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PSG, vœux et bonnet d’Anne
Le Conseil de Paris a adopté le vœu d'un élu communiste visant à mettre en place un plan de prévention et de dialogue avec les supporters des différents clubs parisiens. Mais cet élu redoute également une sélection du public par l'argent au Parc des Princes.
Et si l’exclusion du Parc des Princes de Yoann Seddik, lors du quart de finale de Coupe de France entre le PSG et Monaco, avait été l’événement de trop ? Assez médiatisée, l’affaire a en tout cas fait réagir le groupe Communiste–Front de gauche du Conseil de Paris, qui a pris conscience que le dialogue entre le PSG et ses supporters est aujourd’hui au point mort.
« Discuter avec les supporters raisonnables »
Par la voix de son président, Nicolas Bonnet-Oulaldj, le groupe a donc déposé deux vœux lors de la séance du Conseil des 16 et 17 mars. Le premier, qui préconisait la mise en place d’un plan de prévention et de dialogue avec les supporters, a été adopté à l’unanimité. « Cela concerne tous les clubs sportifs parisiens, ceux du PSG, mais également ceux du Paris FC, qui pourrait monter en Ligue 2, et même d’autres sports. Je m’en réjouis, car c’est quelque chose d’inédit à Paris » , a annoncé Nicolas Bonnet-Oulaldj, à l’issue de la séance du Conseil. La fiche-action « lutte contre la violence dans le sport » du contrat de sécurité signé annuellement entre la préfecture de police et la ville de Paris comprendra donc un volet préventif. Autrement dit : ne seront plus seulement pris en compte les résultats en matière d’interdictions administratives de stade, et un distinguo devrait être fait entre les différents types de supporters.
« Beaucoup de faits de hooliganisme ont lieu en dehors du stade, on est donc sur une responsabilité partagée avec la préfecture de police. Et dans la préparation des gros matchs, mais aussi d’événements importants, comme une éventuelle célébration de la montée du Paris FC en Ligue 2, il faut discuter avec les supporters raisonnables afin d’identifier les potentiels risques et éviter les débordements » , souligne Jean-François Martins, élu du groupe radical de gauche, centre et indépendants et adjoint d’Anne Hidalgo au sport et au tourisme. Le groupe UMP du Conseil de Paris, qui a également voté ce vœu, va dans le même sens : « On est évidemment favorable à tout ce qui tend vers davantage de dialogue et d’échange entre les clubs et les associations de supporters » .
Interpellation avec pincettes
Concernant le deuxième vœu, les recommandations étaient plus délicates. Il s’agissait d’interpeller le PSG sur l’exclusion du supporter parisien et plus globalement sur sa politique tarifaire, alors que la hausse de 5% sur le prix des abonnements prévue la saison prochaine porterait « à quasiment 100% l’augmentation des tarifs en 4 ans » , déplore Nicolas Bonnet-Oulaldj. Quand on sait de quelle manière le club de la capitale verrouille minutieusement sa communication et exècre la moindre contestation de sa politique, la tâche n’est pas simple. Le Conseil de Paris a d’ailleurs pris des pincettes : « On n’a pas vocation à se substituer au club dans les relations avec ses supporters ou dans le prix des abonnements, tempère Jean-François Martins, mais par principe, on plaide toujours pour le dialogue » . Le vœu n’a donc pas été adopté, mais Anne Hidalgo s’est engagée à rappeler dans un courrier qu’elle adressera au PSG « son attachement au fait que le Parc des Princes reste un lieu où toutes les catégories de la population puissent se retrouver » , indique l’adjoint au sport.
Un vœu pieux ? Pas sûr. Selon Nicolas Bonnet-Oulaldj, qui plaide notamment pour l’instauration d’une grille tarifaire à l’égard des chômeurs ou des étudiants par exemple, « le Parc des Princes n’est pas une zone de non-droit. Si la maire interpelle le PSG sur sa gestion d’un lieu public appartenant à la mairie de Paris, le PSG a un devoir de réponse » . En tout cas, l’association ADAJIS qui milite de longue date pour la restauration d’un dialogue avec le club parisien, « salue, par la voix de James, son porte-parole, une prise de conscience après quatre années d’atteintes aux libertés des supporters du PSG » . L’avocat Pierre Barthélémy, qui défend régulièrement les supporters parisiens dans des litiges les opposant au PSG, y voit également « une initiative particulièrement intéressante venant d’un parti politique français qui n’a de cesse de veiller à ce que les supporters soient entendus et responsabilisés » .
Le grand flou de la DNLH
L’écho s’est propagé jusqu’au Palais Bourbon où, dans la continuité des débats amorcés au Sénat, lors des Assises du supporterisme, le 11 février dernier, le député Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, dans laquelle il lui demande de rendre publique « la répartition des infractions par club, et les suites administratives et judiciaires données à ces affaires » . La division nationale de lutte contre le hooliganisme entretient, en effet, un grand flou sur ces chiffres qu’elle ne souhaite pas communiquer, ainsi que nous l’avions demandé à Antoine Boutonnet, le directeur de la DNLH, dans une interview en février 2013. Un manque de transparence qui tranche avec les chiffres détaillés que publie chaque année le Home Office britannique, comme le fait remarquer L’Équipe. Une proposition de loi devrait d’ailleurs être déposée prochainement afin de responsabiliser l’ensemble des acteurs du football, et assurer la représentativité des supporters au sein des instances du football. Elle pourrait également contraindre les plus réfractaires au dialogue et à la transparence.
Par Anthony Cerveaux