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Shevchenko, pas encore KO

Adrien Pécout, avec Mathieu Faure
4 minutes
Shevchenko, pas encore KO

Véritable star des années 2000, Andreiy Shevchenko commence à tirer la jambe. Ça sent la fin du génial Ronaldo blanc qui avait fait de l'Europe sa chambre à jouer. Histoire de bien finir, l'attaquant de Kiev s'organise une petite sauterie à domicile en forme de jubilé XXL. Pour commencer, l’Ukrainien se frotte ce lundi à la Suède.

Quand on a tutoyé les sommets, c’est toujours délicat de revenir sur terre. Thierry Henry le sait quand, en 2010, il assiste en touriste à l’explosion de l’équipe de France, tranquillement planqué au fond du bus des Bleus, lui, le meilleur buteur de tous les temps de la sélection française. Shevchenko aimerait une sortie plus honorable. D’autant que le destin lui offre un Euro à la maison. Un cadeau que l’ancien Milanais pensait ne jamais avoir. Même diminué par un dos en vrac, même croulant sous le poids de ses 35 ans, Andreiy – le mec dont le prénom s’écrit de six mille façons différentes – Shevchenko disputera bien l’Euro 2012. Il accompagnera l’Ukraine dans cette compétition que son pays co-organise avec la Pologne. Il faut bien le dire, tout ceci fleure bon le jubilé. Un baroud d’honneur en club, comme en sélection. « Après l’Euro, je vais décider de l’avenir de ma carrière et voir ce que la santé me permet de faire » , lâchait, il y a quelques semaines, le meilleur buteur de l’Ukraine, auteur de 46 pions en 105 sélections.

De retour au Dynamo Kiev en 2009, Sheva n’est pas plus idiot qu’un autre. Il sent que le terminus approche. Ses accélérations sont au mieux risibles, au pire ridicules. Ses crochets sont téléphonés et l’envie n’y est plus. Selon le Daily Mail, il préparerait même ses diplômes d’entraîneur en vue d’intégrer le staff de son ex-club de Chelsea. Entre des pépins physiques à répétition et la trêve hivernale, le Ballon d’Or 2004 a squatté l’infirmerie du Dynamo de décembre à début avril. Cette saison, il facture juste une quinzaine de matches et six buts en championnat avec son club formateur. Pas grand-chose. Le sélectionneur Oleg Blokhine, Ballon d’Or 1975, compte pourtant sur son trentenaire. « Andreiy n’est pas n’importe quel joueur de football. C’est aussi une personne à l’autorité immense et indiscutée, qui est tellement nécessaire à l’équipe. J’espère qu’il pourra surmonter ses blessures et arriver en forme au début de l’Euro. » Les 45 millions d’Ukrainiens espèrent aussi. Sheva est une icône. Un guide. Un cache-misère, aussi. Car la patrie a peu d’autres solutions. Le meilleur buteur de la D1 locale, Evgen Seleznov, ne chiffre que 14 buts au Chakhtior Donetsk….

Quelle relève ?

« Pour être honnête, le nombre de minutes que je passerai sur le terrain n’a pas d’importance. Pour moi, le principal est de faire ce qui est bon pour aider l’équipe » , déclare Sheva, bon camarade. Au vrai, on voyait mal l’ancienne star de l’AC Milan (1999-2006 et 2008-2009) et Chelsea (2006-2008) déclarer forfait pour cet Euro à domicile. À 35 ans, l’Ukrainien n’a plus de temps à perdre. Depuis son indépendance en 1991, l’ex-république soviétique n’a, jusqu’à présent, disputé qu’un seul grand tournoi : le Mondial 2006. En Allemagne, Shevchenko plante deux buts et son équipe se fait jarter en quarts de finale par le futur champion du monde italien (0-3). Le reste du temps, des défaites en barrages l’ont déjà privée de trois Coupes du monde (1998, 2002, 2010) et d’un Euro (2000). Plus guignard, tu meurs. De cette génération sacrifiée, seuls quelques vieux bougres subsistent. Sheva, bien sûr. Mais aussi le chevelu Anatoli Timochtchouk, milieu défensif du Bayern Munich et capitaine de l’Ukraine, désormais âgé de 33 ans. Un mix entre Trifon Ivanov et Benoît Pedretti.

Ce soir, pour les grands débuts de l’Ukraine dans son Euro, Shevchenko devrait être titularisé contre la Suède. Sans doute aux côtés d’Artem Milevskiy, un coéquipier du Dynamo. La sélection de Blokhine aura besoin d’expérience, si elle veut se dépêtrer de ce groupe D où la France et l’Angleterre font figure d’épouvantails. Elle vient de foirer salement ses deux derniers matches de préparation, contre l’Autriche (3-2) et la Turquie (2-0), et personne n’imagine cette équipe sortir des poules. « Notre sort va en grande partie dépendre de la façon dont les jeunes joueurs vont gérer le facteur psychologique. (…) S’ils parviennent à assumer la pression, nous avons une bonne chance de sortir de notre groupe » , estime, lui, le vieil Andreiy. Lequel s’apprête à couver les prometteurs milieux de terrain Denys Garmash et Andrei Yarmolenko (Dynamo Kiev) ou encore le défenseur Yaroslav Rakitskiy (Chakthior Donetsk). Tous les trois ont 22 ans et un dos en parfait état.

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