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Louis Delfino, footballeur aviateur

Par Gabriel Cnudde
Louis Delfino, footballeur aviateur

Orphelin de son père tombé au combat lors de la Première Guerre mondiale, Louis Delfino a fait le bonheur de l'OGC Nice avant de faire celui de l'armée de l'air. Buteur hors pair, puis pilote d'exception devenu général après la guerre, Louis Delfino fait encore aujourd'hui la fierté des Aiglons.

À quelques encablures du vieux port et de la longue promenade des Anglais, entre la rue Arson et le boulevard Risso, s’étire paisiblement le boulevard du général Louis Delfino. Et cette petite allonge de bitume a tout pour plaire : un square, de jolis palmiers, de grands immeubles, de petits hôtels particuliers, un centre commercial et même un Conforama. Les Niçois y déambulent tranquillement. Parmi eux, certains savent à qui ce boulevard rend hommage. D’autres l’ignorent et flânent sans vraiment se douter que, sans ce général Delfino et d’autres de ses semblables, ni l’OGC Nice ni la République française ne seraient aujourd’hui les mêmes. Les Aiglons du GYM n’auraient par exemple pas connu leur première grande épopée en Coupe de France, en 1930/1931. La France, quant à elle, aurait peut-être mis plus de temps à se libérer du joug nazi qui l’étranglait pendant la Seconde Guerre mondiale. Et il serait bien bête d’oublier la belle histoire de Louis Delfino, footballeur aviateur au destin incroyable.

L’enfant de Riquier

Né dans la rue Arson le 5 octobre 1912 d’un père ébéniste enrôlé et tué pendant la Première Guerre mondiale et d’une mère ouvrière à la manufacture des tabacs, Louis Delfino grandit dans le quartier populaire de Riquier et se découvre très rapidement une passion pour le football. D’après le numéro 25 du magazine Issa Nissa, c’est lors de sa scolarité au lycée Masséna que Delfino développe son jeu. À l’âge de 18 ans seulement, il intègre l’équipe première de l’OGC Nice. À cette époque, lorsqu’il rentre chez lui par le boulevard Sainte-Agathe, il est loin de s’imaginer que cette rue portera un jour son nom. À la pointe de l’attaque, l’Aiglon se fait vite un nom. « Fino » empile les buts et les bonnes prestations. Lors de la saison 1930/1931, il forme, avec Boulet, Emmanuelidès et Andoire une attaque de folie, grâce à laquelle l’OGC Nice se hisse en demi-finales de la Coupe de France, à Colombes.

Malheureusement, les Aiglons se font dominer par le Club français (6-1), et Louis Delfino se recentre par la suite sur ses études. Il pourrait devenir ébéniste comme son père, mais Delfino a d’autres desseins. Passionné par l’aviation, il dévore les récits de Mermoz, Saint-Exupéry, Ader et Blériot. En 1931, il intègre la prestigieuse école Saint-Cyr et fait partie des meilleurs élèves. Son classement lui donne même la possibilité de choisir sa spécialisation (l’aviation, bien entendu). Dans Louis Delfino, pilote de guerre et « soldat légendaire », Dominique Olivesi explique que Delfino décroche son brevet de pilote en 1934. Sa progression au sein de l’Armée de l’air est fulgurante. Très rapidement, il est affecté à Nancy dans l’escadrille de reconnaissance de la Hache. Lors de son séjour en Lorraine, le pilote souhaite pratiquer encore un peu son football et s’engage un temps avec le FC Nancy.

Adieu, ballon rond

Comme ce fut le cas pour nombre de footballeurs, la déclaration de guerre éloigne Louis Delfino des terrains. Capitaine aviateur à la tête de la 4e escadrille du groupe de chasse II/9 à Reims, il obtient, lors de la première campagne de France, huit victoires aériennes capitales. Après un grave accident, il reprend du service à Dakar, en 1942, dans l’armée de Vichy. Pensant obéir à la « bonne » France, il abat un avion anglais. Un drame qu’il se reprochera jusqu’à sa mort : « J’ai cru, et je ne suis pas le seul, faire mon devoir en restant fidèle à Vichy. J’en suis revenu et je veux toujours combattre… » Puisqu’il ne peut pas combattre avec les Anglais, mais que le général de Gaulle sait qu’il ne peut pas se passer de lui, Delfino est envoyé sur le front russe en janvier 1944. Il fait désormais partie de la très célèbre escadrille Normandie-Niemen, composée de pilotes français à bord d’engins russes. C’est après une victoire décisive au-dessus de la rivière Niemen que Staline en personne baptise l’escadron.

À bord de son Yak 3, supposément le meilleur avion de guerre de son époque, celui qu’on surnomme « P’tit Louis » passe de commandant en second à commandant en décembre 1944. Il abat les appareils allemands (14 au total, dont 10 reconnus officiellement) comme il marquait des buts et se retrouve décoré par le général de Gaulle en personne. Le 20 juin 1945, après que Staline lui a offert son appareil, le Yak 3, Delfino et son escadron sont accueillis en héros à l’aéroport du Bourget. Devenu général à la suite de ses exploits, Louis Delfino tente même de devenir maire de Nice en 1965. Il échoue, mais reste attaché à sa ville natale. D’après le magazine Issa Nissa, il ne manquait jamais une occasion de parler de Riquier, s’exprimait en nissart et avait même invité des camarades soviétiques, dans les années 1950, pour leur montrer la ville de Nice et leur expliquer : « Voilà pourquoi nous avons combattu ! »

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