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Paris 2024 : La loi olympique et ses conséquences sur le foot français

Par Nicolas Kssis-Martov
Paris 2024 : La loi olympique et ses conséquences sur le foot français

Paris 2024 va avoir des conséquences pour le petit monde des tribunes. Des atteintes aux libertés individuelles qui sont appelées à perdurer bien après que la flamme se sera éteinte sur la capitale.

Il s’agit d’une des illustrations un peu oubliée, rapportée alors par la presse, du talent oratoire de Noël Le Graët, intervenue au moment de la candidature olympique de Paris : « Les JO, je n’en ai rien à foutre. » Il est vrai que le football ne se sent guère concerné par la noblesse des anneaux, surtout depuis qu’au tournant des années 1930, la FIFA a rompu les amarres en créant sa Coupe du monde, afin de saborder avec succès le tournoi olympique. Pourtant, en 2024, les olympiades vont laisser en retour une empreinte non négligeable dans la vie du foot français, et des supporters de l’Hexagone. C’est en tout cas ce que laisse augurer la seconde loi olympique qui a été adoptée par le sénat, par 245 voix pour et 28 contre. Cette large majorité promet une suite sans trop d’encombre à l’Assemblée nationale, normalement en mars, pour ce texte qui selon le ministère des Sports « procède aux derniers ajustements indispensables à la réussite de l’événement, que ce soit pour l’accueil et l’accompagnement des délégations et spectateurs venus du monde entier, et à la sécurisation de l’ensemble des sites de compétition ou de célébration ». En effet, loin de se révéler anodins, les 19 articles, obsédés par les questions de sécurité, amènent une inflexion significative concernant les droits des citoyens-nes et les libertés individuelles (citons entre autres l’autorisation des tests génétiques au nom de la lutte anti-dopage). En particulier parce que ces mesures auront « un caractère permanent », comme l’a signalé le Conseil d’État. La CNIL avoue de son côté que « le déploiement, même expérimental, de ces dispositifs constitue un tournant qui va contribuer à définir le rôle général qui sera attribué à ces technologies, et plus généralement à l’intelligence artificielle. » Toutefois, peu d’élus s’y sont opposés dans l’hémicycle. La sénatrice communiste Éliane Assassi a cependant alerté contre ce « cheval de Troie » législatif : « On ne balaie pas ainsi les droits fondamentaux, vous entachez la popularité des JO. »

Les tribunes 3.0

Parmi les premiers touchés, à plus ou moins long terme, le petit monde du ballon rond et surtout le bas peuple des tribunes. Une vilaine habitude, puisque depuis l’instauration des interdictions administratives de stade, le sport sert souvent de prétexte ou de terreau pour innover en ce domaine. Pour preuve, bien qu’écartée pour le moment, la reconnaissance faciale va être probablement remise sur le tapis, dans la foulée des débats parlementaires, par le sénateur Marc-Philippe Daubresse (LR), via une proposition de loi spécifique. On connaît l’inquiétude et l’hostilité du mouvement ultras contre ce dispositif, qui tend à se banaliser à l’étranger (le FC Metz avait pour sa part tenté de l’instaurer en jouant sur les zones grises juridiques). L’association la Quadrature du Net souligne plus globalement que « le gouvernement utilise les Jeux olympiques comme prétexte pour faire passer des mesures qui visent à accélérer la surveillance de la population ». Le journaliste Olivier Tesquet, auteur d’États d’urgence technologiques, rappelait pour sa part sur Twitter qu’on « ne le répétera jamais assez : les technologies déployées dans le cadre de grands événements sportifs n’ont pas vocation à prendre fin avec eux. Je prends toujours le même exemple, mais la reconnaissance faciale à Moscou a le mérite d’être parlante. » Pour mémoire, testée grandeur nature pendant la Coupe du monde de foot en 2018, instaurée définitivement en 2019, ce système de surveillance à la Big Brother participe à l’écrasement de toute forme d’opposition à « l’opération spéciale » en Ukraine.

En France, la loi en cours d’examen autorise déjà l’expérimentation de l‘usage de drones et de caméras augmentées, dotées d’algorithmes capables, paraît-il, de détecter les mouvements de foules. Ce choix s’explique en grande partie par le fiasco de la finale de la C1 au Stade de France (tout comme l’obligation des billets « nominatifs, dématérialisés et infalsifiables »). Une fois encore la surenchère sécuritaire, ici technologique, semble la seule réponse, plutôt que d’investiguer les politiques, policières ou institutionnelles, de gestion du public (même logique face au hooliganisme dans les années 1990). Les interdictions de déplacement ont démontré néanmoins encore récemment, lors de Nantes-Marseille, leur limite quand il fallut en toute précipitation ouvrir finalement le parcage visiteur. Logique similaire devant la difficulté à recruter suffisamment d’agents de sécurité avec la proposition de Gérard Darmanin d’éventuellement mobiliser l’armée. Ce petit problème de logistique fonde partiellement l’autorisation des scanners corporels à l’entrée des enceintes. Ces derniers, identiques aux modèles des aéroports, ne pourront être employés qu’avec l’accord de la personne . Bref, il faudra renoncer à ses droits pour gagner du temps dans la file d’accès…

Quid de la Russie en 2024 ?

Dernier point qui risque de changer durablement le vécu de la Ligue 1 ou Ligue 2, les articles 12 et 13 accentuent les peines applicables en cas de violences aux abords ou dans les stades. Ils transforment surtout en délit « le fait de pénétrer ou de se maintenir, sans motif légitime, sur l’aire de compétition d’une enceinte sportive » et bien sûr, toujours le traumatisme de Liverpool-Real, « le fait de pénétrer ou de tenter de pénétrer, par force ou par fraude, dans une enceinte sportive ». D’abord avec une amende de 1500 euros, puis, si récidive, jusqu’à six mois d’emprisonnement. Autrement dit, il faudra éviter de mettre un bout d’Adidas sur le gazon, même s’il s’agit simplement de fêter une victoire, de n’y commettre aucun acte violent, voire juste de s’enjailler. Un bel instrument de pression supplémentaire envers les « mauvais consommateurs » des gradins. Enfin, les interdictions judiciaires de stade deviennent obligatoires dans le cas de certaines infractions.

Les JO portent enfin un autre sujet potentiel de discorde au sein du football. En ce moment, le CIO réfléchit à autoriser le retour des athlètes russes et biélorusses en 2024, sous bannière neutre. Anne Hidalgo s’y est montrée favorable par exemple. Or les sélections nationales de ces pays sont pour le moment exclues par l’UEFA et la FIFA (d’où l’absence des crampons de Poutine au Qatar). Comment gérer leur cas dans le tournoi olympique ? Surtout si le boycott de certaines nations, dont l’Ukraine, se confirme ? Et, pire que tout, imaginons que le futur club de Kylian Mbappé ne le libère pas pour venir décrocher l’or à domicile ?

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Par Nicolas Kssis-Martov

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