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Le jour où les New England Revolution ont maîtrisé un streaker terroriste

Par Adrien Rodríguez Ares
Le jour où les New England Revolution ont maîtrisé un streaker terroriste

Cela aurait pu être un vol sans histoires de plus dans la vie des footballeurs des New England Revolution. Mais un drôle de type en chemise verte a embarqué...

« Feel I’m goin’ back to Massachusetts… » En ce mois de juillet 2008, les voix nasillardes des Bee Gees résonnent dans l’aéroport de Boston, sans divertir des voyageurs qui s’ennuient ferme. Les contrôles de sécurité sont devenus fastidieux et poussés depuis que deux avions décollèrent de ce même aéroport pour s’encastrer quelques heures plus tard sur les tours du World Trade Center, à New York. Sept ans plus tard, la psychose n’a pas quitté le pays, et les joueurs des New England Revolution se plient patiemment aux interminables contrôles administratifs. Si certains tuent le temps avec leurs derniers bijoux technologiques, d’autres feuillettent une presse qui leur consacrera leurs unes le lendemain. Car le vol 725 pour Los Angeles dans lequel ils s’apprêtent à embarquer ne sera pas un vol ordinaire…

L’homme à la chemise verte

C’est dans la salle d’embarquement qu’un individu étrange se signale une première fois. Sourire aux lèvres, il passe en revue l’équipe du regard et fixe longuement le staff. Craig Tornberg, manager du club, remarque immédiatement cet homme âgé d’une vingtaine d’années, vêtu d’une chemise verte. À son accoutrement, le manager en déduit qu’il s’agit d’un fan de la sélection mexicaine qui a reconnu l’équipe et veut la provoquer. Cela arrive parfois. L’avion décolle sans problème, mais Craig Tornberg n’est pas rassuré. Fréquemment, il jette un coup d’œil en direction de l’homme à la chemise verte. Ce dernier se lève et se dirige vers les toilettes. Un long laps de temps s’écoule, et le jeune homme réapparaît, délesté de ses vêtements. Scène surréelle, il se promène nu dans l’appareil, sous le regard médusé des autres passagers. Un vieux fantasme à assouvir ? Craig Tornberg, pense, lui, à un attentat. Un attentat à la pudeur. Il le saisit et l’emmène jusqu’au fond de l’appareil. Un steward le rejoint et jette une couverture sur l’anatomie exhibée. L’homme tient des propos incohérents et semble se moquer de lui : « Je ne t’entends pas, je ne te vois pas », répète-t-il à Tornberg. Avant de se rhabiller. À peine gêné, il regagne sa place quelques instants plus tard. Le manager ne le lâche pas du regard. Un quart d’heure plus tard, l’homme à la chemise verte se relève et se dirige à nouveau vers les toilettes. Fausse piste. Appel, contre-appel. Le jeune homme s’engouffre dans la profondeur de l’allée jusqu’à l’issue de secours, qu’il tente d’ouvrir. La bonne humeur fait place à la panique. Craig Tornberg, secondé par le directeur du club et l’entraîneur assistant, se rue sur le terroriste en herbe dans un violent plaquage qui doit plus au football américain qu’au soccer.

Appel, contre-appel, le jeune homme s’engouffre dans la profondeur de l’allée pour arriver jusqu’à l’issue de secours, qu’il tente d’ouvrir.

Happy end

Une fois maîtrisé, le streakerterroriste est solidement attaché à son siège. À la manière d’un élève de l’Actors Studio, il passe alors en revue toutes les émotions possibles. Il crie, rit, pleure, alternant inepties – « Un miracle va arriver ! » – et les remords – « Je suis désolé, je n’aurais pas dû faire ça. » L’entraîneur des New England Revolution donne ses consignes. Deux des joueurs les moins commodes de son effectif, un gardien de but teigneux aux faux airs de Jaap Stam et un milieu défensif réputé pour ses tacles rugueux, sont chargés de le marquer à la culotte. Le vol est détourné vers Oklahoma City, où l’avion atterrit en urgence. Arrêté par le FBI, le jeune homme subira une analyse psychiatrique avant d’être interrogé. Le porte-parole du FBI félicitera les footballeurs pour leur courage et leur sang-froid, tout en rappelant qu’il est impossible d’ouvrir les issues de secours lorsque l’avion est en vol. Qu’importe, les Revs accèdent éphémèrement au statut de héros. Dans le Boeing qui décolle enfin pour L.A., ils signent des autographes et prolongent leur quart d’heure de gloire. Deux semaines plus tard, ils remporteront la SuperLiga en disposant du Houston Dynamo, au terme d’une longue séance de tirs au but.

Article paru dans So Foot n°60, novembre 2008

Par Adrien Rodríguez Ares

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