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Le Portugal et la galère des qualifications

par Alexandre Pauwels et William Pereira
6 minutes
Le Portugal et la galère des qualifications

C’est un fait : depuis 2008, le Portugal galère dans tous ses éliminatoires. Toujours deuxième de poule, il perd toujours des points face à des petits, et finit toujours par se qualifier à l’arrache en barrages. Mais curieusement, une fois arrivés dans ladite compétition, les copains de Cristiano Ronaldo carburent. En voilà, un drôle de paradoxe.

Ce vendredi, dans le cadre de son groupe F des éliminatoires du Mondial brésilien, le Portugal se déplace en Israël. Sur le papier, la Selecção est largement favorite. Sauf qu’avec elle, depuis un certain temps, il vaudrait mieux se garder de faire le moindre pronostic. Surtout en phase éliminatoire. Jugez plutôt : depuis l’Euro 2008, les Portos se sont toujours qualifiés pour les compétitions continentales et internationales en terminant deuxièmes de leur poule de qualification, derrière des sélections a priori plus faibles – la Pologne et le Danemark par deux fois – et ce, en lâchant des points face à des formations encore plus faibles. Au choix, on retrouvera au menu l’Arménie, la Finlande, l’Albanie, la Norvège, Chypre. Le pire, c’est que cette tendance se confirme encore aujourd’hui, dans ces éliminatoires pour le Mondial 2014. Outre une défaite en Russie, le Portugal a partagé les points à domicile face à l’Irlande du Nord, et a manqué de se faire surprendre par le Luxembourg. Déjà largués à cinq points de la première place, les Lusitaniens sont au pied du mur, et une défaite en Israël les plongerait dans le doute. Mais on en viendrait presque à croire qu’ils aiment se retrouver dans pareille situation.

Génération moins talentueuse

« Il y a un proverbe que le Portugal ne respecte pas : « Ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd’hui ». Les joueurs se laissent aller jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’ils sont au bord du gouffre. Comme c’est le cas aujourd’hui. Mais tant qu’ils ne sont pas en danger, ils ne se bougent pas. Un jour, ça va finir par leur retomber dessus. » Almiro Ferreira, journaliste pour le Jornal de Noticias, acquiesce à l’évocation d’un « problème d’éliminatoires » pour la sélection portugaise. Un problème récurrent, que l’on situe donc aux débuts des qualifications pour l’Euro 2008, mais qui prend en réalité ses racines le soir du 5 juillet 2006. Date où le Portugal est sorti en demi-finale d’un Mondial par la France. Le soir où les derniers vestiges d’une génération dorée, à savoir les Figo et Pauleta, diront adieu à la sélection. Oui, la Coupe du Monde 2006 est un véritable tournant, dans l’histoire de la Selecção. Parce que la génération qui s’est éteinte ce soir-là est de loin la meilleure qu’ait connue le Portugal, même si celle d’Eusébio a fait mieux en 1966. Les Figo, les Rui Costa, Fernando Couto, Sergio Conceiçao… Ces joueurs ne faisaient pas de cadeaux, aux Norvégiens et Finlandais. Et si la génération actuelle en fait, c’est que quelque part, elle est moins talentueuse. Alors oui, il y a Cristiano Ronaldo. Un joueur extraordinaire. Mais un joueur qui, en sélection, n’est pas aussi bon qu’avec le Real. La raison est simple : sans numéro 9 de qualité – Helder Postiga ? Qui ça? – CR7 veut tout faire. Une activité pas franchement concluante, d’autant qu’il assume de manière maladroite le statut de leader qui est sien. « Cristiano Ronaldo est respecté et charismatique. Il est écouté au sein de la sélection. Le seul problème, c’est qu’il se croit au-dessus de ses coéquipiers. Il croit qu’il est obligé de tout faire sur le terrain, et au final, il ne fait pas grand-chose. Le Cristiano Ronaldo du Portugal, c’est 10% de celui qui joue au Real Madrid. Sauf lors du dernier Euro » continue Almiro Ferreira.

Génération moins talentueuse que la précédente, peut-être. Mais il y a aussi l’environnement de cette équipe, qui pourrait expliquer des résultats en berne lors de ces éliminatoires. La tâche de sélectionneur, déjà, puisque trois techniciens se sont déjà succédé sur le banc depuis 2008. Une instabilité qui, couplée aux aléas du calendrier international – on se voit quatre fois par an pour deux semaines, sympa les vacances – n’aide pas forcément. Il y a les supporters, aussi, les Portugais s’intéressant davantage à leurs clubs qu’à la sélection nationale et à ses matchs peu sexy face au Luxembourg. Alors oui, ces explications tiennent la route. Mais le caractère persistant d’une telle tendance, au regard de la qualité qui subsiste tout de même dans ce groupe, tient davantage au mental. A quelque chose qui dépasse le football. A un statut, au final.

« Le Portugal fait un complexe de supériorité »

Se pose en effet la question de savoir si les Portugais n’ont pas un sérieux problème avec le concept de « favori » . C’est du moins ce que pourraient signifier des résultats qui frôlent la schizophrénie, cette équipe étant donc capable de faire un nul contre le Gabon en amical, et d’emmerder l’Espagne championne du monde dans une compétition majeure quelques semaines plus tard. Quoi, alors ? La Selecção a du mal contre les petits mais pas contre les gros, donc elle se sentirait mieux dans un statut d’outsider ? Pas vraiment, selon notre journaliste portugais : « Je ne dirais pas que le Portugal n’assume pas son statut de favori. Au contraire ! Le Portugal fait un complexe de supériorité contre les petites équipes. Du coup, ils les sous-estiment. Le Portugal qui joue lors des qualifications pour la Coupe du Monde n’a rien à voir avec celui qui bat les Pays-Bas ou le Danemark lors de l’Euro. Quand on regarde le match contre l’Irlande du Nord, ils sont à peine concentrés. Et puis en règle générale, ils encaissent beaucoup trop de buts contre les petites équipes, notamment en début de match. Après, forcément, les autres n’ont plus qu’à défendre. »

Serait-ce donc une forme d’arrogance, qui anime CR7 et ses coéquipiers à l’heure d’entrer sur la pelouse face à un petit ? Certainement. Car on le redit, il n’y a là-dedans aucune logique de résultats. La sélection portugaise sera toujours supérieure à celle d’Israël. Mais elle peut perdre ce match avec un schéma qui se répète inlassablement, au fil des années et des éliminatoires : un but encaissé tôt, un manque d’envie, de percussion, de réalisme et enfin, un CR7 qui tente tout et n’importe quoi pour se muer en sauveur, en vain. Ce Portugal, moins solide qu’avant, demeure très fort. Avec sa capacité de réaction, sans doute se qualifiera-t-il pour le prochain Mondial. Sans doute en passant par ces fameux barrages. Sans doute en éclatant la Bosnie. Peut-être même qu’il fera un joli parcours au Brésil en éliminant un ou deux favoris. Mais gare. Pour revenir à la question de génération, la suivante se trouve bouchée par la politique de recrutement branchée « Amérique latine » des clubs lusitaniens. Les Caetano (Paços de Ferreira) ou Nélson Oliveira (Benfica, prêté à La Corogne), héros du Portugal finaliste du mondial U20 de 2011, ont beau avoir un énorme potentiel, ils pourraient ne jamais éclore. La faute à James Rodriguez, Cardozo, Enzo Pérez et bien d’autres. Loin de la génération dorée, celle qui succèdera à Cristiano Ronaldo est donc vouée à souffrir. Et ce ne sera plus une question de mental, cette fois-ci.

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