StarSchuster au Real : galactique ou étoile filante?
Capello jeté dans la benne à ordures malgré une Liga ? Hardos, indeed, mais à la Casa Blanca, on aime pas les victoires qui sentent trop la sueur...Alors, le Real a misé une grosse caisse de Veuve Cliquot sur un ancien de la boîte, Bernd Schuster, pour voir du football-champagne. Logique. Mais, avec Schuster, ça va donner quoi : un Real qui pétille ou un Real qui fait pschiiiit ? That is ze question...
Don Fabio avait le mérite de toujours poser les bonnes questions : « Schuster ? C’est qui Schuster ? J’le connais pas. Vous, les journalistes, vous me balancez toujours ce nom !… » C’était avant le match Getafe-Real en octobre 2006 que les meringues étaient allées perdre chez les caille-ras de banlieue-sud (1-0). Au retour, en mars, les Blancs-Capello avaient nullé 1-1 contre les Bleus-Schuster au Bernabeu.
Le Real ne pensait plus au titre et Fabio, qui entendait le Diable lui épeler son prénom, saluait la foule madridiste d’un doigt d’honneur…
Après le Real, Getafe s’est aussi fait remarquer contre le Barça. En match retour de Copa del Rey, Getafe explose 4-0 à dom’ un Barça trop frimeur branché en boucle sur le solo Messianique du match aller (5-2).
Une place de finaliste de Coupe d’Espagne qui qualifie les Bleus en Coupe de l’UEFA et puis pour finir, une méritoire 9ème place de la Liga avec un bestiaire zoologique : Abbondanzieri, gardien casquette-boulettes de l’Argentine, Célestini cuistre suisso-marseillais, ou le milieu homonyme-anonyme Redondo (l’Espagnol Pablo, pas le grand Fernando !)…Voilà pour le palmarès de Bernd. Pas trop mal. Comme le jeu qu’il a fait pratiquer à ses joueurs : allant offensif, prise de risques, etc… Le Real a donc dit Banco !
Niveau antécédents sur le banc depuis 10 ans qu’il entraîne : Fortuna Cologne, 1 FC Cologne, Xeres CD, Shaktar Donetsk, Levante puis Getafe. Autant dire, Jesus sans les souffrances. Parce que la pression actuelle au Real, c’est juste regagner la Champions League et la Liga avec un goal-average de + 118, un joli beau jeu 5 étoiles dorées et le ballon d’Or, le tout pour la semaine prochaine, vers 22 heures 10 !…
Bon, Bernie a des atouts : il connaît la Maison Blanche (super joueur en 1988-90), il parle la langue, renoue avec la capillarité moustachienne de Del Bosque, dernier coach madrilène à avoir alpagué la C1. Défaut critique : Schuster a encore sa carte de socio du Barça… Pas besoin de vous faire un dessin.Son plan : reparler un peu allemand (Metzelder arrive !), statufier Fabio (Cannavaro, pas Capello ! Schuster croit en lui), faire mûrir Reyes (Bernie veut qu’il reste et Arsenal va faire un effort financier), faire la fête à Chivu (c’est presque fait avec la Roma), goûter à l’oranje (Robben en rupture de Chelsea ?), élever des lapins (Saviola serait chaud pour le Real), ravaler ses larmes (Kaka, c’est apparemment mal barré, mais…) et communier avec Fabregas (Bernie commence toutes ses prières par « Notre Cesc qui êtes aux cieux » , mais Mozart veut rester encore un an à Arsenal avec papa Wenger…)
Voilà. On parle de système audacieux, chatoyant, de 4-2-3-1, de 4-4-2, tout ça,… On verra bien.
Flash-back. Euro 1980. La RFA sort un nouveau crack de 21 ans à peine. Bernd Schuster. Un mix en devenir de Beckenbauer et de Cruyff. Pas de poste vraiment défini, disons un 14 et demi… Rien que ça. Une merveille de classe, de vitesse, de vision et de puissance féline. La RFA gagne l’Euro 80 grâce à l’Ange Blond. Flip total en Europe : la RFA va tout gagner sur la décennie 80, c’est absolument certain !… En fait, le jeune Bernie, au tempérament un peu lunatique et mal influencé par Gaby, son dragon de femme, se brouille avec la sélection (heurts avec le coach RIP Jupp Derwall et certains joueurs, Breitner, Stielike, Rümmennigge) qu’il quitte définitivement juste avant l’Euro 84. Il ne jouera jamais de Coupe du Monde : 82 pour cause de blessure (cassé en 81 par le putain de Goycoetchea qui cassera aussi Maradona), 86 et 90 (brouille avec Beckenbauer), 94 (conne bouderie, hésitations de Berti Vogts)…
Quand on voit les résultats de la Mannshaft 1980-94, on peut effectivement penser que si Schuster avait été là, elle aurait en effet pu TOUT gagner. Parce que durant cette période, au Barça, au Real, à l’Atlético Madrid (bilan espagnol : 4 championnats, 6 coupes d’Espagne et une C2) puis Leverkusen, Bernie a été souvent grandiose, quoique cochon de caractère (voir son départ de Catalogne pour le Real, pour cause, dit-on, d’un remplacement mal digéré…). Maradona, qu’il admirait au Barça, aurait « payé cher pour que mon pote, « le Blond » , vienne me rejoindre en Italie » …
Conclusion : Il est trop tôt pour dire si oui ou non, avec Schuster, le Real va redevenir le magnifique Real conquérant de la fin des années 90-début des années 2000. Mais les indices sont là : il a été un super joueur, il fait du bon boulot au Getafe, il kiffe Kaka et Fabregas, il prône le beau jeu (c’est même pour ça que le Real lui a préféré Capello) et le Real, à 48 ans, c’est juste la chance de sa vie…
Après Frank Rijkaard, Johan Cruyff pourrait bientôt avoir un deuxième fils préféré…
Chérif Ghemmour
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