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  • France/Brésil (1-1, 4-3 tab)

Le chant du cygne

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Le chant du cygne

Un 21 juin, alors que la fête de la musique envoie les Français dans la rue, la France et le Brésil offrent un récital de football-art à Guadalajara. Une apothéose qui fera office de chant du cygne pour la génération Platini.

L’affiche ouvrait les quarts de finale. La lutte entre les deux plus belles vitrines du jeu offensif promettait. Mais personne n’avait imaginé qu’il s’agirait d’une partie si inspirée, d’un moment extatique rentré sans attendre dans l’Histoire du genre football. Un long moment : deux heures de jeu affranchies de tout égoïsme et esprit de spéculation. Deux heures lors desquelles les deux harmonieux ensembles ont rivalisé dans leur respect pour le bon maniement du ballon. A l’exception d’un Brésil traumatisé et d’une France cocardière, la presse mondiale célébra un match qui aurait dû consacrer deux vainqueurs, une apogée du football romantique, qui peut aussi être aujourd’hui considéré comme son testament.

En 20 jours, le panorama s’était considérablement éclairci pour les deux sélections. La laborieuse entame des Bleus face au Canada (1-0) ressemblait à présent à un faux démarrage accidentel. Quant au Brésil, il avait fini par déployer son football-samba lors de son dernier match de poule face à l’Irlande du Nord (3-0) pour enfin et écarter le vent de la polémique qui soufflait fort après sa victoire sur l’Espagne (1-0). Avec un but valable refusé à Michel, et la seule réalisation de la partie accordée à Socrates, malgré un hors-jeu manifeste, l’arbitrage avait révolté jusque le propre leader de la démocratie corinthiane. « Ces décisions montrent que nos matches et ceux du Mexique sont arrangés afin nous arrivions le plus loin possible » s’était indigné le barbudo brésilien.

Malgré quatre victoires en autant de matches, aucun but encaissé, et une Pologne atomisée en huitièmes de finale (4-0), le Brésil montrait davantage de signes de divisions que d’unité à l’aube de livrer sa plus belle représentation du Mondial. Telê Santana allait même jusqu’à stigmatiser publiquement ses propres joueurs, qualifiant Junior et Socrates de « lents » . Et Pelé ne cessait d’écorner ceux qui avaient pour mission de faire du Mexique le lieu d’un nouveau sacre vert et jaune, après le triomphe de 70. La nervosité était palpable et la sécurité brésilienne s’en prenait véhément à des journalistes français venus filmer un match d’entraînement de la sélection contre une équipe locale, comme s’il s’agissait d’espions d’Henri Michel.

Le génie Platini et Luis le p’tit bonhomme

A Guadalajara, le Brésil évoluait cependant à la maison. Les habitants de la deuxième ville du Mexique conservaient un souvenir émerveillé de la seleçao millésimée 70, qui y avait disputé tous ces matches à l’exception de la finale. Les « Brasil » comme les « Pelé » ponctuaient chaque entraînement de Zico et consorts. Côté français, Michel Hidalgo, qui pouvait revendiquer la parenté du carré magique, annonçait une France mâture et favorite. « Platini est tout simplement un génie et un génie ne peut pas être marqué » louait pour sa part Socrates. Un génie qui donnait une bouffée d’air frais à la France en égalisant à la 40e minute. Comme en 82 face à l’Italie, une seleçao supérieure oubliait de concrétiser. Derrière l’ouverture du score de Careca (14e), bénéficiaire d’un double une-deux d’illusionniste entre Muller et Junior, le Brésil restera muet. Les auriverde bénéficiaient pourtant d’un pénalty, mais Zico, qui venait d’entrer en jeu et de lancer au but Branco sur son premier ballon, butait sur un Joël Bats en mode gladiateur.
« Les joueurs viennent pour se divertir et gagner » avait annoncé Henri Michel. Malgré le péril jaune et vert, les Bleus refusèrent de vendre leur âme romantique, ne fermant jamais le jeu. Cette lutte épique, dénuée de cynisme, trouvait son symbole dans les dernières minutes de la prolongation, quand Bellone résistait à la charge du portier brésilien plutôt que de s’effondrer pour le faire expulser. Victimes des impitoyables allemands et italiens quatre ans plus tôt, France et Brésil semblaient ne toujours pas avoir compris que l’esprit chevaleresque ne collait pas aux années 80. En France, la soirée commençait à peine au moment de la séance de tirs aux buts. C’était fête de la musique. C’était samedi soir. C’était aussi l’anniversaire de Michel Platini, et dans un Hexagone, encore loin d’être converti au culte bleu, les musiciens du dimanche couvraient l’écho de l’impitoyable épreuve qui allait séparer les deux ensembles idéalistes. La soirée était trop belle, et Platini touchait le ciel, mais Fernandez, le plus terre-à-terre de la bande à Michel, visait juste, tirant sans le savoir un trait sur une époque.

Le résumé, côté brésilien

Le match en intégralité !

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