Le lundi, c’est Canaris !
Le Nantes-Monaco en Coupe de la Ligue de la semaine dernière avait un air de L1. Mais la défaite 3-2 des Nantais, après avoir mené 2-0, a remis les pendules sur les i : les Canaris sont bel et bien en L2. Pourtant, au premier quart de championnat, leur bon parcours appellerait une rectification : les Canaris sont « presque » en L1.
OK, ne nous emballons pas : en foot rien n’est acquis. Qui rit lundi pleurera mardi, un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras » , il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant les soldes, etc. Mais, bon, le constat s’impose : Nantes a réussi ses débuts en L2.
2ème avec un point de retard sur le leader, Le Havre, avec un match en moins, joué ce soir chez un « gros » , Grenoble. En 8 matches : 6 victoires, 1 nul et 1 perdition.
Meilleure attaque avec 18 buts et meilleurs buteurs avec Dossevi et Shereni (5 buts),
suivis de Bagayoko (4 buts). Nantes est solide. Nantes est largement dans les temps et se conforme à la règle n°1 de la F1 valable en L2 : se placer en pole position dès le départ, seul ou accompagné, et faire la course en tête jusqu’au drapeau à damier. Des deux autres condamnés, Troyes et Sedan, les Aubois assurent à la 3ème place tandis que les Sangliers sont décrochés (12ème).
Bien joué, les Nantais, donc.
On avait émis quelques craintes à l’entame de cette première Saison en Enfer. Des craintes justifiées par les performances d’avant-saison (3 buts en 4 matches de préparation), un chassé-croisé maousse, entre départs et arrivées de joueurs, propre à déstabiliser un effectif dans le brouillard et puis surtout l’arrivée de Mr Kita, le nouveau résident du FCNA.
Outre le licenciement express de N’Doram, début juillet, la menace d’éviction hyper violente de Michel Der Zakarian au profit de JPP, la veille de la reprise, aurait pu envoyer le club dans le décor. Mais la victoire 5-0 sur Reims en premier match à la Beaujoire en folie (27 000 spectateurs !) a balayé les doutes. JPP s’est effacé et Der Zakarian s’est retrouvé légitimé. Pour l’instant du moins. Car il y a du Abrahamovitch chez Waldemar Kita, capable de faire le dos rond en attendant une mauvaise passe pour se débarrasser d’un coach qu’il apprécie moyennement.
Le management de Kita alterne entre gifle et caresse. Malgré le plus gros budget de L2 (27 Millions d’Euros), il prend soin de faire partager aux joueurs la cure d’austérité imposée au club. D’où le déplacement en car (9 heures aller/retour pour la virée à Châteauroux, succès 2-1, lors de la deuxième journée). Le boss a néanmoins doublé la prime (1000 euros la victoire, cette saison, alors que l’an dernier c’était 1000 euros le point) pour avoir vaincu l’équipe à Denisot.
Pour l’instant, Nantes ne s’est pas trompé dans le recrutement, condition essentielle pour viser la remontée. Nantes a visé juste en allant piocher du solide, de l’expérimenté et du revanchard ! Notamment en milieu de terrain, la ligne forte de l’équipe-type. David De Freitas a bien confirmé. Venu d’Amiens où il était considéré comme le meilleur milieu de L2 l’an passé, il fait partie des titulaires indiscutable. Mais c’est surtout le Zimbabwéen Harlington Shereni, arrivé de Guingamp, qui a boosté le FC Nantes : puissant, bon de la tête, buteur. Idem pour le Togolais Thomas Dossevi, milieu offensif ou attaquant, arrivé de Valenciennes et auteur lui aussi de 5 buts. Shereni (32 ans), Dossevi (28ans), De Freitas (28 ans) et Moullec (27 ans, en provenance de Lorient) sont venus renforcer au milieu les deux autres tauliers d’expérience, Capoue (25 ans) et le surprenant Frédéric Da Rocha (33 ans), toujours dans le coup !
Devant, Der Zakarian a relancé Goussé (31 ans), ex-Istres (L2) et chômeur à
l’intersaison, auteur du “triplé détonateur” contre Reims. Der Zak’ a surtout énormément insisté pour aller récupérer le Malien Mamadou Bagayoko (28 ans), prêté et perdu à Abu Dhabi, et dont les dirigeants nantais ne voulaient plus. Il est aujourd’hui le fer de lance de l’attaque nantaise, avec 4 buts au compteur.
En défense, c’est plus jeune mais costaud. Les latéraux Maréval (24 ans, arrivé de Tours), à gauche et le vieux briscard Olivier Thomas (33 ans, from Le Mans) font le boulot avec les deux axiaux “du cru”, Pierre (26 ans) et Guillon (25 ans). Dans les buts, Tony Heurtebis (32 ans) a fait oublier le (mauvais) feuilleton Barthez.
Du solide, de l’expérimenté et du revanchard. Exit la jeunesse, jugée trop
tendre pour tremper dans le marigot de durs crocos qui infestent la D2 ! L’attaquantDimitri Payet (20 ans, 30 matches et 4 buts l’an passé) a été transféré chez les Verts. Le défenseur Kevin Das Neves (21 ans, 9 matches l’an passé) n’a pas joué, ainsi que le milieu prometteur William Vainqueur (18 ans et 9 matches l’an passé). Statut à peine différent pour Keserü (20 ans, 22 matches et quatre buts en 2006-07) : cette saison, 5 matches en tant que remplaçant. Et le jeu à la nantaise, dans tout ça ? Der Zakarian avait prévenu à l’intersaison : « Rigueur, discipline, et combativité. Je me contenterai bien de gagner 1-o si la montée est au bout. Je me moque de bien jouer, pourvu que l’on prenne des points » . Dont acte.
A Nantes, ça va comme un lundi. C’est-à-dire que tout va très bien because le lundi, c’est le match décalé retransmis par Eurosport. En huit matches, les Canaris ont joué 5 fois le lundi. Comme ce soir, comme la semaine prochaine, le 8 octobre, Dijon-Nantes.
Un statut privilégié (exposition médiatique + droits TV) qui l’assimile curieusement à un club de L1. Mais un statut qu’il va falloir assumer avec du souffle car les Nantais n’ont pour l’instant réussi que le premier sprint d’une longue course d’endurance au milieu deconcurrents au moins aussi pressés qu’eux de remonter : Le Havre, Troyes, Montpellier, Grenoble.
Rendez-vous à la trêve.
Chérif Ghemmour
Par
