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Giroud : « Je n'ai jamais vu jouer Neymar »

Propos recueillis par Léo Tourbe
Giroud : « Je n'ai jamais vu jouer Neymar »

Propulsé star des réseaux sociaux le week-end dernier en raison de la ressemblance frappante avec Olivier, son petit frère, Romain Giroud (45 ans) revient sur sa carrière, stoppée brutalement alors qu'on lui promettait un grand avenir. Entretien avec le meilleur des grands frères.

Comment as-tu commencé le foot ?

Comme Olivier, j’ai commencé à Froges (Isère) tout petit, puisque le stade était à côté de la maison. Un mercredi après-midi, on était exécrables avec mon frère aîné, qui a un an et demi de plus que moi. Tous nos potes jouaient au foot sauf nous. Notre mère nous a pris par le col pour nous y envoyer et se débarrasser un peu de nous. On a pris le virus tout de suite !

Et là, tu démontres un certain talent. Comment se passe ta carrière ensuite ?

Je ne suis jamais resté au même endroit longtemps parce que j’avais des qualités, semble-t-il. J’ai fait tous les clubs du coin pour rapidement atterrir à Grenoble. Je suis allé très tôt en sélections de jeunes aussi, vers 15 ans. Puis après, je fais le parcours classique des années 1990 avec l’avènement des centres de formation. Je suis sollicité très tôt par pas mal de clubs, puis j’ai un choix à faire et ça va très vite. J’ai intégré le centre de formation d’Auxerre en 1993 et j’y suis resté cinq ans. J’ai été stagiaire pro, j’ai suivi le cursus classique. J’ai joué avec Benjamin Nivet à l’époque, on a été champions de France en moins de 17. Mais aussi avec Alex Dujeux, Johan Radet et David Recorbet, qui était mon concurrent direct. Pour X raisons, je n’ai pas signé pro dans mon club formateur. 

Ensuite tu files à Rennes, c’est ça ?

Après Auxerre, j’ai plusieurs options qui se sont profilées. C’était assez avancé pour que je signe en D2 au Red Star. De par mon comportement avec certaines personnes influentes du milieu du football, et notamment à Auxerre, je me suis tiré une balle dans le pied. La poursuite du football était compliquée. Ça aurait été bien que je signe au Red Star, j’avais fait la préparation avec eux, mais ça ne s’est pas fait. Finalement, je suis arrivé à Rennes, encore abasourdi de pas avoir signé pro à Auxerre. Donc j’ai passé un an en Bretagne en réserve, où j’ai dû faire un match amical en pro et basta. Ça bouclait la fin de mon aventure footballistique. 

Comment as-tu réagi à cette fin prématurée ?

C’est une question de confiance et d’état d’esprit. Je me battais seul face à des moulins à vent. Je n’avais pas les bonnes armes et j’arrivais en bout de course, d’un rêve qui ne s’est pas réalisé. Quand t’as 40 sélections chez les jeunes, que t’as joué avec Anelka, Henry, Silvestre, Trezeguet, que t’as été aligné alors que c’est Gérard Houllier le coach et que tu vois que ça ne le fait pas en club, ça fait chier. Mais je n’ai aucun regret. J’ai vécu beaucoup de moments extraordinaires parce que j’ai eu la chance de connaître le haut niveau jeune, et de toucher le monde professionnel sans vraiment y accéder. J’ai voyagé et vécu des expériences extraordinaires. Ce n’était pas une période facile dans le foot parce qu’il y avait beaucoup de casse. C’était le début des centres de formation. À l’époque, je suis allé à Auxerre parce que c’était le meilleur centre, même s’il y avait de la concurrence. Mais c’était le jeu.

Quand t’as 40 sélections chez les jeunes, que t’as joué avec Anelka, Henry, Silvestre, Trezeguet, que t’as été aligné alors que c’est Gérard Houllier le coach et que tu vois que ça ne le fait pas en club, ça fait chier.

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné à Auxerre ? 

Je n’ai pas supporté l’injustice dont je faisais l’objet. C’était forcément subjectif, mais je n’étais pas dans les petits papiers et je n’ai rien trouvé de mieux à faire que d’ouvrir ma gueule. Quand t’ouvres ta gueule auprès de certaines personnes dans ce milieu, tu te suicides ! Je me suis suicidé sportivement. J’ai appris et j’ai compris, mais parfois il vaut mieux ouvrir sa gueule que de faire le dos rond.

Tout ça, ça t’a servi pour guider Olivier lorsque ça a été son tour ?

Complètement. C’est pour ça que l’histoire est belle. Quand il commence, moi je viens de terminer d’essuyer les plâtres, donc je suis encore dedans. Je filtre tout, je protège, je sors les gros bras quand il y a besoin, je vais taper du poing sur la table, je fais chier. Un grand frère ! Une carrière, ça se manage. Je ne sais pas si on pouvait appeler ça un centre de formation à Grenoble, mais putain, il fallait faire des points d’étape ! Je me revois dans un préfabriqué avec le responsable de la formation et l’attribution des contrats aspirants. À un moment donné, il faut y aller et défendre son bout de gras. Je ne voulais surtout pas qu’il lui arrive ce qui m’est arrivé. Je me souviens d’une anecdote où on était au siège de Grenoble, à côté d’Alpexpo, et il venait de signer son premier contrat stagiaire. Il me serre dans les bras et me dit : « Rom’ merci pour tout ce que tu fais. » Moi, j’étais tout fier d’y être allé et d’avoir représenté mon petit frère !

On peut se dire que t’aurais pu être amer après ton aventure et vouloir empêcher Olivier de poursuivre dans ce milieu… 

J’aurais pu être aigri. À l’égard du milieu, j’étais quand même amer, mais j’ai su passer outre. Il fallait que je lui fasse bénéficier du bon côté de mon expérience, donc j’ai essayé de bien cloisonner mon histoire de la sienne ! Le parcours qu’il a eu, de ne pas être dans une structure trop concurrentielle et d’être près de chez lui, lui a permis de gravir les échelons. On a fait des choix réfléchis, ce n’était pas un hasard. J’aime à penser, sans prétention aucune, qu’il a fallu que je me plante pour qu’on décide de ne pas faire partir Olivier. Ironiquement, Auxerre était intéressé par mon frère. Et bah… « Non, les gars. Vous plaisantez ? Vous avez tué un Giroud déjà, le deuxième on va faire autrement ! » 

Olivier, dans l’interview qu’il nous avait accordée, disait que t’étais « la star du village ». C’était ça ? 

Tu joues au foot, t’es bon, t’es en équipe de France à 15 ans, tu pars à Auxerre, t’es l’enfant du pays… La star, c’est un bien grand mot comparé à ce qu’il est devenu lui ! J’étais son exemple et son modèle quand il était tout petit. Et aujourd’hui, c’est lui mon héros !

Tu jouais défenseur, c’est ça ? 

Oui, défenseur central. Donc complètement l’opposé de mon frère. J’étais un chien. Dur sur l’homme. Rigoureux. Très dur au marquage, du style « ça ne passera pas derrière les gars, soyez tranquilles ». J’ai toujours été très fan des défenseurs italiens. Si je n’ai pas percé, c’est que j’ai manqué de certaines choses aussi ! Si tu poses la question à Thierry Henry, il te dira que j’étais dur sur l’homme ! En plus, à Auxerre, à l’époque, c’était marquage individuel, donc il y avait un duel dans le match. On était au pain sec et à l’eau pendant une semaine. Mon deuxième prénom, c’est rigueur. (Rires.) J’étais un bon soldat, souvent capitaine dans les équipes où je suis passé, probablement parce que je suis un leader naturel. Après, j’étais pas un Zidane sur la technique…

Si tu poses la question à Thierry Henry, il te dira que j’étais dur sur l’homme ! J’étais un bon soldat, souvent capitaine dans les équipes où je suis passé. Après, j’étais pas un Zidane sur la technique…

Justement, comment s’est créée ton amitié avec Thierry Henry ?

On est de 1977, donc on a joué ensemble en sélection pas mal d’années ! La carrière d’Oliv’ faisant, on s’est retrouvé à Arsenal, tout contents. Puis on a gardé le contact. 

Quel rôle a-t-il joué dans ton arrivée en tant que nutritionniste à l’AS Monaco ?

C’est lui qui m’a fait venir ! À l’époque, il était dans une situation compliquée et il trouvait qu’il avait des joueurs hors de forme. Il pensait qu’il n’y avait pas les compétences en interne pour remettre ses gars en forme. Et il a fait appel à moi pour mettre de l’ordre dans tout ça. Je ne suis pas magicien, donc on a dégagé tous ensemble quand il s’est fait virer, mais c’était une super expérience. 

Était-ce la première fois que tu travaillais dans un club de haut niveau ? 

Non, j’avais déjà bossé dans le rugby. Ça fait 20 ans que je fais ça et que je suis spécialisé dans la nutrition du sportif. 

Pourquoi t’es-tu redirigé vers cette branche ? 

J’ai toujours été intéressé par l’influence de la nutrition sur la performance et sur la santé. J’adore manger, je suis un épicurien comme on dit. Et puis, pendant mon cursus à Auxerre, je n’ai jamais vu la couleur d’un diététicien. On nous apprenait à jouer au foot, on nous pesait toutes les semaines, mais on nous disait juste si on était trop gros ou si ça allait. Mais c’est incompréhensible. Personne n’est venu nous voir pour nous dire « vous êtes sportifs de haut niveau et vous avez besoin de tel type d’alimentation ». Et donc j’ai commencé à creuser et j’ai repris mes études par correspondance, puisque j’étais sorti du système scolaire depuis un moment. 

Aides-tu ton frère de ce côté-là ? 

Oui, je l’aide. Mais à son âge, il se connaît un peu ! Forcément, il y a des nutritionnistes dans les staffs des clubs où il est passé. Ce qui n’est pas toujours vrai dans les clubs français, malheureusement. Il est bien pris en charge, mais on fait des points réguliers.

Je n’ai jamais vu jouer ce PSG. Je suis un paysan fini.

As-tu envoyé un message à Henry quand ton frère a battu le record de buts en Bleu ? 

C’est le Vieux (Thierry Henry, NDLR) qui m’a envoyé un message ! Il m’a dit : « Bravo, le frangin l’a fait. » Il m’a tout de suite envoyé un mot. C’était marrant. 

Pendant une période, Olivier n’était pas spécialement aimé quand il jouait en équipe de France. En as-tu souffert personnellement ? 

Jamais. Parce que je n’ai pas de télé, je ne lis pas les journaux, je ne suis pas sur les réseaux, je me tiens à l’écart. Le seul média que j’ai, c’est une radio nationale. C’est risible, mais les gens me croisent et me parlent de choses concernant mon frère en pensant que je suis au courant, mais je ne sais pas de quoi ils parlent…

Mais tu sais quand même qu’il a marqué lundi contre la Salernitana ? 

Ouais ! Je suis même allé voir les highlights parce que je regarde rarement les matchs. Je l’ai félicité. Il a mis une belle tête et une reprise qu’il prend un petit peu du bout du pied. Sinon, pour revenir au sujet, je ne m’expose pas à la vindicte populaire. Tu sais, la société, il faut prendre du recul… Olivier aussi a pris du recul. C’est une de ses grandes forces de ne pas être trop haut quand ça va bien ou trop mal quand ça ne va pas. Il garde l’équilibre. Il faut être cool et ne pas s’enflammer. Il y a beaucoup de bons joueurs de football, il faut tous les respecter. Oliv’, c’est un cas de sociologie à lui tout seul. Il est complètement atypique. Comme Papin le dit, des n°9 comme lui, on n’en fait plus. Ce qui est bien avec lui, c’est qu’on sent qu’il a bouclé la boucle avec cette Coupe du monde. Il est reconnu par ses pairs, que ce soit Mbappé, Papin ou Trezeguet. C’est quoi un champion ? C’est quoi un bon footballeur ? C’est Neymar qui va en boîte de nuit ? J’ai beaucoup de respect pour le joueur et je ne connais pas l’homme. Je ne l’ai jamais vu jouer, mais il paraît qu’il n’est pas mauvais. Je te jure, je n’ai jamais vu jouer ce PSG. Je suis un paysan fini. C’est quoi un champion ? C’est un Neymar ? C’est un Giroud ? C’est un Lewandowski ? C’est un Mbappé ? Aujourd’hui, les footballeurs sont des égéries qu’on s’attribue pour confronter nos points de vue. Vaste débat, mais faut se respecter et être cool. 

Propos recueillis par Léo Tourbe

Photo : capture d’écran Téléfoot (TF1).

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