession réglementée et, qui dit profession réglementée, dit profession qui a le droit et le devoir d’être protégée. Une histoire dramatique nous a notamment fait réagir et met parfaitement en lumière la problématique : le décès d’Emiliano Sala, qui n’était

Aujourd’hui, vous avez de telles modifications d’organigramme, avec des présidents qui apparaissent et disparaissent, qui pensent connaître la réglementation, que ça a modifié les choses. Lorsqu’il arrive dans un club, un dirigeant est tenu de s’informer et de se former. On parle quand même du cœur du football : la gestion des effectifs.

pas chaud pour aller à Cardiff. Quand tu es attaquant de Nantes, signer à Cardiff, ce n’est pas excitant sportivement et on s’est aperçu finalement qu’il y avait cinq ou six intervenants sur le dossier. Il y a Willie McKay, qui est endetté, insolvable et dont l’entreprise a cessé son activité. Puis, Marc McKay, le fils de Willie, qui a une entreprise domiciliée chez… son père, tiens donc. Et, il y a Baba Dramé, qui vit en France, qui travaille sans licence et qui dit être le représentant en France de Willie McKay. C’est tout ? Non, parce qu’il y a aussi James Warnock, le fils de Neil Warnock, l’entraîneur de Cardiff, qui est agent, d’autres personnes encore impliquées… En fait, on n’y comprend plus rien, et dans cette histoire, il y a plusieurs faux agents. C’est pour la plupart des usurpateurs, qui se prévalent d’une légitimité qu’ils n’ont pas, ou plus.

C’est justement le combat actuel : la guerre contre les intermédiaires sans licence.Oui, parce qu’aujourd’hui, la loi est souvent bafouée par les clubs et les joueurs. Lyon est l’un des clubs qui refusent de parler avec ces personnes parce que c’est un club coté en bourse et qu’il est dirigé par un président qui s’appelle Jean-Michel Aulas, qui est une personne sérieuse et pointilleuse sur la réglementation. Il ne faut pas non plus mettre la tête des autres sous l’eau, parce qu’ils ne sont ni irresponsables ni complètement responsables. Aujourd’hui, vous avez de telles modifications d’organigramme, avec des présidents qui apparaissent et disparaissent, qui pensent connaître la réglementation, que ça a modifié les choses. Lorsqu’il arrive dans un club, un dirigeant est tenu de s’informer et de se former. On parle quand même du cœur du football : la gestion des effectifs. Je vous mets au défi d’aller avec moi dans un club et de demander aux personnes qui travaillent dans les cellules de recrutement s’ils savent tous ce qu’est un agent licencié, vous verrez.

Quel est concrètement le problème, aujourd’hui ?Le problème, c’est qu’une faille a été ouverte et que les intermédiaires sans licence se sont multipliés. Lorsqu’une personne va faire du scouting pour un club, il rencontre souvent un conseiller ou un membre de l’entourage d’un joueur Y et, dans la discussion, l’employé du club X commence à expliquer à la personne qu’elle a en face qu’elle est intéressée par ce joueur Y. Cette personne n’a souvent pas de licence et s’engouffre. Prenons un exemple : si demain vous êtes un intermédiaire, que vous savez qu’un club est intéressé par un joueur, qui est lui-même déjà représenté par un agent, qu’est-ce que vous allez faire ? Vous allez l’appeler et lui dire : « Bonjour, je suis Maxime Brigand, je travaille avec un avocat mandataire sportif

Aujourd’hui, il y a 477 agents licenciés ! Mathématiquement, ça fait un agent pour 2,5 joueurs. Comme il y a une école pour former des jeunes agents, une trentaine de nouveaux agents obtiennent leur licence à chaque examen… On va aller jusqu’où ? À un agent pour un joueur ?

– ce qui est faux – ou avec un agent licencié… » Personne n’ira vérifier la véracité de votre propos et ça construit une brèche dangereuse.

Vous êtes agent depuis 1992, comment avez-vous vu ça arriver ?J’ai été un petit joueur de football amateur, j’ai été directeur d’un club pro, président d’un club amateur dans le Sud-Ouest et je suis agent depuis plus de 25 ans. J’ai d’ailleurs été le premier agent licencié FIFA en 1995. Cette année-là, la FIFA avait mis en place une licence et je l’avais passée pour une raison : je considérais que dans le foot, tout le monde avait une licence (les dirigeants, les arbitres, les joueurs…), mais pas les agents. J’ai obtenu cette licence, car comme ça, on entrait dans le cercle et on fixait un cadre à la profession, ce qui m’a ensuite conduit à créer en 2003 l’Union des agents sportifs du football (UASF).

Quel était l’objectif initial de l’UASF ?Au départ, l’idée était de mettre en place un code d’éthique, une déontologie entre nous et de pouvoir communiquer entre les différents agents pour éviter les dérives. Peu à peu, l’UASF a été obligée d’évoluer pour réagir face aux changements et devenir un interlocuteur privilégié des instances. D’entrée, on a d’abord voulu qu’on arrête de nous appeler agent de joueurs. Pourquoi ? Parce qu’on pouvait aussi être commissionné par un club, donc on est devenus des agents sportifs. On a ensuite voulu sécuriser la profession avec un numerus clausus comme pour les chauffeurs de taxi, les pharmaciens, les médecins : il fallait limiter le nombre de licences obtenues, mais nous n’avons pas réussi à le faire. Je me disais que dans le monde du foot, où tu as environ 1200 joueurs professionnels, une centaine d’agents, c’était raisonnable. Aujourd’hui, il y a 477 agents licenciés ! Mathématiquement, ça fait un agent pour 2,5 joueurs. Comme il y a une école pour former des jeunes agents, une trentaine de nouveaux agents obtiennent leur licence à chaque examen… On va aller jusqu’où ? À un agent pour un joueur ?

Quand avez-vous vu arriver les premiers intermédiaires ? Ce qu’il s’est passé, c’est que les réglementations ont commencé à construire un flou général. À un moment donné, la FIFA a décidé par exemple d’abandonner la licence telle qu’elle était mise en place en 1995 et ça a créé un trouble. En France, la loi oblige toujours l’obtention d’une licence pour exercer le métier d’agent, heureusement, parce qu’on parle du foot, la première multinationale du monde. J’ai été convié à la FIFA il y a un an et j’ai compris qu’ils allaient revenir au vieux système, ce qui prouve que certains abandons méritent d’être plus réfléchis. Le problème, c’est que le circuit n’est pas fermé, que des joueurs formés en France vont à l’étranger, qu’ils travaillent rapidement avec des personnes non licenciées et le trouble réglementaire a fait apparaître ces accompagnants.

Précisément, quelle est la règle ?La règle, c’est que lorsqu’un agent représente un joueur ou un entraîneur, il doit signer avec lui un contrat de mandat. Ce contrat doit ensuite être obligatoirement déposé à la FFF et il existe un portail où l’on peut voir quel agent représente quel joueur. C’est ouvert au grand public, tout le monde peut le voir. Ensuite, lors des négociations entre un joueur et un club, le club doit signer un mandat tripartite (club-agent-joueur), dans lequel le joueur autorise le club à me verser la commission à sa place. C’est la loi et ça permet de s’assurer que l’État français n’est pas grugé dans l’opération, car ensuite, l’agent émet une facture au club, est payé et paie ensuite ses impôts dessus. Aujourd’hui, ce qu’il se passe, c’est que les clubs sont sollicités par des personnes qui viennent de partout, mais personne ne va vérifier si cet interlocuteur est légalement autorisé à représenter le joueur. On est dans cette problématique, surtout qu’on ne sait pas comment ces usurpateurs ou imposteurs sont commissionnés.

C’est par exemple le cas de Véronique Rabiot.Oui, par exemple, parce que lorsqu’elle discute avec le PSG des salaires de son fils, elle est dans l’exercice illégal de la profession : elle n’a aucune licence. Notre rôle aujourd’hui n’est pas de balancer des noms, c’est simplement de mettre en lumière que le travail de la commission des agents n’est pas fait de manière parfaite, par manque de moyens humains et financiers. Après, attention, de nombreux agents licenciés ne déposent pas correctement leurs mandats à la FFF car si l’on prend un peu de temps pour vérifier, cela voudrait dire que deux tiers des joueurs n’auraient pas d’agent. C’est impossible : chaque joueur a un agent. C’est au service juridique de la Fédé de faire son travail, de travailler pour que les saisines aboutissent…

Lorsque Véronique Rabiot discute avec le PSG des salaires de son fils, elle est dans l’exercice illégal de la profession : elle n’a aucune licence. Notre rôle aujourd’hui n’est pas de balancer des noms, c’est simplement de mettre en lumière que le travail de la commission des agents n’est pas fait de manière parfaite, par manque de moyens humains et financiers.

Aujourd’hui, il y aurait entre 80 et 100 cas saisis et on parle d’à peine une dizaine de poursuites. Oui, c’est assez incroyable et cela s’explique peut-être par un manque d’informations. C’est aussi pour ça que l’UASF, qui rassemble 35 agents et 45% des mandats déposés, se développe. Ce système doit nous permettre de sanctionner les dérives. Aujourd’hui, un agent licencié dépend de la commission des agents et du service juridique de la Fédé, il doit déposer ses mandats, faire son rapport annuel d’activité qui permet de maintenir la licence d’un agent. Il y a aussi la DNCG des agents qui contrôle alors que les rabatteurs, eux, n’ont aucun contrôle. C’est inégal. Problème, les instances peuvent seulement contrôler les agents licenciés. Si on accepte toutes les dérives, on va se retrouver avec toujours plus de pression sur les clubs et des menaces physiques ou orales. Tout simplement parce que sans contrôle, le gâteau, qui est déjà tellement gros, devient incontrôlable. Si des joueurs quittent un 8e de Ligue 1 pour un dernier de Premier League, ça vient de là. Il est où l’intérêt sportif ? On a intérêt à nettoyer.

Avez-vous eu une réponse des instances ?On n’est plus au temps moyenâgeux où l’on envoyait des missives par pigeon voyageur, mais peut-être que mes pigeons se sont perdus… Blague à part, nous n’avons reçu aucune réponse, c’était fin février, on est fin avril. Il y a une connaissance de la problématique des instances, mais le problème, c’est que l’on ne va bientôt plus être dans l’action, mais dans la réaction et il sera trop tard.

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