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  • Un jour, un transfert
  • Épisode 5

Roberto Baggio à la Juve : Guérilla à Florence

Par Éric Maggiori
Roberto Baggio à la Juve : Guérilla à Florence

Quand Roberto Baggio, l'enfant chéri de la Fiorentina, passe de la formation toscane à la Juventus, à quelques jours du Mondial 1990 en Italie, c'est tout Florence qui s'embrase. Récit d'un feuilleton qui aura duré près d'un an, et dont on ne connaît toujours pas toutes les vérités, plus de 30 ans après.

Il y a des dates qui marquent le football, sans pourtant correspondre à une finale de Coupe du monde ou de Ligue des champions. Le 18 mai 1990 fait partie de celles-là. À quelques jours du début du Mondial italien, un coup de tonnerre retentit sur la Botte. Gianni Agnelli, le patron de la Juventus, annonce la signature de Roberto Baggio, en provenance de la Fiorentina. À peine la nouvelle de cette cession est-elle officialisée que les rues de Florence s’embrasent. S’ensuivront trois jours de guérilla urbaine, durant lesquels la ville est littéralement mise à sac par les supporters florentins, soutenus par les habitants, « y compris les femmes et les vieux, qui jetaient des pots de fleurs sur les flics depuis leurs fenêtres », comme se le rappelait un ancien ultra, dans le numéro de SoFoot consacré aux grands numéros 10. Mais comment en est-on arrivé là ? Et pourquoi un tel déferlement de violence et de haine pour un simple transfert ? Peut-être, justement, parce que ce n’était pas un « simple » transfert. C’était bien plus que cela. Retour sur un feuilleton qui a marqué son époque, et exacerbé à jamais la rivalité entre deux clubs qui ne s’aimaient déjà pas beaucoup.

Les penaltys de Catanzaro, la première étincelle

Entre la Juventus et la Fiorentina, cela n’a jamais été l’amour fou, loin de là. Il se dit que le point de départ est une victoire 11-0 de la Signora lors d’un match de championnat en 1928, honte jamais vraiment digérée du côté des Violets. Mais la véritable explosion de haine remonte à la saison 1981-1982. À 90 minutes du terme de la saison, les deux équipes sont à égalité en tête du classement. La Fiorentina se déplace à Cagliari, pendant que la Juve va à Catanzaro. Après 45 minutes, pas le moindre but marqué sur les deux terrains. Et à la 60e, la Fiorentina ouvre le score par Graziani. Mais le but est annulé pour une (légère) charge sur le gardien. À Catanzaro, la Juventus galère, mais va s’en sortir par la petite porte : grâce à un penalty transformé à la 75e par Brady. Un succès 1-0 qui, cumulé au 0-0 de la Fiorentina en Sardaigne, offre le Scudetto aux Bianconeri. À la fin de la rencontre, les tifosi florentins, forcément déçus, découvrent les images de Catanzaro-Juve, et un penalty gros comme une maison non sifflé en première période en faveur de Catanzaro. Trois décisions arbitrales qui ont fait basculer le titre, et qui vont définitivement lancer la haine entre les deux clubs.

Baggio et son agent sont durs en affaire et ont des prétentions salariales exorbitantes. Quand il faut parler d’argent, Baggio ferait mieux de venir tout seul.

Quelques années plus tard, à l’été 1985, la Fiorentina recrute le nouveau prodige du football italien, Roberto Baggio, en provenance du Lanerossi Vicenza, avec qui il a brillé en Serie C1. S’il ne débutera avec le maillot viola qu’un an plus tard (à cause d’une grave blessure au genou), le Divin Codino va vite rattraper le temps perdu, en éclaboussant la Serie A de son talent à partir de la saison 1987-1988. Les grands clubs lui font déjà les yeux doux, mais Baggio n’en démord pas : il veut gagner ici, à Florence. Lors de la saison 1988-1989, il fête sa première cape en Nazionale, et la presse transalpine le starifie en le décrivant comme le pendant italien de Maradona. Il termine la saison à 24 buts toutes compétitions confondues. À l’été 1989, la Juve pointe le bout de son nez et commence à se montrer de plus en plus insistante : Gianni Agnelli a en effet fait de Baggio sa cible prioritaire. L’Avvocato veut qu’il soit la tête de gondole de la Juve de la prochaine décennie. Pour les tifosi de la Fiorentina, il est inenvisageable de voir partir Baggio chez l’ennemi. Mais le président du club florentin, Flavio Callisto Pontello, n’a jamais vraiment fermé la porte une éventuelle cession. Pire, il assure que Baggio et son agent, Antonio Calliendo (l’homme qui a introduit le métier d’agent en Italie), sont « durs en affaire et ont des prétentions salariales exorbitantes. Quand il faut parler d’argent, Baggio ferait mieux de venir tout seul », précisera-t-il ironiquement.

Nous ferons notre possible pour le contenter, mais moi, je dois penser avant tout à l’équipe et non aux symboles. Si cela valait la peine de le céder, je n’hésiterais pas une seconde. Et dans ce cas-là, Agnelli serait le premier à en être averti.

Baggio convoqué par la Fédé

La saison 1989-1990 est compliquée pour la Fiorentina. Malgré un Baggio qui surnage, l’équipe galère dans les bas-fonds de la Serie A, et la rumeur Baggio à la Juve plane au-dessus du Ponte Vecchio. Pire : certains affirment qu’un accord sous-marin existe déjà, rumeur plus qu’entretenue par Agnelli, qui affirme que « Baggio est à la Juve à 51% », mais que « la décision finale lui revient ». Débute alors un jeu de poker menteur à trois entre Baggio, Flavio Pontello et Gianni Agnelli avec, d’un côté, Baggio qui assure vouloir rester à Florence, et de l’autre, le président Pontello qui affirme mordicus que le joueur ne fait rien pour faciliter sa prolongation de contrat. « S’il le souhaite, Baggio peut signer à vie, déclare devant la presse le « conte » Pontello (titre hérité de sa richissime famille). Nous ferons notre possible pour le contenter, mais moi, je dois penser avant tout à l’équipe et non aux symboles. Si cela valait la peine de le céder, je n’hésiterais pas une seconde. Et dans ce cas-là, Agnelli serait le premier à en être averti. »

L’affaire fait tellement de bruit dans le pays que la Fédération décide d’ouvrir une enquête pour savoir s’il existe véritablement un accord entre Baggio et la Juventus. Baggio est convoqué au siège de la Fédé, du jamais-vu dans l’histoire pour un transfert, et affirme sans en démordre qu’il n’a jamais rencontré les dirigeants de la Juve et que son souhait est bien de rester à Florence. Les tifosi en concluent que Baggio n’est que le dindon de la farce d’une histoire de gros sous entre Pontello et Agnelli, et décident donc d’aller hurler leur mécontentement. Le 18 février 1990, les tifosi de la Curva Fiesole se rassemblent donc dans un cortège dont le point d’arrivée est le siège des Costruzioni Pontello, l’entreprise familiale du président. Scène surréaliste lors de l’arrivée au siège, lorsque la femme de Pontello, la comtesse Simonetta, fait coucou à la foule à travers la fenêtre, pensant candidement que les tifosi étaient juste là pour faire la fête…

Je propose publiquement de signer en blanc une prolongation de contrat à la Fiorentina. S’ils veulent me vendre, ils vont devoir assumer leurs responsabilités. Ça suffit les petits jeux à mes dépens.

Poker menteur

La fin de saison approche, et le destin enfile son meilleur costume de metteur en scène diabolique. De fait, la Fiorentina, au bord de la relégation en Serie A, réalise un parcours admirable en Europe et atteint la finale de la Coupe UEFA (C3). Où son adversaire n’est autre que… la Juventus. À quelques jours de la finale aller, les Viola assurent leur maintien en Serie A grâce à un succès 4-1 face à l’Atalanta. Au terme de la rencontre, Baggio se présente face aux journalistes pour mettre les points sur les i. « Je propose publiquement de signer en blanc une prolongation de contrat à la Fiorentina. S’ils veulent me vendre, ils vont devoir assumer leurs responsabilités. Ça suffit les petits jeux à mes dépens. » Un message clair envoyé devant l’Italie toute entière, et une déclaration qui ne va pas franchement arranger la cote de popularité de Flavio Pontello qui, lors des jours qui suivent, est pris à parti dans un restaurant de Florence par des supporters, et doit se réfugier dans son véhicule.

Ma position, vous la connaissez, je veux rester à Florence.

C’est dans ce contexte qu’arrive la finale de la Coupe UEFA. Le match aller se joue le 2 mai à Turin. L’attention est évidemment concentrée sur Baggio, mais c’est finalement le but litigieux marqué par la Juve qui va catalyser toutes les polémiques. Celui-ci est inscrit par Casiraghi, mais est entaché par une faute au début de l’action du même Casiraghi. L’arbitre valide le but, ce qui rend dingues les joueurs florentins, qui s’inclinent finalement 3-1. Dans les gradins et les vestiaires, c’est le bordel. « Si je dis ce que je pense, on va me mettre dix ans de prison », assure Buso, l’un des joueurs de la Fiorentina. Baggio, lui, reste muet et profite d’un contrôle antidopage pour fuir. Le retour, le 16 mai, se joue sur le terrain neutre d’Avellino (le stade de la Fiorentina était suspendu après un incident lors de la demi-finale retour, NDLR) et se termine sur le score de 0-0. Au coup de sifflet final, les journalistes préfèrent se ruer sur Baggio plutôt que d’aller parler aux vainqueurs. Et Baggio de ressasser inlassablement le même refrain : « Ma position, vous la connaissez, je veux rester à Florence. »

Cocktails molotov, crachat et écharpe

Pourtant, 48 heures plus tard, le 18 mai, l’annonce tombe : Roberto Baggio est un nouveau joueur de la Juventus, pour 18 milliards de lires (quelque 10 millions d’euros). Accusé d’avoir vendu le joueur contre son gré juste pour s’en mettre plein les poches, le président Pontello, visiblement peu doué pour la diplomatie, ne trouve rien de mieux à dire que : « Notre famille restera pour toujours aux commandes du club. » La phrase de trop. Celle qui allume l’incendie. Des dizaines, puis des centaines, puis des milliers de supporters florentins descendent dans les rues et trouvent face à eux la police. Les images sont surréalistes : un policier le visage ensanglanté au sol, des supporters qui se promènent avec des barres de fer, des cocktails molotov jetés ça et là, la foule qui s’amasse devant la maison de Pontello, réclamant sa tête… « Tuer Pontello n’est pas un crime », peut-on alors lire sur un mur de la ville.

Je vais au Mondial en tant que florentin, pas en tant que juventino.

Pour ne rien arranger, l’équipe d’Italie se réunit au même moment à Coverciano pour préparer sa Coupe du monde. Or, Coverciano se situe… en banlieue de Florence. Des supporters florentins décident donc de s’y rendre avec des intentions belliqueuses, à tel point que la police craint un attentat à la voiture piégée. La tension est maximale, et la police doit disperser tout le monde avec des coups de pistolet tirés en l’air. Le lendemain, la Nazionale décide pourtant d’ouvrir au public les portes de Coverciano pour un entraînement. Super idée. Trois mille tifosi violas’amassent autour du terrain et entonnent des chants envers Baggio : « Comme ils sont moches, Roberto, comme ils sont moches. » Comprendre : « Comme ils sont moches, tes nouveaux coéquipiers juventini. » Certains iront même jusqu’à essayer de cracher sur le joueur… qui continue pourtant de servir la même version de l’histoire : il voulait rester, ce sont les dirigeants toscans et piémontais qui se sont mis d’accord derrière son dos. Tellement droit dans ses bottes que lors de sa conférence de présentation à la Juve, il refuse de mettre l’écharpe blanc et noir et déclare : « Je vais au Mondial en tant que florentin, pas en tant que juventino. »

Le 7 avril 1991, quand il revient pour la première fois avec la Juventus à Florence, Baggio refuse de tirer un penalty en faveur de sa nouvelle équipe. Remplacé, il est hué par le public de Florence, mais se saisit d’une écharpe violette de la Fiorentina qu’un supporter lui lance depuis les tribunes. Un geste qui suffit à transformer immédiatement les huées en ovation. Et de provoquer un scandale auprès des tifosi de la Juve. Baggio ne reparlera de cette journée que des années plus tard, après avoir raccroché les crampons. « Ce jour-là, j’étais entouré par le ressentiment de ceux que j’aurais voulu être encore mes tifosi. »

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