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Les 15 dernières minutes de Ronaldo
Plus gros que jamais, « O fenômeno » a fait ses adieux sous le maillot de la Seleção, hier soir contre la Roumanie, le temps de vendanger trois occases et de pleurer à chaudes larmes devant ses fans.
« Quinze minutes, c’est énorme pour moi » , prévenait Ronaldo mardi après l’entraînement qu’il a effectué avec ses collègues de la Seleção la veille de son jubilé. En fin de carrière, il avait déjà du mal, mais depuis qu’il a pris officiellement sa retraite le jour de la Saint-Valentin, il est définitivement fâché avec son corps. Pourtant, il ne s’est pas totalement laissé aller. Il a même entamé une sorte de cure de remise en forme : « Ça fait deux semaines que j’ai commencé une mini-préparation pour ce match. Après chaque entraînement, je devais me reposer pendant toute la journée parce qu’avais mal partout » . D’ailleurs, après l’entraînement de mardi, il s’est pris une bonne piquouse d’anti-inflammatoires : « De toute façon, comme j’ai arrêté, je n’ai rien plus rien à craindre des contrôles antidopage » , a-t-il blagué.
Juste avant le coup d’envoi du match d’hier soir, les caméras sont déjà sur lui alors qu’il n’est pas encore sur le terrain. En un coup d’œil, on s’aperçoit qu’il a encore pris un paquet de kilos depuis son dernier match. Papa gâteau, il assiste aux trente premières minutes de la rencontre dans le vestiaire, aux côtés de ses deux fils, Ronald, 11 ans, et Alexander, 6 ans, qu’il a reconnu en décembre dernier, fruit d’une aventure avec une serveuse à Singapour. L’aîné, qui est déjà presque plus grand que son père, n’en perd pas une miette et passe son temps à filmer en premières loges les derniers pas du “Fenômeno” sous le maillot de la Seleção.
« Que les Dieux du foot soient avec toi »
A la 28e, Ronaldo s’engage enfin dans le tunnel et semble perdu devant les quelque 40 0000 fans qui lui réservent une standing ovation, dans ce stade Pacaembu où il a disputé ses derniers matchs officiels avec les Corinthians. Il regarde autour de lui, hébété, entre rires et larmes. Après 29 minutes et 45 secondes d’un match plutôt moyen, le quatrième arbitre profite d’un coup-franc en faveur des Roumains pour annoncer le remplacement tant attendu : le 9 remplace le 19. Fred, tout heureux d’avoir profité de la demi-heure qu’il a passée sur le terrain pour marquer le seul but de la partie sur un caviar de Neymar, s’incline devant la star du jour. Le meilleur buteur de l’histoire de Coupes du Monde entre sur le terrain avec la bénédiction de Galvão Bueno, commentateur star de la TV Globo : « Que les Dieux du foot soient avec toi, Ronaldo » .
Malheureusement, ses prières ne seront pas exaucées. Il faut attendre deux minutes pour que l’enfant de Bento Ribeiro reçoive son premier ballon. Plutôt que de partir en dribbles, il préfère jouer à une touche de balle. Quand les Roumains ont le ballon, il reste calé sur le rond central. Et sur les phases offensives brésiliennes, pas question de faire des appels : il passe son temps à marcher à deux à l’heure à la limite du hors-jeu en attendant une passe providentielle.
Tatarusanu gâche la soirée
Et comme par hasard, c’est Neymar qui lui glisse une première offrande au bout de cinq minutes. En deux coups de patte subtils, Ronaldo avait contribué à construire cette belle action qui finira dans ses pieds, à deux mètres du but. Pas de chance, sa reprise est stoppée par le gardien Tatarusanu. A la 39e, Neymar, encore lui, s’infiltre dans la surface et décale Ronado sur la gauche. Les Roumains ne se donnent pas la peine de le marquer et il ne lui reste qu’à enrouler une bonne vieille frappe décroisée comme il l’a fait des dizaines de fois… Caramba, encore raté ! Il foire complètement son tir, qui s’envole en tribunes.
Deux minutes plus tard, le petit prodige de Santos, qui s’est juré de faire marquer celui qui l’a déjà adoubé et désigné comme son successeur, met une nouvelle fois à l’amende la défense roumaine. Sur une contre-attaque amorcée par Lucio, il déborde sur la droite, met le pied sur le ballon en attendant que Ronaldo traîne sa grosse carcasse jusqu’à l’entrée de la surface, avant de lui offrir un amour de centre en retrait. Cette fois-ci, la frappe est cadrée, mais Tatarusanu prend un malin plaisir à se détendre de tout son long pour gâcher la soirée. Le gardien roumain a beau se faire engueuler par Galvão Bueno, la messe est dite. Ronaldo ne marquera pas pour son dernier match. Il en est le premier désolé : « J’ai eu trois occasions de but, mais je n’ai pas réussi à marquer, pardonnez-moi » , a-t-il balbutié au micro du stade au terme d’un interminable tour d’honneur. « Je vous remercie pour ce que vous avez fait pour moi pendant toute ma carrière. Quand j’ai pleuré, vous avez pleuré aussi et quand j’ai souri, vous aviez le sourire » . Et hier soir, ses fans avaient du mal à retenir une petite larme…
Louis Génot, à Rio de Janeiro
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