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Messi aurait-il pu jouer le Clásico avec un seul bras ?

Par Théo Denmat
Messi aurait-il pu jouer le Clásico avec un seul bras ?

Blessé au bras droit, Lionel Messi ne jouera pas le Clásico dimanche. Volonté personnelle ? Ordre des blouses blanches ? Peur de Sergio Ramos ? Une chose est sûre : jouer avec un bras en moins, c’est possible. La preuve.

Un brin d’herbe collé sur l’arête du nez, la paupière gauche qui clignote comme un néon en fin de vie, les oisillons qui sifflent en cercle au-dessus du crâne : merde, il vient encore de se casser la gueule. L’homme n’est pas du genre maladroit, pourtant. Il faut croire que ce n’est pas son soir. Un homme vient à sa rencontre, large silhouette dont il n’aperçoit pas le visage. Allongé au milieu de la pelouse, la lumière des projecteurs lui brûle les yeux comme un malfrat en garde à vue, alors il essaie de porter son bras droit en visière. Il hurle. Cette foutue douleur ! Il observe le bras divin qui s’est abaissé vers lui, tend le sien – le gauche –, et s’accroche bien fort. En un rien de temps, le voilà tiré à la surface, dans le monde de ceux qui brillent autant que les spots qui les éclairent : Lionel Messi remet son attelle en place au niveau de son coude, lâche un râle de souffrance et tapote en mondovision les trapèzes de Gerard Piqué. Merci bonhomme. Devant sa télévision, le peuple barcelonais grimace : on joue la vingtième minute du Clásico, il y a toujours 0-0, mais le génie s’est déjà pété la gueule douze fois. Douce lapalissade pour un type qui joue avec un bras cassé.

« Je penche d’un côté »

Crevons la bulle : blessé au radius du bras droit après une mauvaise chute contre le FC Séville (4-2), la Pulga a été annoncée, le 20 octobre dernier, comme dispensée de terrain pour trois semaines, lui faisant louper au passage le choc face au Real Madrid. Aucun espoir. Pour autant, une fois évacuée la problématique de la douleur, un footballeur pourrait-il hypothétiquement jouer avec un seul bras ? Mickaël Brisset, né sans avant-bras gauche du fait d’une anomalie congénitale et ancien joueur du SCO d’Angers en Ligue 2, voit le « problème » d’un œil rieur : « Honnêtement, tout Messi qu’il est, je pense qu’il s’en sortirait sur une passe, une frappe, parce que son pied est exceptionnel. Mais sur un match complet, impossible. Et puis Ramos va le mettre dans sa poche direct ! » Écueil premier, l’équilibre. Un truc « pas évident » d’après le bonhomme, que ses coéquipiers du Racing Club de Colombes, en National 3, croient souvent au bord de la chute : « Je penche d’un côté pour compenser, mais c’est normal pour moi » , explique-t-il. Un peu court, malheureusement, de s’entraîner à la technique dans la semaine qui vient de s’écouler, d’autant que le souci ne tient pas qu’au « funambulisme » .

Octobre 2010. Une scierie, un bras, deux tapis roulants. Le second entre les deux derniers, et voilà Kévin Roger admissible en équipe de France amputés à seulement vingt ans, dont il occupe désormais le poste de gardien – les amputés du bas du corps étant sur le terrain. Fini les intérims. Dur de bosser avec une tête d’humérus. « Je savais pas trop ce que je voulais faire dans la vie, ça m’a pas trop aidé » , qu’il dit. En revanche, pour faire du foot… le package suffit amplement, au moins pour l’AS Ugine, en D1 savoyarde : « Moi, quand je ne joue pas en 10, je joue sur un côté, confie-il. Ben si tu veux déborder un mec côté gauche, t’es foutu ! Il met son bras gauche pour te dégager, et moi j’ai pas de bras alors… » Note pour plus tard : demander à Messi de se concentrer sur son jeu axial. Un membre en moins, pas d’équilibre sur les frappes de balle, donc, mais pas non plus de protection de balle efficace, à condition de jouer de son corps pour maintenir l’opposant à distance. Brisset opine du chef : « Le mieux, c’est d’avoir un manque comme le mien, du côté du pied fort (il est gaucher, N.D.L.R). Perso, si je n’avais pas de protection à droite, je serais en difficulté. C’est même mieux pour l’équilibre, même si mon pied droit ne me sert à rien. Attention, j’ai déjà marqué du droit, hein. Mais mettre des grosses sacoches j’y arrive pas. »

Pitié et huile de coude

Ernesto Valverde sue à grosses gouttes sous une couche d’arguments grosse comme les verres de lunettes du professeur Tournesol, mais, malgré sa diatribe sur les risques encourus, Lionel veut jouer. « M’en fous » , dit-il. Argument imparable. Alors soit. Fini de voir la vie en noir, il y a, il faut le dire, certains avantages à jouer sans bras. « Quand on entre sur le terrain, les adversaires nous regardent avec pitié, sourit Kévin Roger. C’est sûrement inconscient, mais ils n’osent pas y aller à fond. Tu as cinq à dix minutes pour prendre l’avantage, puis ils s’y mettent. » Même anecdote pour Mickaël Brisset, qui explique en revanche avoir « assez prouvé depuis quinze ans pour que les gens me prennent au sérieux sur un terrain, handicap ou pas » . À Lionel Messi de prendre donc ses adversaires à froid, sachant que l’arbitre est également susceptible de tomber dans le panneau, comme le glisse Kévin Roger. « Ça m’est déjà arrivé de faire un contrôle de l’épaule et que l’arbitre ne siffle rien.(Rires.)Au moins, je ne peux pas faire de main. » Et si l’homme est aux cages des Bleus section amputés avec un bras en moins, de quel droit Messi pourrait-il refuser de jouer sur le terrain avec le même handicap ?

Au bout du fil, Mickaël Brisset évoque lui ces « petits coups en cachette qui ne se voient pas » façon de dire que l’Argentin aurait pour lui la filouterie dans des rencontres sous haute tension. « Il n’aurait peut-être pas fait la carrière qu’il a faite, ajoute-t-il, mais franchement, j’ai joué en Ligue 2, alors Messi aurait bien pu jouer en Ligue 1…(Rires.) » Kévin Roger estime lui qu’un bon petit niveau National serait envisageable, avec en condition sine qua non de repartir de zéro : courir, sauter, passer, tirer. Bref, rien de très viable en sept petits jours, et encore moins avec une attelle préférée à l’opération. « Ah ouais ? Galère, avec ça t’es complètement bloqué, soupire Brisset. Moi, c’est mieux, il me manque l’avant-bras, mais je m’en sers quand même. En plus, ça doit faire mal, un coude cassé. Il ferait mieux de tout couper. »

Dans cet article :
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Par Théo Denmat

Tous propos recueillis par TD.

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