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Malouda, gauche caviar
Auteur d'une performance majeure avec Chelsea ce week-end (une but et deux passes décisives), Florent Malouda a sorti toute la panoplie du parfait milieu offensif gauche. Et du même coup relancé le débat qui a largement pollué les dernières semaines de l'Equipe de France sur ce poste tiraillé entre Thierry Henry et Franck Ribéry. Alors Raymond, on arrête les conneries ?
Une tête qui finit sur le poteau. Face à l’Espagne, le 3 mars dernier, la France n’a eu que ça à se mettre sous la dent, surclassée à la régulière par une Roja au petit trot (0-2). A part ça, rien de rien. Mais cette tête tout de même, peut-être plus riche de sens qu’elle n’en avait l’air à un moment où elle aurait dû relever de la simple anecdote (les jeux étaient faits depuis longtemps). Car l’auteur de cet éclair dans la nuit bleue s’appelle Florent Malouda. Entré lors du dernier quart d’heure, le milieu offensif de Chelsea avait apporté un début de réponse au grand débat qui avait animé les jours précédents. Qui pour animer le côté gauche de l’Equipe de France : Henry ou Ribéry ? Entre le Barcelonais, à court de matches et transparent au Stade de France, et le Bavarois, boudeur à droite et blessé rapidement après son passage à gauche, la bonne entrée de l’ancien Lyonnais avait ouvert une troisième voie : la sienne. Samedi dernier, face à West Ham (4-1), Malouda a confirmé cette tendance.
Vive le 4-3-3 !
A Stamford Bridge, on peut le dire, le Guyannais a régalé. Littéralement. Malouda a délivré deux centres ciselés avant de marquer lui-même. Évidemment, l’adversaire du jour pourrait inciter à tempérer la note de l’international français. West Ham est pourtant une bonne équipe… quand elle a le ballon. Sans, tout devient beaucoup plus compliqué et il ne faut pas aller chercher tellement plus loin les raisons de sa saison difficile (16e). En gros, la défense idéale pour se faire plaisir. Ceci étant, l’immense performance de Malouda doit aussi se mesurer en elle-même et sur la durée. Le Blue n’a en effet pas attendu son coup de tronche sur la base du poteau de Casillas il y a quinze jours pour revenir au premier plan. Non, depuis plusieurs mois, ses tresses et ses percussions ambiancent toutes les pelouses du championnat d’Angleterre et autant dire que l’on n’y trouve pas que des arrière-gardes aussi conciliantes que celle des Hammers. Que ce soit face à Liverpool, Arsenal et bien d’autres, Malouda fait le job avec une régularité qui rappelle quelque chose de sa meilleure période lyonnaise. On ne facture pas 9 buts et 9 passes décisives en faisant des ronds de jambes. Une performance qui mérite d’autant plus de crédit que l’affaire n’était vraiment pas dans le sac pour le natif de Cayenne durant toute la première partie de saison. En effet, Carlo Ancelotti, soucieux d’imposer sa patte, avait concocté un 4-4-2 en diamant pas forcément moulé pour les qualités de Malouda, poli au 4-3-3 de l’Olympique Lyonnais. Mais les turbulences de décembre ont incité l’Italien à plus sagesse avec un retour aux fondamentaux de la maison bleue, le fameux 4-3-3 des années Mourinho. Du sur-mesure pour l’ami Florent, back in town.
Des inter’-exter’ de pur dribbleur
D’autant que l’air de rien, Malouda a sacrément progressé en Angleterre. Au sommet de son art entre 2005 et 2007, on avait le souvenir d’une incroyable machine physique, toute en percussion et en résistance, à peu près aussi solide devant qu’à la récupération. Bonne nouvelle, l’ancien Guingampais n’a rien perdu de son formidable abattage, en témoigne son dépannage récent, et décent, au poste d’arrière gauche à Chelsea. Mais même dans sa meilleure période, on tiquait un peu sur les quelques limites du garçon : ici un léger manque de finesse technique, là une qualité de centre irrégulière (mais probablement meilleure que ce que l’on en pensait) et un jeu pour tout dire un poil stéréotypé. En clair, une valeur sûre mais limitée. Ben il se pourrait bien que le joueur formé à Châteauroux soit en passe de nous faire mentir. Car samedi, Malouda a fait étalage, n’ayons pas peur de le dire, d’une certaine classe. Au-delà de ses deux centres (vraiment soignés, on le répète), le gaucher a gratifié l’assistance de toute une série d’inter’-exter’ estampillés pur dribbleur, et à chaque fois avec la bonne passe qui va bien derrière. Mais il ne s’est pas contenté de chercher le décalage pour balancer une cargaison de centres. Non, le Flo s’est aussi engouffré dans les petits espaces, jambes de feu sans jamais que la gonfle ne lui brûle les pieds. Le tout avec son activité et sa discipline habituelles qui en font un véritable homme de couloir. Ah oui… ?
Car forcément, qui dit couloir gauche dit Equipe de France. Le soap de ces dernières semaines. Un peu vain en l’état qui plus est. Car Henry, à 33 ans et à court de matches, n’a plus nécessairement les jambes et le coffre pour les exigences du poste. Quant à Ribéry, à gauche au Bayern Munich et plus que candidat sur ce flanc en sélection, le problème est double : personne n’a le souvenir d’une performance majeure du Bavarois sur ce côté en bleu, et, à la manière d’un Thuram spécialiste de la défense centrale mais longtemps indépassable au poste de latéral, aucun joueur ne semble meilleur que Ribéry à droite. L’heure de se souvenir que lors de l’épopée du Mondial 2006, Malouda était titulaire, Henry et Ribéry aussi. Dis Ray, et si on revenait aux bonnes vieilles recettes ?
Traduit de l’anglais par Simon Capelli-Welter, source The Guardian.
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