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ACTU MERCATO

Rencontre avec « Titi, c’est toi le boss », l’homme qui devance tous les transferts de l’OM

Propos recueillis par David Doucet
Rencontre avec «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Titi, c’est toi le boss<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>», l’homme qui devance tous les transferts de l’OM

Quand un joueur arrive au Barça, il doit faire une série de jongles. À l’OM, il doit faire une photo avec Thierry Mode alias « Titi le boss ». Devenu une célébrité locale, ce supporter atypique devance depuis quelques années la com’ du club et les médias en postant une photo de toutes les nouvelles recrues avec 48h d’avance. Suivi par quarante mille personnes sur Twitter, Thierry dévoile ses secrets qui ont fait de lui l’homme le mieux informé de Marseille.

Quand est-ce que tu as commencé à dénicher des infos sur l’OM ?J’ai le sang bleu et blanc, l’OM c’est ma vie. Je suis abonné au stade depuis plus de quarante ans et je suivais déjà assidûment l’actualité du club avant de me créer un compte Twitter en 2015. Au début, j’ai commencé par partager des photos des joueurs que j’avais l’occasion de croiser dans la ville. Comme les gens étaient demandeurs, je me suis pris au jeu et j’ai commencé à chercher d’autres infos transferts. Aujourd’hui, ils sont plus de quarante mille à me suivre, donc ça me fait vraiment plaisir.

Quels sont tes secrets pour être toujours le premier à poster une photo avec les futures recrues du club ?On n’est jamais mieux servi qu’à la source, donc je passe beaucoup de temps à la Commanderie, le centre d’entraînement du club. Tôt le matin, je campe à l’extérieur et j’assiste à l’arrivée du personnel du club, du staff et des joueurs. Je n’ai pas de carte de presse, donc je reste toujours à l’extérieur, mais je parviens à tisser des liens avec les personnes du club et c’est ainsi que j’obtiens parfois des infos. À la Commanderie, tu vois aussi les agents qui entrent et qui sortent, ça te permet d’avoir pas mal de renseignements.

Mes infos proviennent de personnes qui bossent un peu partout à Marseille, que ce soit au club ou à l’extérieur, mais je préfère ne pas trop en dire pour ne pas griller mes sources.

J’imagine que ça te prend beaucoup de temps…On va dire que ça me prend plus de 50% de ma journée. Je me suis pris au jeu, et tout le monde attend mes infos. Lorsqu’un joueur arrive à l’aéroport, je suis souvent le premier, car il n’y a plus que moi qui me déplace. Ensuite, les médias utilisent mes photos et mes vidéos sur leur site. Les journalistes savent que je suis sur le pont, mais contrairement à ce qu’a dit récemment un journaliste, il n’y a personne qui me file des tuyaux sur les horaires des avions. Mes infos proviennent de personnes qui bossent un peu partout à Marseille, que ce soit au club ou à l’extérieur, mais je ne préfère pas trop en dire pour ne pas griller mes sources.

Ça t’intéresserait d’être journaliste ?Non, je n’en ai pas l’ambition, chacun son métier. Et je ne veux pas de contrat avec qui que ce soit, car je souhaite garder mon indépendance et m’exprimer comme bon me semble. Mais pour tout t’avouer ce qui me plairait, c’est d’assister un jour à une conférence de presse à la Commanderie. Je les regarde sur le site du club, mais j’aimerais bien en voir une pour observer l’envers du décor.

D’où vient ta passion pour ce club ?À la base, je suis originaire d’une petite ville de Champagne près de Montmirail, donc ce n’était pas gagné. C’est mon grand-père qui était abonné à l’OM qui m’a emmené pour la première fois au Vélodrome quand j’étais môme et qui m’a transmis cette passion. Après, une fois que tu es piqué, c’est foutu. Dès que je pouvais, j’essayais de venir au stade une fois tous les quinze jours pour les matchs à domicile. Une fois que j’ai atteint l’âge de la retraite, je me suis installé à Marseille pour pouvoir vivre cette passion à 200%.

Depuis la nomination de Pablo, les choses se sont aplanies. Je pense qu’il apprécie ce que je fais. Lorsque j’ai discuté avec lui, Pablo m’a dit qu’il était d’accord pour que je fasse ces photos. Il n’y avait aucun problème à ses yeux.

En janvier 2021, tu avais protesté, car la communication du club avait empêché que tu puisses faire une photo de l’arrivée d’Arkadiusz Milik. Est-ce que le changement de direction a rendu les choses plus faciles pour toi ?Oui, clairement. Quand je croise Pablo Longoria, c’est limite s’il ne me fait pas la bise, alors qu’avec Jacques-Henri Eyraud, c’était plus compliqué. Il avait transformé la Commanderie en blockhaus et voulait qu’aucune information ne filtre. Depuis la nomination de Pablo, les choses se sont aplanies. Je pense qu’il apprécie ce que je fais. Lorsque j’ai discuté avec lui, Pablo m’a dit qu’il était d’accord pour que je fasse ces photos. Il n’y avait aucun problème à ses yeux. Récemment, j’ai également pu m’entretenir avec Jacques Cardoze, le nouveau directeur de la communication du club, et je l’ai trouvé avenant et à l’écoute. J’ai le sentiment qu’ils veulent donner une belle image du club et à leurs yeux, je fais partie du paysage. Il n’y aucune raison de me boycotter. Quand William Saliba a posé le pied sur le tarmac et que l’on a fait une photo ensemble, je lui ai demandé s’il me connaissait et il m’a dit que oui. Donc j’imagine que désormais les joueurs sont briefés par le club avant leur arrivée. Ils savent qu’ils auront sans doute une photo à faire. (Rires.)

L’ancienne direction te reprochait peut-être de les court-circuiter en devançant de 48h l’annonce officielle de certaines arrivées ?C’est possible, mais ça n’a jamais été mon intention. On sait bien que lorsqu’un joueur arrive à l’aéroport, c’est qu’il va signer au club. Il faut vraiment qu’il se foire à la visite médicale pour qu’il reparte.
Tu balances aussi des infos transfert, puisque tu as récemment posté une photo où l’on voyait Pablo Longoria discuter avec le frère de Jérémie Boga.C’était le fruit du hasard. J’allais chercher Matteo Guendouzi à Marignane et je me suis arrêté à la boulangerie à côté. En prenant mon café, j’ai vu Pablo Longoria en train de discuter avec le frère de Boga et j’ai donc fait cette photo. On va dire que j’ai de la chance d’être toujours là au bon endroit. Mais c’est vrai qu’en tant qu’ancien militaire, j’aime bien prévoir les coups.

Cette activité est aussi un exutoire pour moi, puisque mon épouse est malade. Ça me permet de m’évader, de faire le vide avant de m’occuper de ma femme quand je rentre chez moi.

Que faisais-tu exactement avant de devenir supporter de l’OM à plein temps ?J’ai passé quinze ans sous les drapeaux au sein de la Légion étrangère. J’ai servi en ex-Yougoslavie et dans pas mal de pays en Afrique pour des opérations extérieures. C’est à cette époque que je me suis rendu compte de la difficulté d’avoir des infos sur le club lorsque l’on est à l’étranger. Quand j’étais en mission, je devais parfois attendre 24 heures pour savoir le score des matchs. Je sais qu’il y a des supporters qui habitent aux quatre coins de la planète et je leur fais plaisir en leur donnant des infos exclusives sur le club. Cette activité est aussi un exutoire pour moi, puisque mon épouse est malade. Ça me permet de m’évader, de faire le vide avant de m’occuper de ma femme quand je rentre chez moi.

D’où vient ce drôle de surnom « Titi, c’est toi le boss » ?Titi c’est le diminutif de Thierry. On m’appelle comme ça depuis que je suis gosse et j’ai rajouté « c’est toi le boss » en référence à une chanson de Papah Elie tout simplement. Je ne me suis pas cassé la tête.

Est-ce qu’il y a un joueur qui t’a particulièrement marqué depuis que tu suis le club au quotidien ?Luiz Gustavo, sans hésiter. Il avait l’habitude de s’arrêter pour me parler quand il débarquait à la Commanderie et, un jour, il m’a même proposé de venir boire un verre chez lui. C’était tout simple, mais ça m’a marqué. C’est quelqu’un de très humain et de très gentil. Florian Thauvin est également un joueur que j’ai beaucoup apprécié, même s’il n’a pas réussi à devenir un top player à l’OM. Les joueurs se rendent compte que je passe énormément de temps à les suivre, et donc ça les touche quelque part. Ils savent aussi que je suis quelqu’un de discret qui n’est pas là pour les embêter. En les côtoyant, je ne peux plus me considérer comme un supporter lambda qui peut gueuler contre eux lorsqu’ils loupent une action, on a une relation particulière. Je les vois tous les matins, donc ce sont comme des collègues de travail.

Lorsque j’ai débarqué sur Twitter en 2015, Philousports a été un vrai guide dans l’utilisation de ce réseau et j’ai appris l’importance de mettre en avant la bienveillance dans mes interactions.

On te décrit aussi comme un médiateur lorsqu’il y a des tensions entre les groupes de supporters et le club.Si je le suis, c’est sans doute grâce à Philousports. Lorsque j’ai débarqué sur Twitter en 2015, il a été un vrai guide dans l’utilisation de ce réseau et j’ai appris l’importance de mettre en avant la bienveillance dans mes interactions. Ce qui me chagrine, c’est que nous ne nous sommes jamais rencontrés en vrai. On devait tous se retrouver en 2019 au stade pour boire un verre ensemble, mais la crise sanitaire est venue tout contrarier. Maintenant qu’il est parti, ce n’est plus possible et ça me rend triste, car c’est quelqu’un que j’appréciais énormément. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir lancé une cagnotte pour Michel Scotto di Rinaldi en 2019. C’était un grand supporter de l’OM qui est mort brutalement au début de l’année 2019. Comme son fils était mineur et qu’il n’avait pas de famille, il était promis au « Carré des indigents » , une fosse commune. Quand on l’a su, j’ai lancé une cagnotte Leetchi, et tout le monde a répondu présent, même le PSG. Je suis content que nous ayons réussi à mener à bien cette mission, car maintenant, il repose en paix à la « cathédrale du Silence » au sein du cimetière Saint-Pierre. C’était impensable de voir l’un des nôtres enterré comme un chien…

Quel est ton plus grand espoir avec l’OM aujourd’hui ?Mon rêve, c’est que toutes les nouvelles générations de supporters marseillais puissent connaître ce que nous avons vécu sous l’ère Tapie. Je suis triste de voir mon club enchaîner des années de transition. Pour moi, Frank McCourt n’a pas la surface financière pour gérer un club comme l’OM. Il n’a pas les moyens de ses ambitions. D’ailleurs, je suis persuadé que si l’on donnait à l’OM les moyens du Qatar, nous aurions au moins deux ou trois étoiles de plus sur le maillot. Cette ville respire le football, et cette passion transcende les joueurs, contrairement à Paris où il n’y a pas du tout le même engouement.

Tu as assisté au sacre de l’OM à Munich en mai 1993 ?Non, j’étais à Reims à l’époque et je n’avais pas pu faire le déplacement, mais j’étais allé au match suivant contre le PSG au Vélodrome où Boli marque son but de la tête de 25 mètres. Cette année, je ne pensais pas qu’on allait gagner la Ligue des champions. Pour moi, la plus belle équipe reste celle des années 1989-1990 avec Enzo Francescoli. Sur le terrain, on écrasait tout. Et pour tout t’avouer, j’ai encore en travers de la gorge la main de Vata en demi-finales contre Benfica.
Et le souvenir le plus drôle que tu gardes en mémoire ?J’ai deux images en tête. La première, c’est Taye Taiwo qui arrive à la Commanderie avec sa voiture auto-école et son moniteur lorsqu’il passait le permis. C’était vraiment drôle à voir. La seconde se passe au début de l’année 2015. Benjamin Mendy arrive à la bourre à l’entraînement dans une luxueuse berline Mercedes. Le terrain était glissant, car il avait beaucoup plu, et Mendy s’est encastré sur un poteau devant la Commanderie. Tout l’avant de sa voiture était défoncé. Il avait sans doute peur de se faire engueuler par Bielsa. (Rires.) Moi, j’étais sur le trottoir d’en face avec d’autres supporters, et on était tous sur le cul.

De temps à autre, je croisais Bielsa seul en train de manger au McDo avec son ordinateur, en train de disséquer des vidéos. Il ne décrochait jamais.

En parlant de Bielsa, as-tu eu l’occasion de le rencontrer ?C’est un euphémisme de dire que c’est quelqu’un d’atypique. Je me rappelle qu’il avait chronométré combien de temps mettaient les agents de sécurité à ouvrir la grille de la Commanderie pour les joueurs afin de calculer le temps qu’ils pouvaient perdre. De temps à autre, je le croisais seul en train de manger au McDo avec son ordinateur en train de disséquer des vidéos. Il ne décrochait jamais. Quand il arrivait à la Commanderie, c’était souvent le premier. Il arrivait vers 6-7h du matin et il repartait le soir très tard. Jorge Sampaoli fait un peu cela aussi. Pour moi, c’est vraiment le fils spirituel de Marcelo. Et il faut le voir arriver en trombe au volant pour se rendre compte qu’il est un peu « loco » lui aussi. À Marseille, on te reconnaît dans la rue aujourd’hui ?Maintenant, je ne peux plus sortir sans que l’on me reconnaisse et que l’on me demande de faire des photos. Le jeu s’est inversé. J’étais déjà un peu connu avant la crise sanitaire, mais en deux ans, mon compte a vraiment explosé, et il y a plein de gens qui veulent boire des coups au stade avec moi. J’espère qu’on aura l’occasion d’organiser ça lors de la reprise du championnat.

Tu penses que le mercato va être encore agité ?Je pense que j’ai encore pas mal de pain sur la planche avec Pablo. D’ici fin août, j’espère que j’aurai l’occasion de faire pas mal de photos sympas encore.

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Propos recueillis par David Doucet

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