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OL : Plaidoyer pour Claude Puel

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OL : Plaidoyer pour Claude Puel

«Oh, des regrets, des regrets, des regrets...», chantait Alain Souchon. Si la victoire lyonnaise à Marseille a profondément secoué l'OM, joueurs, coach et supporters, elle a surtout réveillé certains états d'âme côté lyonnais : et si l'OL n'avait pas bazardé trop tôt un championnat qu'il aurait peut-être pu gagner ? Et si l'échec de l'OL cette saison n'était pas entièrement imputable à Claude Puel, bouc émissaire tout trouvé ?

Un genre nouveau est apparu (ou réapparu ?) dans le foot français, récemment : les “ceux qui”. En gros, depuis les descentes en L2 de Nantes et de Lens, on stigmatise “ceux qui” conduisent les clubs en division inférieure. En général, les joueurs trinquent plus que les dirigeants car ce sont eux qui sont sur le pré. L’OL n’échappe pas au jeu de massacre, et c’est l’entraîneur qui trinque. Claude Puel est “celui qui” a été le premier entraîneur à n’avoir pas conservé le titre de champion, après la lignée glorieuse Santini, Le Guen, Houllier, Perrin. Claude Puel est “celui qui” a conduit l’OL à l’échec. Le Puel et le râteau…

L’accusation n’est pas sans fondement : en tant que coach, Claude Puel a eu forcément des responsabilités dans le “fiasco lyonnais” : recrutement, système de jeu, gestion psychologique du groupe… De ça, on a déjà abondamment parlé. Sauf que la victoire de l’OL à Marseille dimanche soir a permis au coach lyonnais de pouvoir s’exonérer de beaucoup de critiques mal venues, voire carrément infondées. Parce que qu’a-t-on vu dimanche soir au Vélodrome ? Rien de moins qu’un OL sérieux, appliqué, solidaire, bien en place, travailleur, humble, “viril mais correct”, “agressif dans le bon sens du terme”. Pas génial, mais “concerné” ! Résultat : un succès probant 3-1 chez l’un des deux tauliers de L1. Il n’a échappé à personne que si les joueurs lyonnais avaient été aussi exemplaires tout au long de la saison qu’ils l’ont été à Marseille, ils seraient peut-être aujourd’hui en train de lutter pour le titre. Sans pour autant dire qu’ils seraient déjà champions, comme les années précédentes, à cause bien sûr de la baisse qualitative évidente de l’effectif.

Du coup, les attaques envers Puel ont bon dos. Car pourquoi les joueurs n’ont-ils pas réalisé à Valenciennes ce qu’ils ont brillamment mis en place à Marseille ? En quoi Claude Puel est-il responsable du match indigne de VA et de tant d’autres ? On comprend mieux le coup de gueule d’Aulas après la virée sinistre dans le Nord. Soutenant son entraîneur, il a mis les joueurs face à leurs responsabilités, les sommant de réagir et de décrocher la 3ème place pour C1. C’est exactement ce qu’avait fait Berlusconi après les premiers mois difficiles d’Arrigo Sacchi, dont les méthodes et le discours avaient braqué l’effectif milanais. Berlusconi avait pris les joueurs un par un pour bien leur expliquer que le boss c’était Sacchi et que ceux qui n’étaient pas contents pouvaient partir. La voie vers les succès futurs des Rossoneri était déblayée pour Sacchi… On ne va pas comparer le Milan 87 avec le Lyon 2009, mais après la déroute à Valenciennes, Lyon a enquillé sur deux victoires (contre Nantes et Marseille). On saura plus tard quelles tensions ont réellement émaillé les relations entre Puel et son effectif. Reste qu’un Sydney Govou (JDD du 17 mai) a eu la droiture de reconnaître que les joueurs étaient aussi fautifs (pour ne pas dire plus !) que le coach à propos de la saison ratée de Lyon.

Une période de transition était tôt ou tard inévitable chez le septuple champion. Il fallait un jour qu’à l’OL un homme devienne l’entraîneur en charge de cette transition, donc de l’insuccès. Une tâche ingrate, plus ou moins longue dans la durée, et pauvre en trophées. Et c’est arrivé cette année, avec Claude Puel pour coach. Un autre que lui aurait-il pu faire mieux ? Peut-être que oui, en recrutant par exemple au mercato d’hiver. Mais il n’est pas sûr que l’OL aurait été champion à nouveau et de toute façon, le problème de la transition serait survenu quand même la saison suivante… Les supporters du monde entier détestent les saisons de transition, quand leur club à succès relâche momentanément sa domination nationale ou internationale (regardez vers le Real…). Mais c’est un passage obligé, et qu’il ne faut surtout pas rater. A ce titre, on a vu dimanche soir comment Claude Puel, enfin aidé par des joueurs loyaux “qui jouent le jeu”, s’efforçait de gérer au mieux cette délicate phase de transition.

Un Lyon plus solide, plus en forme et plus solidaire a joué plus haut que d’habitude (à la différence du match à Bordeaux). Puel a laissé Juninho sur la touche et a misé sur la polyvalence plus rapide de Delgado-Ederson-Benzéma. Il a utilisé Juni juste pour la dernière demi-heure, vu que le Brésilien ne peut plus enchaîner les matchs importants comme avant. Là, 30 minutes c’était OK. La gestion du cas Juninho est hautement symbolique. Elle illustre bien la transition nécessaire entre la période “OL avec Juninho” et l’après-Juninho. C’était l’une des difficultés majeures que n’importe quel coach cette saison aurait à devoir gérer… D’ailleurs, quand Juni est entré, l’OL est passé du 4-2-3-1 en 4-3-3, symbolique également des choix tactiques qui ont perturbé l’équipe cette saison et qui devront évoluer à l’avenir. Claude Puel l’a parfaitement compris et il devra apporter des schémas nouveaux. A moins qu’il ne faille conserver le 4-3-3 traditionnel lyonnais. S’il le faut…

En foot, tout peut arriver. Claude Puel peut gicler aujourd’hui ou demain. Un autre reprendra l’équipe en main et on verra bien. Reste qu’il serait intéressant sur au moins les deux saisons à venir de laisser Puel aux commandes. S’il parvient à devenir encore meilleur (tous les coachs progressent), au point de devenir le plus grand coach français actuel (ce que beaucoup voient en lui), alors Lyon pourrait revenir très vite au sommet. Aulas semble avoir misé sur Puel à long terme. Sauf échec patent pour cause d’incompétence au plus haut niveau (après tout, Puel n’est peut être bon qu’à coacher Lille), c’est un pari audacieux qu’on aimerait voir mené à son terme. Aulas-Puel seront-ils les Berlusconi-Sacchi français des années 2010 ?

Un derby, deux grands corps malades

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