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Nikos Dabizas : « Le but de Bergkamp ? J’ai pris part à une œuvre d’art »

Propos recueillis par Clément Pons
Nikos Dabizas : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le but de Bergkamp ? J’ai pris part à une œuvre d’art<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Associé à vie à l’un des plus beaux buts du XXIe siècle, Nikos Dabizas, la victime du génial Denis Bergkamp, n’avait jusque-là jamais évoqué cette soirée de mars 2002 avec un média français. Le champion d’Europe grec revient sur cet épisode et parle aussi de son parcours, l’évolution du foot grec et le titre avec le magicien Rehhagel. Entretien sans concession d’un mec plutôt fier de s’être fait mettre à l’amende.

Revenons sur ta carrière de joueur. Comment tu t’es retrouvé à Newcastle en 1998 ?Je sortais de quatre saisons à l’Olympiakos. J’avais l’opportunité de signer une prolongation avec l’Olympiakos, mais je voulais me tester au plus haut niveau. Là encore, c’était un choix compliqué et hors du commun : tous les jeunes joueurs grecs voulaient aller à l’Olympiakos, on venait de gagner les deux derniers titres, les finances étaient bonnes, tout allait mieux. Mais je voulais aller en Angleterre. Le style de jeu, la compétition, tout m’attirait et je crois que ça convenait assez bien à mon jeu aussi. Ça a payé. Je crois que oui, c’était la plus grosse décision que j’ai prise dans ma vie et ma carrière.

Pourquoi avoir choisi Newcastle ?Ils étaient venus me repérer plusieurs fois et voulaient faire le deal. Ils ont payé une belle somme pour l’époque, environ deux millions de livres, ce qui était énorme pour un défenseur qui arrivait de Grèce. J’avais d’autres options dans plusieurs pays, mais c’était la plus réaliste pour moi. Je n’ai jamais regretté ma décision, j’ai disputé les plus belles années de ma carrière là-bas.

C’est quoi ton meilleur souvenir avec les Magpies ? On a eu des déceptions pendant mes premières années avec nos deux défaites d’affilée en Cup (contre Arsenal et Manchester United) dans l’ancien Wembley. C’était hyper important pour nous. Mais quand on est revenus à Newcastle après les matchs, des gens étaient dans les rues à nous attendre pour nous remercier, nous dire qu’ils étaient fiers et que d’une certaine manière eux aussi avaient pris part aux finales… C’était assez incroyable. Je ne me rappelle pas d’un moment en particulier, mais plus que j’ai fait partie d’un club très très émotionnel et énormément supporté. Je garde ça dans ma tête et dans mon cœur. Mes six années étaient fantastiques.

On est forcément obligés d’évoquer ce but de Dennis Bergkamp, le 2 mars 2002. Sur ta page Wikipedia française, ta biographie se résume à ça : « Nikos Dabizas a subi le contrôle extraordinaire de Dennis Bergkamp lors d’un match opposant Newcastle à Arsenal. » Dur de résumer une carrière à ça.

J’ai pris part à une œuvre d’art parce que cette action en est une, une vraie œuvre d’art. Elle a été réalisée par un génie. Dennis Bergkamp était un génie et j’étais malheureusement dans cette position.

Je comprends totalement ! Beaucoup de gens m’ont parlé de ce match depuis. Ils croient que je suis embarrassé, énervé… Mais pas du tout ! Je vais te dire une chose : je suis très fier. J’ai pris part à une œuvre d’art parce que cette action en est une, une vraie œuvre d’art. Elle a été réalisée par un génie. Dennis Bergkamp était un génie et j’étais malheureusement dans cette position. On a perdu le match à cause de ce geste, mais en même temps, je me dis que je suis chanceux d’avoir participé à ça, peut-être de façon négative, mais je resterai toujours un acteur de cette œuvre d’art. C’est quelque chose que vous devez tenir dans vos mains ouvertes en disant : « Wahou, c’est une pure beauté. » Je resterai dans l’histoire pour ça. C’est l’un des plus beaux buts dans l’histoire du football et tu dois juste l’admirer comme tel, juste ça. Pas de honte, rien. Ça fait partie de la vie, ça fait partie du foot.


Tu étais conscient de tout ça après le match ?Non, après le match, tu ne penses pas à ça, on avait perdu… Tu ne sais pas ce qui est en train de se passer, tu n’as pas regardé la vidéo, tu ne sais pas s’il voulait faire ça, si tu as mal réagi… Mais dans tous les cas, s’il voulait faire ça, c’était incroyable. S’il ne voulait pas et qu’il a juste raté son contrôle ? Sa réaction et son mouvement ensuite étaient incroyables. Donc dans les deux cas…

Ce n’est même pas son but préféré. Dans sa biographie, il a dit qu’il avait eu « beaucoup de chance parce que si le défenseur fait un pas en retrait, c’est terminé » . Oui, j’ai vu ça, c’est étrange, mais Dennis Bergkamp était un joueur discret, calme, l’un des meilleurs sur le terrain, mais qui faisait profil bas pendant le match. Il ne parlait pas trop, il avait un caractère spécial.

Tes potes se moquent encore de toi à propos de ce but ?Non non, c’est du passé. Je ne me rappelle même pas la dernière fois que j’en ai discuté pour être honnête.

Tu penses que c’est un peu le même genre de chose qui attend Jérome Boateng à la fin de sa carrière, après sa chute face à Léo Messi en demi-finale de Ligue des champions l’an passé ?Tu sais, ce n’est pas facile quand tu es en un contre un avec des joueurs de cette qualité. La taille joue aussi un rôle important sur ce but, ils n’ont pas les mêmes appuis. C’est une tâche énorme de bloquer Messi. Cette chute, ça fait partie du jeu et tu dois l’accepter, ça arrive. Après tout dépend de comment chacun veut voir les choses.

Ta carrière ne s’est évidemment pas arrêtée à ce but. L’année suivante, tu pars à Leicester.

Leicester et Portsmouth sont venus, j’avais ces deux options et j’ai choisi Leicester pour avoir du temps de jeu. Je savais que j’étais capable de jouer tous les matchs.

C’était une décision que je devais prendre. Je jouais pour l’équipe nationale et nous étions en pleine phase de qualification pour le championnat d’Europe au Portugal. J’avais eu un léger accident de voiture pendant l’été et, au début de la nouvelle saison, je n’étais plus titulaire et pas prêt physiquement. Sir Bobby Robson a mis d’autres joueurs. En 2003, les trois ou quatre premiers mois n’ont pas été faciles. Je ne jouais plus et, dans le même temps, je devais assurer ma place avec la Grèce. Il ne nous restait plus qu’un match à gagner contre l’Irlande du Nord pour nous qualifier, l’échéance se rapprochait et je ne jouais pas… Leicester et Portsmouth sont venus, j’avais ces deux options et j’ai choisi Leicester pour avoir du temps de jeu. Je savais que j’étais capable de jouer tous les matchs.

Tu as suivi leur titre de champion en 2016 ?C’était incroyable, ouais ! C’est le seul endroit au monde où ça pouvait se passer. Un club comme Leicester remporter la Premier League… Dans tous les autres pays, on n’aurait pas permis ça ! (Rires) C’est pour ça que le championnat anglais est si spécial, si imprévisible.

Et en 2004, tu fais partie du groupe grec pour l’Euro.Oui. Notre groupe des vingt-trois, en 2004, était soudé comme une famille. On avait un but commun : représenter du mieux possible notre pays. Le coach était très réaliste, il savait qu’on était pas mal défensivement. On avait un plan de jeu bien établi et dans une compétition comme le championnat d’Europe avec peu de matchs, si tu prends l’avantage en contres et que t’as une défense solide, c’est banco. On a quand même rendu possible l’impossible, je pense qu’on est toujours la plus grosse surprise dans l’histoire du foot moderne ! Une petite nation comme la Grèce qui gagne l’Euro au Portugal face au Portugal, en les tapant deux fois, en battant la France, la Tchéquie… On était comme des gamins qui kiffaient leur foot, leur passion, il n’y avait pas de guerre d’ego entre nous, l’ambiance était top.

Comment vit-on avec l’étiquette de champion d’Europe sans avoir joué une seule minute ? Ça doit pas être facile…

J’étais sur le banc la plupart du temps et il y avait même une blague qui tournait comme quoi j’étais le mec le plus échauffé de la compétition.

J’étais vraiment frustré, mais tu ne dois pas être égoïste et mettre ton cas perso au-dessus de ce miracle juste parce que tu es déçu. J’ai joué neuf matchs sur dix pendant les qualifications en plus, j’étais titulaire… Quand on est arrivés à l’Euro, j’avais une petite blessure et je n’étais pas dispo pour le premier match. Là, on bat le Portugal. Après, tu ne peux pas demander au coach de changer l’équipe, c’est impossible. Donc oui, j’étais frustré, mais maintenant je suis tranquille avec ça, je comprends totalement. J’étais sur le banc la plupart du temps et il y avait même une blague qui tournait comme quoi j’étais le mec le plus échauffé de la compétition. (Rires) J’étais toujours le premier à sortir des vestiaires comme j’étais remplaçant et qu’on pratiquait un jeu très défensif en permanence, nos défenseurs étaient sous la menace d’un carton ou d’une blessure, donc je me tenais prêt. Bon, bien sûr, je ne suis jamais entré, mais j’ai accepté, ça fait partie du jeu.

Le retour au pays devait être dingue quand même…C’était un sentiment hallucinant. On restera dans l’histoire. C’est bizarre parce que maintenant, ce n’est plus la même impression que j’avais les premières années, mais quand j’y repense, c’est incroyable. Pour être honnête, entre nous, ça ne se produira plus jamais, spécialement dans l’histoire du foot grec.

Le Portugal de 2016, c’est un remake de la Grèce de 2004 ? Il y a des similitudes, mais ils ont beaucoup plus de joueurs talentueux que nous.

Dur pour tes compatriotes…(Rires) Non, mais ils ont un plus gros cœur que Cristiano Ronaldo. On en voulait plus, il y avait ce fighting spirit. Charisteas, Karagounis… On avait peut-être une bonne équipe, solide, mais le Portugal a de très bons joueurs. Mais dans le domaine de la philosophie de jeu, Fernando Santos et Otto Rehaggel avaient la même approche. Ils étaient contents de ne pas avoir la possession du ballon.

Comment vois-tu ton futur ?Sur le long terme, mon désir serait de retourner à Newcastle, c’est mon rêve. Les attentes sont élevées, je me sens bien là-bas, j’aime le club, la culture, la région.

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