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Quel bilan pour Leonardo au PSG ?

par Mathieu Faure
6 minutes
Quel bilan pour Leonardo au PSG ?

13 juillet 2011 - 10 juillet 2013. Voilà la durée de vie active de Leonardo au PSG en costard dans son rôle de directeur sportif. Même si le Brésilien reste officiellement jusqu'à la fin du mercato d'été, la messe est dite. L'homme de Milan reprend sa liberté après deux ans de bons services dans le club de la capitale. Pour quel bilan ?

Sportif

En deux ans, le PSG aura dépensé sans compter pour ne gagner qu’un seul titre. Celui de champion de France. Pourtant, on a la véritable impression que le club a changé de dimension sportive en 24 mois. D’une, parce que le onze de départ (à l’heure où nous écrivons ces lignes) a quand même sacrément de la gueule comparé à celui qui avait terminé l’exercice 2011 à la quatrième place de Ligue 1. De deux, parce que le club sort d’une saison avec un titre et trois quarts de finale dont un de Ligue des champions. Alors oui, dans le fameux « projet » initié par QSI en juillet 2011, les deux premières années sont globalement réussies. Leonardo y est pour beaucoup. Lors de son intronisation en juillet 2011, l’ancien international ne s’était d’ailleurs pas planqué face aux micros, avouant facilement son plaisir d’être là : « Cela n’a pas été facile de quitter l’Italie, il y a eu un peu de confusion. Je suis vraiment heureux, car j’ai été choisi par des personnes qui ont vraiment envie de faire quelque chose de spécial. Je suis content de faire partie de ce projet. C’est très stimulant. Je n’ai pas peur des responsabilités. Le rêve de faire quelque chose ici est beaucoup plus fort. » Plus fort que quoi ? On ne sait pas, mais visiblement, le bel hidalgo n’a pas résisté à la cabale médiatique qu’il subit depuis le début de l’année 2013 (on va y revenir, patience). Usé, il préfère se barrer avant de faire un burn-out. Ce n’est pas surprenant de le voir partir, pusqu’il ne s’était jamais planqué sur la durée de son mandat. Il serait court. Il l’a été. Sa présence devait servir d’accélérateur, rien de plus.

Mais bon, après deux ans, que retenir de ce PSG sur le terrain (où les hommes qui jouaient étaient avant tout issus de son réseau, comme l’entraîneur Carlo Ancelotti, d’ailleurs) ? Pas grand-chose de bandant pour un club qui avait comme ambition de faire rêver. C’était efficace aux extrémités (défense et attaque) et quelconque dans le jeu. Les gros matchs maîtrisés en deux ans se comptent sur les doigts d’une seule main : Valence (à l’aller), Barcelone (au retour), Lyon, Lille, Valenciennes et c’est tout. Leonardo est parti avant même la mutation sportive entièrement accomplie. Avec le recul, il a rempli sa feuille de route : redresser le club et le placer sur des rails. À quelqu’un d’autre de le faire avancer, maintenant.

Recrutement

Comme le célèbre adage d’Omar Sharif, pour Leonardo, le recrutement, c’est son dada. Une mainmise quasi complète sur l’effectif depuis sa prise de fonction. Et des mouvements, il y en a eu. Et pas des moindres. Honnêtement, c’est dans ce secteur que la touche Leonardo a été la plus significative. Au final, ça donne une équipe très teintée Serie A (le championnat qu’il connaît le mieux. Le seul qu’il connaît, en fait), puisque le Brésilien aura ramené au PSG de nombreux joueurs du Calcio : Pastore, Ménez, Sissoko, Thiago Motta, Verratti, Sirigu, Thiago Silva, Zlatan Ibrahimović, Lavezzi, en attendant, peut-être, sa dernière sucrerie en la personne d’Edinson Cavani. Bref, dans le casting italien, Leo s’est peu trompé. C’est à lui et à la puissance financière du Qatar, ainsi qu’au CV de Carlo Ancelotti, que l’on doit les venues des deux premières méga stars du club : Ibra et Thiago Silva. Deux monstres. Deux cracks.

Cette colonne vertébrale très italienne, c’est toute la touche de Leonardo. Mais l’homme au pouce levé s’est quand même trompé. Notamment sur Diego Lugano, imposé à Antoine Kombouaré dans les dernières heures du mercato 2011, et Gregory van der Wiel dont Carlo Ancelotti ne voulait absolument pas l’an dernier. Deux achats d’impulsion ratés. Normal, les types ne venaient pas d’Italie… Les deux joueurs sont encore au club et plus personne ne croit en eux. Cela dit, c’est peu à côté des jolis coups effectués par Leo pour des sommes relativement modestes compte tenu du marché (Verratti, Matuidi, Maxwell, Sirigu, Ménez et Motta). Maintenant que Leo est hors jeu, même s’il reste en poste jusqu’en septembre, qui aura la lourde tâche de gérer le mercato ? Personne ne le sait vraiment. Et puis, il faudra bien répondre à cette question : qui a œuvré dans l’ombre pour la venue de David Beckham ? Doha ou Leo ? Mystère et suspense.

Image

Présenté comme un gentleman, Leonardo quitte la France avec une réputation de racaille. Il restera l’homme que la presse et les instances du football français ont pris plaisir à dégommer. Il faut dire que l’homme a tendu le bâton. Et plusieurs fois. Jusqu’au couperet : le coup d’épaule sur l’arbitre Alexandre Castro et la mascarade qui a suivi (sa défense ridicule, la première suspension, la seconde, etc). Bref, le passage de Leonardo en France n’aura jamais été une belle love story. L’ancien joueur du PSG restera l’étranger, riche qui plus est, qui a eu le tort de vouloir donner son avis sur tout. Et sans pincette. On n’aime pas trop les parleurs en France. Pas du tout même. Au final, ses différentes sorties auront terni son image, mais celle du club aussi. Vers la fin, le PSG était perçu comme un club méprisant. Et ça, le Qatar ne le supportait plus. À quel moment les fils de Leo ont-ils commencé à se toucher ? On ne sait pas. Mais son héritage est conséquent. On peut retenir sa sortie sur Jean-Michel Aulas après un PSG-Lyon un peu agité : « Aulas, il est qui pour juger ? (…) Attendez, Aulas, il fait quoi ? Je ne comprends plus très bien. Il travaille aussi à la commission juridique de la Ligue ? » s’interroge un Brésilien ulcéré, interviewé par téléphone. Tout ce qu’il veut, c’est faire diversion par rapport au mauvais résultat de son équipe. Lyon on les a maîtrisés, surtout en seconde période, c’est la réalité. Aulas, on dirait qu’il cherche à justifier cette défaite. Mais vous savez ce que ses propos traduisent à mes yeux ? Un complexe d’infériorité. »

Encore ? Sa belle folie sur l’expulsion de Mamadou Sakho lors d’un déplacement à Montpellier : « Je ne sais pas comment ça se passe avec les arbitres, s’ils sont professionnels, s’ils ont des contrats, s’ils sont indépendants, s’ils se préparent pendant la semaine, s’ils regardent les matchs, si quelqu’un contrôle, je ne sais pas. Mais il me semble qu’il n’y a pas trop de préparation. » Encore ? En février dernier lors d’une interview délivrée à l’AFP : « Quand j’entends les gens qui parlent, les commentateurs, les consultants, j’ai l’impression qu’on dérange. (À propos de Beckham) Si tu le discutes, c’est que tu ne connais pas le football et il y en a beaucoup ici. Sincèrement, il n’y a pas trop de connaissances du haut niveau du football. »

Encore ? Un soir de défaite à Reims, en mars : « On a peut-être une équipe faite pour l’Europe, basée sur le talent, la qualité de passes. » Encore ? Lors d’un colloque organisé par l’UNFP en mars toujours : « Être en haut, en championnat ou en Ligue des champions, ce n’est pas une question d’argent. Il n’y a pas de culture de la gagne, ici. Le niveau de préparation des joueurs et des entraîneurs est vraiment bas. Faire juste des toros et tirer au but, ce n’est pas possible. » Petit à petit, le fossé entre le football français et le Brésilien n’a jamais semblé aussi grand. Son départ semblait inévitable. Programmé. Souhaité. Par tous. Y compris par lui-même. Surtout, par lui-même…

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par Mathieu Faure

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