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LFP : rappelez le pédé brésilien !

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LFP : rappelez le pédé brésilien !

La LFP n'a pas changé d'épaule en matière de communication, mais a changé de fusil. Après la parodie de soap à la sauce sud-américaine (donc épicée), la LFP sort un pastiche de la série 24 qui fait pitié. Problème : forcément, le message passe moins bien. A moins qu'il n'en devienne que plus clair...

L’an dernier, c’était une parodie de telenovela tendance hommes qui aiment les hommes qui annonçait la reprise du championnat de football en France. Il faut avouer, c’était plutôt couillu de la part de la LFP de frayer sur une pente savonneuse s’il en est…

Cette saison, la promesse est la même : « Retrouvez le plus grand feuilleton de l’année » et la signature de la Ligue pas piquée de vers : « Vous êtes supporters, nous aussi ». En revanche, la telenovela do brasiou a laissé place à une parodie de la fameuse série 24 nettement moins réussie, même s’il est à nouveau question de « passe en profondeur » dans un vestiaire…

Réalisation bâclée -restreindre le procédé de réalisation de 24 au split screen, c’est un peu court- et aussi cheap qu’une pub pour défendre cette espèce menacée que sont les arbitres, dialogues griffonnés sur un coin de nappe -c’est sans doute plus facile d’écrire une voix off-, mise en scène digne d’un épisode de Goal, pas le film (pas vu), non, la série du début des années 90 avec Edouard Montoute et Frédéric Diefenthal, ce nouveau volet de la « saga » publicitaire LFP laisse entrevoir ce que sera le championnat à venir : un échec doux, une failllite accueillie le sourire aux levres… La Ligue 1 suit finalement un destin prévisible. Passé l’enthousiasme estival et l’espoir suscité par quelques transferts voulus prometteurs, l’ennui reprend son cours.

Jeter un coup d’oeil, même distrait, à ce spot parodie de la série 24, c’est aussitôt faire le constat de l’honnêteté –étrange?- de la LFP. Les dirigeants semblent brusquement s’être rendu compte de ce qu’est vraiment la ligue 1 : un spectacle tranquillement médiocre, seulement divertissant par intermittence. Cette prise de conscience est méritoire. Communiquer sur ce désenchantement l’est encore plus. Une telle stratégie semble participer à une tendance actuelle du marketing : le discours de la transparence. Depuis les campagnes ‘Bo Knows » de Nike jusqu’à Cantona pour Neuf Télécom. L’audience, rompue aux méthodes traditionnelles de communication, demande autre chose. D’un clin d’oeil complice, public et annonceurs signent un accord tacite… la publicité ne berne plus, les ficelles sont connues, du coup c’est consciemment que les spectateurs en avalent le contenu.

Que ces écrans de pub ressemblent autant à de vulgaires sketches des Inconnus, plus qu’à de véritables séries américaines, est révélateur. Ici il n’est plus question de se livrer à une promotion euphorique du championnat. Défendre la compétition nationale, l’assumer avec ses faiblesses, sans se faire d’illusions, c’est plutôt de cela qu’il s’agit. L’enthousiasme du président Thiriez en prend un coup.

Que disent, en substance, les publicités de la LFP ? Tout d’abord que la L1 est un feuilleton -soit, il y a plusieurs épisodes, des « acteurs » récurrents et une intrigue de base, à savoir « qui va gagner cette année ? »-. Ensuite, qu’il s’agit du « plus grand feuilleton de l’année ». Plus fort, donc que Suspectes et Mystère réunis. Une imposture à première vue puisque le vainqueur est depuis quelques années déjà plus ou moins connu (cette année, y aurait-il un doute ? même pas sûr).

Alors ? Alors, il y a bien quelques « personnages secondaires » croustillants (hier Guy Lacombe, Vikash Dhorasoo, Franck Ribéry, Pape Diouf, le FC Nantes dans son ensemble, etc.), à venir les prometteurs Jérôme Rothen, Guy Roux, Laurent Blanc, voire Sylvain Wiltord, s’il éponge à nouveau la rue de la soif de la capitale bretonne… On peut aussi évoquer les événements périphériques qui, parfois, nourrissent à bon escient l’intrigue : la descente de cadors ou doyens, les explosions surprises d’équipes en construction, quelques éclats venus des tribunes, voire des tribunaux quand on est un peu gâtés.

De là à faire de la L1 le « plus grand feuilleton de l’année », il y a un pas, mais si on ajoute le qualificatif « français » derrière « feuilleton », il faut admettre qu’on préférera toujours regarder une chevauchée diabolique de Cédric Lecluse plutôt qu’une scène de Francis Huster -encore que dans Zodiac y avait la petite nana de Lizarazu et que… Bref, la L1 serait donc, potentiellement, le plus grand feuilleton français de l’année, selon le principe front national qui place le borgne logiquement à la tête du royaume des aveugles. Pas de quoi flamber, mais c’est tout ce qu’on a pu sauver.

Surtout, ce slogan final, incitation incisive souligne, au moyen d’une terminologie désuette, (« feuilletons ») la difficulté à croire encore en notre championnat. Que faire face à ce spectacle pauvre? Le second degré s’est naturellement imposé comme seul remède viable. Plutôt que de pleurer mieux vaut rire : voilà, on préfère ce défaitisme joyeux, au risque de s’en tenir au médiocre, pour éviter la confrontation. C’est en même temps un sacré constat d’impuissance. C’est l’impossibilté francaise à produire du spectacle de qualité qui est résumée. Pas d’entertainement véritable en France, Nous sommes bloqués, condamnés à nous extasier devant la dernière audace de Robert Hossein ou de quelconques comédies musicales d’importation

En 30 secondes donc, tout est dit, les spots font le constat honnête des limites de la l1. S’ils présagent d’un spectacle à l’intérêt limité celui ci n’en reste pas moins attendrissant. La L1 sera encore suivie cette année. En dépit des ses imperfections, nous nous y soustrairons. On aime la L1 comme on aime sa famille, comme on aime un frère handicapé, comme on aime une fille un peu laide ; par la force des choses. Devant les séries ou le championnat, supporters et ménagères mènent le même combat. « Affalés dans le salon, on dirait qu’on les engraisse, à grosses bouffées de jeux à la con. » (extraits de l’album Baiser) Dans son deuxième album, Miossec avait déjà imaginé le parallèle. La saison n’est en définitive qu’un gnangnan routinier, sans surprise mais tellement addictif. Enjoy.

Si l’on veut être taquin, on pourrait en outre accuser la Ligue d’encourager l’individualisme forcené qui a, depuis quelques lustres maintenant, gangréné le football, avec son leitmotiv de la « passe en profondeur » (pourquoi toujours cette allusion ? par paresse d’écriture ? par goût de la métaphore ?) : à chaque fois, il est question d’un joueur qui ne fait plus de passes à un autre, alors que tout le monde sait bien qu’une équipe n’est pas une somme d’individualités mais un tout harmonieux au sein duquel le respect des différences de chacun, l’amour et la dévotion pour son prochain, et le libre-échangisme de conjoints sont érigés en règles d’or, écrites à la plume sur un parchemin conservé dans un livre pleine peau relié sur tranche ; mais on n’est pas taquins.

Alors on se contentera de relever cette petite phrase anodine en signature du spot publicitaire qui enfonce un peu plus le clou au cas où certains auraient pu avoir un doute : « Vous êtes supporters, nous aussi ». Une « base line » qui confirme que la règle la plus élémentaire en matière de publicité consiste toujours, apparemment, à mettre en avant tout ce que le produit n’est pas, et plus c’est gros plus ça passera. Exemple, une publicité pour du jambon sous cellophane vous vendra toujours cette saveur authentique tout bonnement inimitable.

Selon la même logique, il faut donc comprendre, dans la double proposition « le plus grand feuilleton de l’année » et « vous êtes supporters, nous aussi » que, et d’une la L1 c’est de la merde et la LFP en est bien consciente, et de deux, que la LFP s’en branle comme il faut des supporters, ces gros cons illettrés dont Frédéric Thiriez se demande sans doute comment ils font pour ne pas faire quinze fautes d’orthographe par tifo.

Car la méconnaissance du supportérisme de la LFP n’est plus à prouver (reprendre tous les So Foot papier un par un si vous cherchez des arguments) et il n’est sans doute pas exagéré de penser qu’à la Ligue, un supporter n’est rien d’autre qu’un sous-« consommateur » casse-couilles avec ça. C’est-à-dire qu’il ne paie pas sa place au prix fort dans un stade, et qu’en plus il y fout le bordel alors qu’il serait tellement plus simple qu’il se contente de chanter sans jamais protester, qu’il se serve de ses mimines uniquement pour applaudir les passements de jambe de Didier Digard au lieu de se foutre sur la gueule d’une tribune à l’autre, et qu’il réserve ses ho-hisse à son épouse, y a des clients respectables ici, môssieur.

C’est marrant comme, finalement, avec cette histoire de pédé brésilien l’année dernière, la pilule passait beaucoup mieux…

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Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki
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