Pays-Bas : Van Basten démissionne de l’Ajax…

Les faits, d’abord. En allant paumer 4-0 au Sparta Rotterdam, dimanche dernier, l’Ajax a perdu toute possibilité de jouer la Ligue des Champions, via le tour préliminaire. Les Ajacides finiront au mieux 3èmes de l’Eredivisie et ne joueront donc que la C3. Marco Van Basten a annoncé sa spectaculaire démission, à une journée de la fin du championnat remporté par AZ Alkmaar depuis deux semaines. Grosse déception de Marco : « Notre objectif principal en début de saison était de remporter le championnat. Puis nous avons visé la deuxième place et quand on rate ces deux objectifs, on peut dire qu’on a échoué » .

En cause, donc, les mauvais résultats malgré un investissement de 35 millions d’euros dans le recrutement de joueurs, ce qui n’est pas négligeable pour un club hollandais actuellement. Van Basten a mis fin, au bout d’une saison, à un contrat qui courait initialement sur quatre ans. A noter sa courageuse autocritique publique lors de sa conférence de presse. Une vraie remise en cause personnelle, fait devenu hyper rare dans le milieu du football, et qui prouve bien la classe du bonhomme : « J’ai regardé le miroir et je n’ai pas eu la confirmation que j’étais la bonne personne pour emmener le club et les joueurs de l’Ajax à un plus haut niveau. Je ne réponds pas aux exigences auxquelles un entraîneur de l’Ajax doit répondre. Mes qualités ne sont pas suffisantes. Je trouve que ce que j’ai apporté à l’Ajax est trop mince. Mes qualités ne sont pas suffisantes pour avoir des résultats avec cette équipe. Ce n’est pas une conclusion agréable, mais je ne dois pas me défiler. L’Ajax mérite mieux que ce que j’ai montré » .

Certains objecteront qu’à la manière d’un Jospin quittant la politique au soir d’un funeste 21 avril 2002, le beau Marco aurait “lâché” le club à seulement une journée de la fin. Ou bien qu’il aurait subi le syndrome de ces ex-stars merveilleuses incapables de devenir coaches d’équipes juste moyennes et impatientes de réussir très rapidement. Peut-être… Reste que pour accomplir sa mission, Van Basten s’était entouré avec humilité de John van’t Schip, ainsi que de Rob Witschge et de Dennis Bergkamp, soit un quatuor de choc pour rendre tout son lustre à leur club de cœur. Mais les résultats n’ont pas suivi. Parce qu’en fait l’Ajax, à l’image du football de club néerlandais, ne pèse plus grand-chose : c’est la terrible vérité qu’un Van Basten, autrefois pensionnaire du grand Ajax, du grand Milan AC et sélectionneur des grands Pays-Bas, a pris dans la figure… Se faire dépouiller en plein milieu de la saison, au mercato d’hiver, de son meilleur joueur, Klaas Jan Huntelaar, parti au Real, voilà qui a dû assommer un Van Basten peu au fait des réalités du foot de club actuel. Comme par hasard, c’est durant la période janvier-février que l’Ajax a connu son habituelle baisse de régime. Sauf que là, ce creux est partiellement imputable au départ de Huntelaar qui, remis de sa blessure en arrivant à Madrid, a cartonné en Liga (8 buts dont trois doublés !) Et puis, Marco a compris que disputer la C3 avec un effectif avec une moyenne d’âge de 21-22 ans, ça ne le faisait pas du tout…

Voilà, l’Ajax va mal : en onze ans, il s’agit donc du septième entraîneur de l’Ajax, dont le dernier titre national remonte déjà à 2004… A l’image de son élimination en Coupe de l’UEFA par l’Olympique de Marseille (qui a aussi sorti un faible Twente au tour précédent), c’est tout le football de club hollandais qui est sinistré. Le dernier vrai coup d’éclat d’un club hollandais en Coupe d’Europe remonte à 2005, avec la demi-finale de C1 du PSV Eindhoven de Guus Hiddink, éliminé par le Milan AC. Et ça ne risque pas de remonter. Parce que, outre la démission surprise de Van Basten, ce sont les propos de Louis Van Gaal, (coach de l’AZ Alkmaar), qui ont étonné, sitôt le titre acquis.

En gros, Van Gaal a souhaité publiquement quitter le championnat des Pays-Bas, pour « aller entraîner ailleurs, dans un championnat plus huppé » . D’où l’imbroglio actuel d’un Van Gaal pressenti au poste de sélectionneur de la Belgique en même temps que coach de l’AZ (même si la piste vers les Diables Rouges s’est refroidie), et aussi pressenti comme coach de Bayern, après le départ de Klinsmann. Terrible réalité : les grands entraîneurs hollandais fuient leur pays, fuient leur championnat. L’argent ? Oui, bien sûr, ce n’est pas nouveau. Mais c’est surtout l’absence désormais de tout challenge sportif dans une Eredivisie dévaluée et de participations en coupes d’Europe promises à l’échec prématuré qui fait fuir les grands techniciens néerlandais.

Des preuves ? Van Basten vient de démissionner de l’Ajax, Louis Van Gaal ne rêve que de se barrer de l’AZ 67 (disputer seulement la C1 2009-10 avec Alkmaar le motive), Hiddink ne re-coachera plus jamais en club après Chelsea et ne jouera donc pas le Sauveur espéré de son PSV Eindhoven aujourd’hui en déconfiture, Frank Rijkaard deale actuellement avec Wolfsburg (certes leader de la Bundesliga mais pas cador du foot allemand), Co Adriaanse gagne du fric au club qatari de Al Sadd Doha depuis 2007, Dick Advocaat fait les beaux jours du Zénith-St Machinchose, pareil pour Martin Jol qui ne réussit pas trop mal avec Hambourg SV (actuel 5ème de Bundesliga et demi-finaliste malheureux de C3), l’excellent Hub Stevens vient de signer au grandissime club de Salzbourg, et enfin Henk Ten Cate a fini troisième du dernier championnat grec avec le Panathinaïkos. A noter également de la tendance lourde vers la lose des entraîneurs néerlandais : Gullit s’est planté au LA Galaxy qu’il a quitté en août 2008. Arie Haan, sélectionneur d’Albanie nommé en janvier 2008, a démissionné le 15 avril dernier pour mauvais résultats et Ronald Koeman a été viré avec pertes et fracas de Valence en avril 2008, avant la fin du championnat.

Bonne nouvelle, anyway : les Oranje sont quasi qualifiés pour le Mondial 2010…