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Le jour où Gueugnon a remporté la Coupe de la Ligue

Par Kevin Charnay
Le jour où Gueugnon a remporté la Coupe de la Ligue

Il y a 16 ans jour pour jour, Gueugnon, alors en Ligue 2, faisait tomber le grand PSG en finale de la Coupe de la Ligue. Le point final d'une aventure extraordinaire pour le club d'une petite ville de 8 000 habitants.

On joue la 90e minute. Les Forgerons mènent 1-0 depuis un peu moins d’une demi-heure face au Paris Saint-Germain. La défense de Gueugnon se dégage un peu n’importe comment. Le ballon arrive comme par miracle dans les pieds de Sylvain Flauto, fraîchement entré en jeu. Il accélère, se joue de quatre défenseurs parisiens, dont Pierre Ducrocq et Aliou Cissé, avant de tromper Dominique Casagrande d’une frappe croisée du pied gauche. 2-0. C’est fait, Gueugnon est le premier club de Ligue 2 à remporter la Coupe de la Ligue. « Amara Traoré, notre capitaine, était persuadé qu’on allait gagner. Il avait presque un côté gourou sénégalais(rires). Il nous a donné cette énergie positive en nous répétant sans cesse que c’était écrit. Si bien que trois heures avant le match, on réfléchissait à la manière dont on allait diviser nos primes de victoire avec les absents » , se souvient Richard Trivino, le gardien. Une sérénité et une confiance en soi qui ne quitteront jamais les Forgerons.

« On ne retient que le nom du vainqueur »

À l’arrivée dans les travées du Stade de France, l’atmosphère ressemble à celle des grands soirs. « Je me rappelle qu’on avait hérité du vestiaire de l’équipe de France. Ça faisait bizarre, mais ça ne pouvait qu’être un signe positif. J’ai vu le regard de tout le monde, on avait envie de créer un exploit » , raconte Eric Boniface, aligné au milieu de terrain ce soir-là. Les joueurs semblent assez relâchés. Il faut dire que la pression, ce n’est pas eux qui l’ont sur les épaules. C’est le PSG, ultra-favori, qui n’a pas le droit à l’erreur. Dans la tête de beaucoup d’observateurs, l’affaire est déjà pliée. « J’avais fait RMC quelques jours auparavant. Bon, c’était pas fait, mais presque selon eux » , s’amuse Richard Trivino. Et puis, les journalistes ne les sollicitent pas vraiment, ils sont trop occupés à raconter l’autre belle histoire de cette saison 1999-2000, celle de Calais en Coupe de France. Le discours d’Alex Dupont se veut rassurant. « Il n’a pas dit grand-chose. Seulement que ce qu’on avait fait était déjà extraordinaire, qu’il était fier de nous. Mais que maintenant, il fallait gagner, car on ne retenait que le nom du vainqueur. Il voulait avant tout qu’on profite, qu’on se fasse plaisir » , se rappelle Boniface.

Les Forgerons entrent donc sur la pelouse du Stade de France sans complexe d’infériorité, le couteau entre les dents. Après tout, cette année, ils ont déjà tapé Marseille au Vélodrome (4-3), mais aussi Strasbourg et Toulouse. D’entrée de jeu, Stéphane Roda est très remuant sur tout le front de l’attaque. Dès la 6e minute, l’attaquant gueugnonnais oblige Casagrande à se détendre pour intercepter un centre très dangereux. Quelques minutes plus tard, le gardien parisien doit se laisser aller à une sortie aérienne suicidaire sur un long ballon de Marcelo Trapasso. Gueugnon domine les Parisiens. « On n’avait pas de plan particulier pour contrer tel ou tel joueur. On connaissait nos forces, on a voulu jouer notre jeu comme face à n’importe quel adversaire. Seul Jay-Jay Okocha semblait capable d’inventer un truc à tout moment » , explique Trivino. « On n’avait pas peur d’eux » , renchérit Boniface. Les occasions se multiplient pour le club de Gueugnon, et les frappes de Roda et Traoré tutoient les montants parisiens.

« Il y a des jours où rien ne peut vous arriver »

À la mi-temps, pendant qu’une poule se balade sur la pelouse du Stade de France, les hommes d’Alex Dupont retournent aux vestiaires satisfaits de leur première mi-temps. « Plus on tenait le 0-0, plus on les faisait douter, surtout en se procurant des occasions. La pression est encore plus sur eux » , raconte Boniface. Mais l’entraîneur des Forgerons et le capitaine Amara Traoré ne sont pas de cet avis. « Ils ont poussé un sacré coup de gueule, surtout Alex. Ils disaient qu’on avaient loupé le coche, que quand on avait des occasions dans ces matchs-là, il fallait les mettre au fond. Ça nous a été bénéfique je crois, on est revenus sur la pelouse en étant sûr de l’emporter » , se souvient Trivino. Le savon d’Alex Dupont porte ses fruits. À l’heure de jeu, Nicolas Esceth-N’Zi lâche une énorme frappe des 30 mètres, repoussée par Casagrande dans les pieds de Marcelo Trapasso. L’Argentin ne laisse pas passer sa chance et marque dans le but vide. Son premier but de la saison, d’une importance capitale. C’est maintenant l’heure du show Trivino.

Muni du slip de son capitaine Traoré qu’il porte à chaque match de Coupe de la Ligue depuis les quarts de finale, Richard Trivino est infranchissable. Christian et Ali Benarbia butent sur lui tour à tour. « Il y a des jours où rien ne peut vous arriver » , explique modestement l’ancien portier des Forgerons. Il faut dire que l’histoire du gardien de 22 ans est belle. Avec seulement quelques apparitions dans les pattes en Ligue 2, il est normalement la doublure de Philippe Schuth. « Je devais jouer la Coupe de France et lui la Coupe de la Ligue. Mais avant les quarts de finale, il s’est blessé. J’ai donc pris sa place pour ce match et pour la demie contre le Red Star. Dans ce match, je met le penalty de la victoire au bout du bout de la séance de tirs au but. Alors, même si Philippe s’était remis à temps pour la finale, Alex ne pouvait pas ne pas me faire jouer(rires) » , raconte, rieur, Richard Trivino. À un quart d’heure du terme, le jeune gardien réalise un triple arrêt impressionnant, devant Laurent Robert et Laurent Leroy.

« Il me faudra trois jours pour réaliser »

Et puis arrivent cette dernière minute et ce coup de boutoir de Sylvain Flauto. « Il y avait de l’euphorie, mais les cadres ont su calmer tout le monde tout au long du match. Il ne fallait pas s’enflammer. Cette sérénité que l’on a eue tout au long du match, les Parisiens l’ont ressentie, je pense. Ils étaient impuissants » , se félicite Boniface. Au coup de sifflet final, c’est la libération. Les Forgerons n’en finissent plus de faire des tours d’honneur. Eric Boniface, au micro de France Télévisions, ne réalise pas encore l’exploit qu’il vient d’accomplir. « Il me faudra trois jours, et le retour à Gueugnon pour me rendre compte qu’on l’avait fait » . Ensuite, tout s’accélère, la fête dans les vestiaires, puis au Moulin Rouge, puis dans une boîte de nuit parisienne. Le lendemain matin, les joueurs sont invités sur France 2, Canal+, et Téléfoot. « Les Parisiens avaient reçu l’invitation de TF1 depuis des jours. Nous, non, ils nous ont appelé au dernier moment » , pique Richard Trivino. Le lendemain, les Gueugnonnais restent encore à Paris pour la cérémonie des Oscars du football à Disneyland. Ils devront attendre mardi pour revenir à la maison. Et présenter la Coupe devant 13 000 supporters du club au stade Jean-Laville. Et redistribuer les primes aux absents, comme ils l’avaient prévu depuis le début.

Par Kevin Charnay

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