Milan-Juve (1-1) : Calcio crépusculaire…
Calcio bello ? Non Cal-ciao tout court. Ciao, ciao ! Parce qu'on dirait bien que le foot italien fout le camp. Milan AC contre Juventus à San Siro. Vieille Dame contre vieux messieurs. Un sommet, ça ? Un peu seulement. Une autre époque, en fait. De la poésie surannée saturée de jadis, naguère, antan, autrefois, avant. Foot du passé. Foot dépassé...
Courez voir un film italien magnifique, “Le déjeuner du 15 août” de Gianni Di Gregorio. Le pitch : un vieux monsieur quinquagénaire, Gianni, vit avec sa vieille maman dans un vieil appartement du vieux quartier popu de Trastevere, dans le centre de Rome. Le vieux monsieur se voit contraint de s’occuper de sa vieille maman, ainsi que de la vieille maman et la vieille tante du syndic de l’immeuble (auprès duquel Gianni est lourdement endetté) et de la vieille maman de son ami médecin pendant le week-end du 15 août. Gianni et les quatre petites vieilles… Allégorie d’une Italie contemporaine qui vieillit, ne fait plus d’enfants et ressasse les (très) vieux souvenirs. Pourquoi invoquer ici le cinéma italien ? Pour rien… Juste comme ça… En passant…
Dans le dernier quart d’heure du “match au sommet” Milan-Juve, ça n’avance plus. Les joueurs se traînent. Quand bien même ils voudraient forcer la décision qu’ils n’y arriveraient pas. La chaleur ? Oui, un peu… La fatigue ? Ben, les deux équipes n’ont pas joué depuis une semaine : ça ne crève pas trop, en principe. Bon, Milan joue à 10 après l’expulsion de Favalli à la 85ème… Le plus cruel, c’est le signor Orsato, l’arbitre, qui fait jouer quatre minutes d’arrêts de jeu. Du pur sadisme pour des joueurs “exténués”.
Avant, jadis, autrefois, naguère, dans le temps, le temps additionnel donnait lieu à de fameux money-time où l’on marquait beaucoup. Mais, ça c’était il y a bien longtemps. Quand le Calcio se battait, en voulait un max et croquait dedans jusqu’à la mœlle. Là, on se contente d’un 0-0 avec vue sur l’horloge du salon… Tic-tac, tic-tac, tic-tac… Alors que le nul 1-1 n’arrange aucune des deux équipes. Surtout pas les Rossoneri qui ont l’occasion de revenir à 5 points de l’Inter en cas de victoire, vu que les Interistes ont nullé 2-2 au Chievo dans l’après-midi ! Idem pour la Juve : la Viola n’est plus qu’à trois points de lui ravir la 3ème place directement qualificative pour la C1 !
Foot à l’hospice. Le Milano, d’abord. Kalac (37 ans), Favalli (37 ans), Maldini (41 ans), Beckham (34 ans), Pippo Inzaghi (36 ans), Seedorf (33 ans, buteur à la 57ème), Zambrotta (32 ans), Pirlo (30 ans fantomatiques), Ronaldinho (29 ans, remplaçant entré à la 75ème pour courir après son ombre). Les plus jeunes : Kaka (27 ans, déjà), Flamini (25 ans), Senderos (24 ans, remplaçant) et Pato (19 ans). OK, ça joue encore pas trop mal : Pippo, Zambrotta, et même Maldini. Sauf que. Sauf que… En tout cas, aucune relève italienne à l’horizon : Pato est brésilien.
Côté Juve, c’est moins vieux. Reste que Buffon (31 ans), Legrottaglie (32 ans), Del Piero (34 ans), Camoranesi (32 ans, pas mal le Mauro mais pas pendant 90 minutes), Iaquinta (29 ans, qui a égalisé d’un beau coup de tête à la 60ème), Marchionni (28 ans), ça commence à dater. Chiellini (24 ans) assure un peu le renouveau. Mais Giovinco (23 ans déjà) n’est même pas rentré…
Quel contraste avec les demi-finales de Ligue des Champions du milieu de semaine. La jeunesse d’Arsenal, de MU et du Barça. OK, à Chelsea, ça daronne aussi pas mal, mais l’intensité est bien là ! In-ten-si-té. Quelle différence de rythme entre Calcio et Premier League… Pendant Milan-Juve, le jeu était souvent haché, parasité par des fautes et des contestations de l’arbitrage, de quoi ralentir le rythme. Et puis toutes ces imprécisions : des passes ratées, un jeu un peu trop latéral ou trop profond…
On comprend qu’en C1 les clubs italiens se soient fait manger par les clubs anglais, comme prévu. En Angleterre, on fait confiance à des Rooney, Walcott, Anderson, Nani, Gibbs. Au Barça, on a lancé Messi (21 ans), Caceres (22 ans), Pique (22 ans), Busquets (21 ans), Bojan (18 ans)… L’Inter fait bien jouer les jeunes Balotelli (18 ans). Sauf que c’est le seul Italien qui joue régulièrement chez les Nerazzurri (avec l’arrière gauche Santon)…
Pas question de faire du jeunisme primaire, mais ce Milan-Juve fout le cafard. Où sont les bambini ? Le foot italien actuel vieillit, ne fait plus d’enfants et ressasse les (très) vieux souvenirs. Mon dieu ! Le vieux Chevchenko sur le banc de touche… On avait annoncé ici un retour au premier plan des clubs italiens en Ligue des Champions la saison prochaine. Au vu du “sommet” Milan-Juve, on en doute désormais…
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