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Les ailes de l’enfer ?

Par Eric Carpentier
Les ailes de l’enfer ?

À Monaco, le grand chamboulement estival a eu lieu sur les côtés de la défense. Avec Sidibé et Mendy, l'ASM s'est offerte deux beaux espoirs à leurs postes. Qui, chacun dans leur genre, ont pas mal de choses à prouver.

28 millions d’euros. C’est le prix d’une paire de latéraux à Monaco. En enrôlant Djibril Sidibé et Benjamin Mendy pour respectivement seize et douze millions d’euros, l’ASM s’est refaite les ailes, cet été. À Lille et à Marseille, on sourit devant les jolies sommes reçues, tout en regrettant les départs d’espoirs plus ou moins confirmés à leurs postes. À droite, Sidibé retrouve un couloir depuis longtemps déserté ; à gauche, Mendy doit confirmer un potentiel trop rapidement aperçu sous Bielsa. Le tout dans un cadre nouveau, vers des ambitions plus élevées. La bonne nouvelle, pour l’ensemble des supporters français, est que les emplettes n’ont, pour une fois, pas été réglées en livres sterling : du Moustoir à Saint-Symphorien, on va encore voir les bouffeurs de craie à l’œuvre. Et bien malin qui pourra prédire la fin de l’histoire : hype passagère ou mode de toute une époque ?

Le talent et le travail, l’inné et l’acquis

Le droitier peut bien être son aîné de deux ans, c’est le gaucher qui est le plus précoce de la paire. Alors que Djibril grandit tranquillement au sein du club de sa ville, l’ESTAC, depuis ses huit ans, Benjamin quitte dès treize ans l’Essonne pour la Normandie. Révélé au poste d’attaquant à l’US Palaiseau, le gamin recule de deux crans au Havre, signe pro à seize ans et affiche plus de trente matchs en pro avant ses 17 ans. La même saison, Sidibé enchaîne, lui aussi, sa première grosse année en Ligue 2. Il va avoir 19 ans et intègre enfin une équipe de France en jeunes. Un léger décalage dû à un potentiel décelé très tôt chez Mendy, passé par toutes les sélections nationales à partir des U16, quand Sidibé n’affiche alors pas de qualités hors normes. Farés Bouzid ne dit pas autre chose : « Il avait un bagage technique simple, mais complet et une culture de l’entraînement.  » À la suite du directeur intérimaire du centre de formation troyen, tous ses formateurs sont unanimes : Djibril Sidibé est un jeune volontaire et déterminé.

Grâce à son travail, Sidibé peut découvrir la Ligue 1 dès 2012 avec Lille, quand Mendy doit attendre un an de plus et sa signature à Marseille. Le temps de bien intégrer les consignes liées à son poste ? Mohamed Sall révèle le secret de la conversion de celui qui n’est alors qu’une jeune pousse havraise : « J’ai passé toute une saison à lui expliquer qu’il était fait pour être sur un couloir » , souffle le premier formateur de Mendy, dans Le Parisien : « Mais il ne voulait rien entendre, jusqu’à une finale de Coupe de Normandie où il m’a gonflé. Je l’ai mis à gauche à la mi-temps, il a tout cassé et m’a dit à la fin : « Momo, c’est bon, j’ai trouvé mon poste ! » » Sauf que rien n’est simple avec le natif de Longjumeau. Un an après avoir changé de port d’attache, le latéral gauche confie à L’Équipe les difficultés rencontrées à son arrivée à Marseille : « Tactiquement, j’étais perdu. Déjà, au Havre, ce n’était pas mon meilleur domaine, j’étais faible là-dessus(…)Mon hygiène de vie, le sommeil, des éléments comme ça, ont fait que je n’étais pas à mon meilleur niveau(…)J’étais le Benjamin du Havre alors qu’il fallait changer des choses. » Une déclaration en forme de confession qui trahit le plus grand danger pour Benjamin Mendy : son caractère. Un point sur lequel il pourra s’inspirer de son alter ego à droite.

Micro d’or et gauche caviar

Car si l’histoire de Mendy avec l’OM n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, c’est aussi à cause d’un sérieux pas toujours avéré. En mars 2016, il n’y est pour rien quand il doit subir les vannes foireuses de supporters sur sa mère, décédée deux semaines plus tôt. Reste qu’entre des rigolades sur sa Mercedes poussée à 230 km/h et un poteau de la Commanderie enfoncé avec la même tire, Benjamin Mendy roule sur les traces d’un jeune insouciant plutôt que sur celles d’un professionnel entièrement tourné vers son boulot. Un dilettantisme qui lui sera souvent reproché par Michel, mais qui a le mérite de donner naissance à de merveilleuses créations avec le rappeur JUL. « Mercé ! » . Pendant ce temps-là, Djibril Sidibé place ses premières billes à tout juste 23 ans, en investissant dans un complexe de foot indoor sur ses terres natales. Deux façons de gérer un début de carrière.

Et le terrain ? Malgré des première et troisième saisons compliquées à Marseille, Benjamin Mendy reste sur une trajectoire sûre : plus de trente matchs par saison à son poste depuis cinq ans, et un exercice 2014-2015 de très bonne facture avec Marcelo Bielsa. Une réussite sous les ordres du Loco pas anodine pour un joueur qui concède volontiers ses sautes de concentration et d’attention. Résultat, six passes décisives au décompte final, et une place de taulier dans la défense olympienne qui lui permet de reprendre un temps d’avance sur Sidibé. Car si le Lillois joue de plus en plus, il est aussi baladé sur les deux côtés, quand il ne vient pas dépanner occasionnellement aux autres postes défensifs. Et il faut attendre 2015-2016 pour le voir s’installer durablement à gauche, lui le droitier. Une réussite, en témoignent ses quatre buts et trois passes décisives en Ligue 1. Désormais, à Monaco, les deux latéraux espèrent trouver ce qui leur manquait dans leurs précédents clubs : de la sérénité pour l’un, un couloir droit pour l’autre.

Qui pour abreuver Falcao ?

Ce sont deux défis bien différents qui attendent, à respectivement 22 et 24 ans, Mendy et Sidibé. Pour le second, celui de la redécouverte. À gauche, il a imposé un style tout en repiquages et décalages de son ailier, plutôt que l’inverse. Il va maintenant devoir prouver qu’il est capable d’envoyer des centres téléguidés. La qualité de son pied droit, dès lors qu’il s’agit d’allumer le gardien, n’est plus à prouver. En revanche, il n’affiche sur les deux dernières saisons que 39 centres réussis, principalement du gauche donc, quand Mendy pointe à 79. Un Mendy qui va lui être attendu sur le plan de l’investissement et de la discipline. Car, comme Bielsa, les écarts sont mal vus chez Leonardo Jardim.

En attendant, à la suite de leurs arrivées, le coach monégasque affiche sa satisfaction et ses ambitions pour ses deux newbies : « Ils ont des qualités de puissance et de vitesse. Ils nous permettent d’être plus offensifs dans les couloirs et apportent plus de centres. Et j’apprécie ça, car avec deux attaquants, l’équipe a besoin d’une bonne activité dans les couloirs. » Jardim, qui sait mettre en valeur ses latéraux, de Kurzawa à Fabinho, a pu apprécier le travail fourni sur les deux premiers matchs officiels de son équipe contre Fenerbahçe. À l’aller, Mendy et Sidibé ont été intéressants à défaut d’être décisifs en 90 minutes. Quelque chose de corrigé au retour, lorsque Sidibé se retrouve impliqué dans la combinaison qui aboutit au penalty inaugural, puis quand Mendy est à l’avant-dernière passe sur le but de la qualification par Germain. Une première étape de passée. Il en reste un paquet avant de savoir si, oui ou non, les ailes monégasques seront celles de l’enfer pour leurs adversaires.

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