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Seydou Doumbia, des mouchoirs à Moscou

Par Quentin Müller
Seydou Doumbia, des mouchoirs à Moscou

Plus jeune que Drogba, plus complet que Bony, plus régulier que Kalou, il y a Seydou Doumbia, fin prêt à rejoindre un top club. À 26 ans, l'attaquant du CSKA Moscou serait d'ailleurs l'une des cibles prioritaires du Chelsea de José Mourinho. Rien que ça. Une rumeur mercato qui fait office de cerise sur le gâteau tant Seydou n'a pas eu la vie facile. Du petit vendeur de mouchoirs d'Abidjan à l'excellent attaquant du champion Russe, il n'y a qu'un seul récit, celui de Seydou.

C’est une journée chaude et lourde à Abidjan. Le brouhaha des klaxons et des bruits de moteurs jaillit de l’immense poussière ambiante. Seydou Doumbia a fini sa journée de boulot. Dans les embouteillages de la capitale, il vend des mouchoirs aux voitures à l’arrêt. Ce jour-là, il a décidé d’aller toquer à la porte du centre de formation de l’AS Athlétic Adjamé. « Je me rappelle l’avoir aperçu en train de vendre ses mouchoirs. Je lui ai sommé de reprendre l’école, mais il m’a répondu que pour manger, il n’avait pas le choix. Il avait 11 ans » , se souvient le président du club de D2 ivoirienne, Olivier Koutouan. Pour l’homme, la rencontre avec le petit garçon est un électrochoc. « C’était un enfant de la rue, comme il y en a beaucoup en Afrique. Il était un peu turbulent. » Le gamin, dont le père est absent et la mère submergée par le boulot, est rapidement pris en charge par Olivier. « Dès qu’il a tapé dans le ballon, j’ai su qu’il avait un truc de plus que les autres. Il allait plus vite, frappait plus fort. » Se développe alors une vraie relation presque paternelle entre les deux individus. « Un jour, je suis allé voir sa mère et ses oncles et j’ai décidé de l’adopter. » Olivier en fera un fils. Mais aussi une grande fierté. Le gamin, jusque-là déscolarisé, reprend l’école et enchaîne les entraînements, les séances de cassettes vidéos. Le but ? Devenir le meilleur joueur du pays, avant de devenir l’un des meilleurs d’Europe.

Vidéofutur et séquestration au Japon

Très vite, Doumbia est fixé au poste d’attaquant. Trop puissant pour être simple animateur de jeu, trop buteur pour être ailier, le gamin apprend doucement ses gammes dans le club de son père adoptif. Il rejoint le Tomoudi FC où évolue un certain Gervinho. Mais le gamin est rejeté par le reste du groupe. Pourtant buteur à chacune de ses apparitions, Seydou est retiré du club par Olivier. Pas le temps de déchanter pour les deux compères, puisque l’AS Denguelé, club de D1, le recrute dans la foulée. À 17 piges, le gars devient meilleur buteur du championnat avec 15 buts en 20 matchs de championnat. Impressionnant. « Pour qu’il soit le plus complet possible, j’avais compilé des cassettes de buts de Ronaldo, Thierry Henry et d’Eto’o. Il a du coup pioché dans les caractéristiques des uns et des autres » raconte le paternel. Les petites tribunes de 3000 places du Stade El Hadj Mamadou Coulibaly commencent doucement mais sûrement à se remplir d’observateurs venus des quatre coins du monde. « Lille le voulait quand il avait 15 ans. Jean-Michel Vandamme était venu le faire signer. Mais pour des soucis de visas, ça ne s’est jamais fait. » Le LOSC n’insistera pas, à tort. « Plus tard, ça a été au tour d’Istres et de Guingamp, mais toujours pour des problèmes de visas, rien ne s’est conclu. »

Un jour, un étranger se pointe et propose un essai au Japon. Olivier, qui gère de près le dossier de Seydou, ne se méfie pas et pense alors que le jeu en vaut la chandelle. « Il n’était jamais sorti de Côte d’Ivoire, il fallait qu’il s’ouvre un peu sur l’extérieur. » Résultat, arrivé à Tokyo, Doumbia se voit confisquer son passeport, et l’homme chargé de le mettre en relation avec des clubs fait pression pour qu’il se plie à ses exigences. « Il m’a appelé, il était en panique, il m’a dit :« Sors moi de là ». » Olivier ira le chercher et le ramènera à Abidjan. Quelques semaines plus tard, une nouvelle offre du pays du Soleil levant arrive sur le bureau du père adoptif. Mais cette fois, pas question de le laisser y aller seul. Là-bas, il apprend à apprécier les mets locaux et apprend même à parler japonais. À l’image d’un Hulk ou d’un Kagawa, c’est en D2 japonaise que l’intéressé explose. Meilleur buteur de son club et de la division inférieure, Seydou éblouit ensuite la J-League (D1 Japonaise) de sa toute-puissance.

Accent allemand et cache-cache

En 2008, les Young Boys de Berne l’enrôle pour 130 000 d’euros. Le challenge est énorme ; remplacer statistiquement et humainement Hakan Yakın, parti au Qatar faire de l’oseille. Joker de luxe au départ, l’Ivoirien se fait rapidement une place chez les Suisses. À tel point qu’il devient meilleur buteur du club et du championnat lors de ses deux années là-bas. La première saison, le gars parvient même à planter 20 buts en championnat, alors qu’il ne débute titulaire que huit fois. « Au début, le coach le faisait entrer pour qu’il marque et ça marchait presque à chaque fois. Il a fini par être titulaire, raconte Saïf Ghezal, qui l’a connu lors de sa première année au Young Boys. Sur 10 mètres, il est très rapide. Il a cassé plus d’un rein. »

En dehors du pré, Seydou Doumbia s’adapte bien et découvre la culture occidentale et notamment la langue allemande. « On allait tous les deux aux cours d’allemand et on se marrait bien, parce Seydou avait un accent terrible » se souvient Ghezal. Dans les vestiaires, il met l’ambiance et fait danser ses partenaires sur de la musique ivoirienne. Une sacrée prouesse. À l’entraînement, même décontraction : « Il arrivait presque toujours en retard et était parfois un peu tête en l’air. Tu vois, il n’était pas suffisant, mais sûr de sa force » , raconte Henri Bienvenu, présent sur le front de l’attaque à ses côtés lors de sa deuxième année. « On était voisins, on se faisait des bouffes ensemble. Un jour, il a insisté pour faire à manger. Il s’est enfermé dans la cuisine. Au final, on a commandé. Je crois qu’il avait foiré, mais n’a jamais voulu nous le dire. » Seydou a horreur d’échouer. « Par contre, avant les matchs, c’était fini la rigolade. Il se transformait. Il était plus concentré que nous tous » , poursuit l’actuel joueur de Troyes.

Jamais moins de 16 buts

Avec 20 et 30 trente buts pour ses deux premières années en Suisse, Seydou Doumbia devient trop fort pour le championnat local. « À l’époque, il y a eu quelques clubs de Ligue 1 comme Rennes qui sont venus aux nouvelles, mais c’est le CSKA qui fit la proposition la plus sérieuse » , explique Olivier. Direction donc le grand froid russe et Moscou. « On s’était préparé tous les deux mentalement aux chants racistes et aux cris de singes. Le but était que, si ça se passait, Seydou devait ne pas réagir et devenir hermétique à ça. » Depuis que l’enfant d’Abidjan traîne sa carcasse sur les terrains enneigés de Russie, l’Ivoirien, épargné par les pépins physiques, n’est jamais descendu en dessous de la barre de 16 buts. Grimpant même à 37 toutes compétitions confondues, dont 6 en Ligue des champions, dont il fut longtemps meilleur buteur devant Messi et Ronaldo en 2011/2012. À croire que la vente de mouchoirs lui a permis de contrer le froid.

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