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Nicolás Blandi : « Dupraz a une mentalité européenne et un cœur sud-américain »

Propos recueillis par Bastien Poupat et Ruben Curiel, à Buenos Aires
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Après son passage éclair à Évian, Nicolás Blandi est de retour à San Lorenzo et enchaîne les buts. L’occasion d’aborder l’étape française de sa carrière, Pascal Dupraz, et le passage de Buenos Aires à Annecy.

Nicolás, tu es de retour à San Lorenzo après un passage assez bref à Évian. Entre-temps, Pablo Guede a remplacé Edgardo Bauza. Comment l’as-tu vécu ?Comme un changement d’entraîneur assez classique. Ça arrive souvent dans le football moderne. Ces deux entraîneurs possèdent leurs propres idées, leurs façons de voir le football et leurs manières de gérer un groupe. Il a simplement fallu s’adapter à un nouveau style de jeu et à une manière de travailler au quotidien totalement différente.

Tu es devenu un titulaire important depuis l’arrivée de Pablo Guede, ce changement a été bénéfique pour toi… Oui, parce qu’un changement d’entraîneur débouche sur un changement de perspectives. Si l’on parle de mon cas personnel, cela a été bénéfique, car j’ai de plus en plus de temps de jeu et j’essaie de profiter un maximum de la confiance du coach. On joue dans un système de jeu que j’apprécie. C’est un des meilleurs moments de ma carrière.

Cette nouvelle idée de jeu, à laquelle le groupe a dû s’adapter très rapidement, a-t-elle été la cause de cette élimination précoce en phase de poules de la Copa Libertadores ? Je ne pense pas. Avant de démarrer cette compétition, on connaissait le potentiel de notre équipe et on savait que l’on pouvait réaliser quelque chose de grand. On a commis des erreurs et il faut savoir faire une autocritique pour progresser. Même si sur certains matchs, nous n’avons pas eu de réussite, alors que l’on maîtrisait largement notre sujet. Malheureusement, le football n’est pas une histoire de mérite.

En relativisant un peu, je conçois que j’ai vécu dans une petite ville où les gens n’étaient pas stressés, où les enfants partaient à l’école à pied… C’est pour ça que j’ai apprécié Annecy.

Revenons sur ton passage en France. Fin janvier 2015, San Lorenzo te prête à Évian Thonon Gaillard. Quels souvenirs gardes-tu de ton aventure en France ?Déjà, ce fut extrêmement court, à peine cinq mois en réalité. Je suis arrivé après la trêve estivale ici en Argentine, alors que le championnat de France était lui en pleine compétition. Et en plus de cela, je me blesse au talon d’Achille dès mon arrivée. Je n’ai pas joué pendant deux mois. Quand vous faites le calcul, j’ai joué un peu plus de deux mois et basta. Mais c’était une très bonne expérience. La ville d’Annecy est magnifique et la région est splendide et calme, ce qui m’a mis très à l’aise. Le club d’Évian et les dirigeants ont toujours été respectueux et très attentifs à mon égard. Bien entendu, j’aurais aimé plus jouer pour aider l’équipe à ne pas descendre, mais cela fait partie du football.

La barrière de la langue et le changement de culture n’ont pas été trop difficiles à vivre ? Non, même s’il y avait beaucoup d’étrangers, seulement deux joueurs costariciens parlaient espagnol. Pour revenir à la barrière de la langue, je ne l’ai pas ressentie comme quelque chose de négatif, car encore une fois, j’ai été parfaitement accueilli et tout a été mis en œuvre pour que je m’adapte au plus vite. Je parle anglais, et les étrangers au club m’ont aidé.

Passer de Buenos Aires à Annecy, des stades argentins à celui d’Évian, ce n’est pas dur ?Non, pas du tout. Je suis plutôt tranquille et ça m’a fait du bien de rencontrer des personnes respectueuses dans un pays très ordonné. C’est une société différente. Par exemple, je n’ai pas vu de vols ou d’accidents de la circulation comme on peut le voir ici en Argentine. En relativisant un peu, je conçois que j’ai vécu dans une petite ville où les gens n’étaient pas stressés, où les enfants partaient à l’école à pied… C’est pour ça que j’ai apprécié Annecy. Après, je peux concevoir que cela n’est peut-être pas représentatif de tout le pays. Mais les gens ne vivent pas stressés comme ici en Argentine. C’est un autre type de vie qui m’a plu.

Et avec Pascal Dupraz, comment ça s’est passé ?J’ai toujours dit qu’il avait une manière de gérer un groupe de joueurs professionnels avec une mentalité européenne et un cœur sud-américain. C’est une personne très sanguine, très expressive et un caractère très fort. On peut le définir comme une personne d’ici et là-bas. Au niveau personnel, il a toujours été très respectueux avec moi et il a toujours tout fait pour m’aider à m’adapter. Même si je jouais peu, il voulait me garder en cas de maintien. Sur le plan sportif, c’est un très grand meneur d’hommes, il sait motiver un groupe à travers sa forte personnalité et il aime que ses équipes se battent énormément.

Malgré cela, Évian n’a pu se maintenir en Ligue 1. Comment as-tu vécu cette relégation ?C’était difficile et très triste. En tant que compétiteur, je veux toujours gagner et accomplir les objectifs fixés. Je savais dès mon arrivée que c’était compliqué à cause de la mauvaise première partie de saison du club. Finalement, nous avons été très près de réaliser cet exploit. Bon, vu que j’étais en prêt, deux jours plus tard, je suis revenu en Argentine pour défendre les couleurs de San Lorenzo, donc tout s’est enchaîné très vite.

Et tactiquement, tu retiens quoi de ton passage en Ligue 1 ?C’est un football très physique. Bien plus que le football argentin. Et le gros problème, c’est qu’il y a trois ou quatre équipes bien au-dessus de la moyenne. Ici, une petite équipe peut battre le premier ou le deuxième, parce tu vas jouer sur un petit terrain, en mauvais état. En France, j’ai senti ce gouffre : les budgets sont différents et la logique est souvent respectée. J’ai aussi remarqué que les petites équipes vont affronter les grandes en imaginant déjà la défaite. Un match nul, c’était un exploit. Ici, je peux t’assurer que les plus petits clubs viennent avec l’envie de te détruire. En France, ils ne prennent aucun risque. C’est la peur de perdre qui règne malheureusement.

Ici, le football est instable. Par exemple, quand j’étais en France, on avait un calendrier déjà prêt, et il ne bougeait pas. Tu savais quand tu allais voyager, à quelle heure le match se jouait. Les voyages ici, c’est toute une épopée.

Quels sont tes objectifs personnels et ceux de San Lorenzo ? (Entretien réalisé avant la défaite de San Lorenzo en finale du championnat, ndlr.) Me reposer déjà, parce que le football argentin est très exigeant. Ensuite, la saison qui vient va être incroyable pour San Lorenzo. On va jouer au moins quatre compétitions, dont la Libertadores et la Sudamericana. Donc je suis totalement concentré sur les objectifs du club pour l’instant.

L’organisation du football argentin n’est pas à revoir, avec les compétitions qui se télescopent ?Si, totalement. Ici, le football est instable. Par exemple, quand j’étais en France, on avait un calendrier déjà prêt, et il ne bougeait pas. Tu savais quand tu allais voyager, à quelle heure le match se jouait. Les voyages ici, c’est toute une épopée. Pour un match en Libertadores, on a fait trois escales, un voyage en bus. Ça paraît rien, mais ça fatigue. Aussi, le championnat argentin est mal organisé. C’est une question d’organisation qui influe sur le quotidien du joueur, physiquement et mentalement. Tu abordes et prépares le match différemment en Europe, parce que tu connais au moins deux semaines à l’avance les conditions du match.

Et cette réforme du championnat argentin, tu en penses quoi ? (Cette année, un tournoi de transition en deux zones se disputait en Argentine, ndlr.) C’est une première étape. Le problème a toujours été économique, parce que le marché des transferts argentins était décalé par rapport à l’Europe. Donc les équipes perdaient des joueurs majeurs en pleine saison, parfois dans des moments décisifs. Il faut que le football se joue dans une certaine logique. Personnellement, je préfère un championnat long comme en Europe plutôt que deux tournois comme on en a l’habitude en Argentine. L’année dernière, il y avait trente équipes, c’est beaucoup trop. C’est logique que cela soit mal organisé avec autant de clubs. Comment veux-tu faire un calendrier correct comme ça ? Il faudrait tout calquer sur l’Europe, avec une ligue à vingt équipes. Je pense que le football argentin commence à changer. C’est une bonne chose.

Pour finir, tu aimerais revenir en France ?C’est clairement un objectif que j’ai en tête. Je veux revenir en Europe et je connais déjà bien la France. Je connais aussi le championnat, et je n’ai pas fermé mon cycle en France.

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Propos recueillis par Bastien Poupat et Ruben Curiel, à Buenos Aires

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