Mondial -20 ans, les solistes en sourdine
Dans un stade Olympique de Montreal couvert ressemblant à une grande salle de concert, les quelque 40.000 spectateurs des deux matches d'ouverture de la Coupe du monde des moins de 20 ans espéraient applaudir des solistes.
Carlo Ancelotti, arrivé le matin même de Milan, attendait beaucoup du jeune Brésilien Alexandre Pato, également convoité par Chelsea qui aurait offert 25 millions d’euros à
Porto Alegre. Finalement, ce sont les collectifs qui ont eu le dernier mot.
L’orchestre rouge polonais a donné le ton. Réaliste et solidaire, il est venu à
bout d’un onze brésilien cacophonique et emprunté physiquement. Procédant encontre, les Polonais ont profité de la faiblesse des latéraux auriverde pour
porter le danger sur les buts de Cassio. L’avant-centre brésilien Jo tenta biend’imposer sa puissance, Pato essaya bien de faire parler sa vitesse et sa
technique, le Brésil ne prenait pas la mesure des jeunes Polonais. A la 21e, uncoup franc plein axe à 25 mètres permettait à Krychowiak de donner l’avantage
aux rouges. Pas immerité. L’expulsion cinq minutes plus tard de Krol pour undeuxième jaune consécutif à un vilain tacle sur Pato ne l’était pas non plus.
Les Polonais allaient devoir tenir plus d’une heure à dix. Leurs adversairesleur ont facilité la tâche en se montrant incapables de combiner et d’écarter le
jeu. Pato, Jo et leurs coéquipiers se marchaient sur les pieds à l’entrée de lasurface. On crut bien que les Polonais allaient reculer et, à force de reculer,
se prendre le pion que les nombreux supporters brésiliens attendaient, mais aucontraire, ils se mirent à sortir au moment où on ne les attendait plus. Les
Brésiliens, trop courts physiquement, ne feront même pas illusion en fin dematch. Cette victoire polonaise face au Brésil est la première toutes catégories
d’âge confondues depuis une bonne trentaine d’années.
Une demi-heure plus tard, à peine le temps de passer l’aspirateur sur la
moquette à 500.000 dollars du stade, Coréens et Américains font leur apparition.Ancelotti s’est barré et on prend soudainement conscience de ce que peut être
une compétition junior, fût-elle mondiale. Défaillants dans toutes les lignes,les Yankees présentent quelques éléments qu’une équipe de DSR refuserait au bout
d’un quart d’heure d’essai. Seul Freddy Adu surnage dans le naufrage. Ses gestessont sobres et toujours utiles, ses prises de balle et ses ouvertures sont
propres. Il y a très peu de déchet dans le jeu du jeune prodige ricain (17 ans).Mais que faire seul face à onze Coréens survitaminés qui, après un démarrage
laborieux, développent un jeu vif au ras du sol et permutent sans arrêt pourmieux entrer dans la surface US, ouverte aux quatre vents, tel un Ikea de
banlieue un dimanche après-midi ? Ce sont pourtant les Ricains qui ouvrentrapidement le score contre le cours du jeu. Logiquement, les Coréens égalisent à
la 38e suite à une action d’école qui prend de vitesse les lourds défenseursadverses. Dans la foulée, les hommes du pays du matin calme marquent un second
but refusé pour un hors jeu peu évident. A quelques jours de leur fêtenationale, les Américains s’offrent ensuite un festival de vendanges. Passes,
contrôles, tirs, tout est raté avec une constance qui impose le respect.
La seconde mi-temps est à sens unique et seule l’incapacité des Coréens à frapper
au but avant les six mètres retarde l’arrivée d’un but qui paraît évident pourtout le monde. Mais qui ne viendra jamais. Les Coréens ont laissé passer l’occasion de
prendre trois points à leur portée face à l’équipe la plus faible du groupe.
Jean Damien LESAY, à Montréal
Les résultats
Groupe D:
Brésil-Pologne 0-1 -Corée du Sud-Etats-Unis 1-1
Groupe E:
Corée du Nord-Panama 0-0 -Argentine-République tchèque 0-0
Par
