L’Athletic, de nouveau accroché à ses basques
L'année dernière l'Athletic a réalisé une bonne saison. Autrement dit le club n'a pas dû lutter jusqu'à la dernière journée pour se maintenir. Et de nos jours, c'est déjà pas mal pour une équipe aux caractéristiques autarciques comme Bilbao.
Si le club a pu voir venir en se plaçant bien confortablement dans le
ventre mou du classement c’est surtout, et avant tout, grâce à sa jeunesse. Une filière uniquement composée de basques et de leurs descendants. Un attachement à une tradition séculaire qui avait de plus en plus de mal à résister à la tentation « étrangère » . L’actuel coach, Joaquin Caparros avait même laissé entendre il y a quelques temps, que « l’Athletic devait savoir un jour ou l’autre vivre avec son temps » , autrement dit acheter des joueurs étrangers, ou pire encore, espagnols… Quelque part le coach andalou avait raison, puisque pour la première fois de son histoire les Rojiblancos arboreront cette saison un sponsor sur leur maillot, celui de la raffinerie basque Petronor. Il faut vivre avec son temps…
Une concession nécessaire, mais triste à la fois, qui prouve néanmoins que le club sait s’adapter à son époque, et donc mettre de coté sa fierté pour assurer son avenir, au moins financier.Le maillot souillé de publicité, il faudra attendre encore un peu avant de voir des cariocas débarquer à San Mames. Cette transition presque inimaginable il y a quelques années existe pourtant déjà au sein même des « Leones » . Elle s’appelle
Amorebieta, et joue dans l’axe central de la défense. Né au Venezuela, d’un père joueur de pelote basque, le jeune Fernando a été l’année dernière le garant de la tranquillité d’un club ou le mot défense ne voulait plus rien dire.
Finalement pas convoqué par Aragones, Amorebieta aurait pu choisir la sélection vénézuelienne, mais non. Il jouera pour l’Espagne de Del Bosque, après que ses dirigeants le lui aient conseillé, presque exigé : passe encore pour qu’un basque français comme Lizarazu soit dans le groupe, mais pas de sud-américain. En tout cas pour le moment. Convoité par Arsenal, Liverpool ou encore le Real, Amorebieta a redonné ses lettres de noblesses à une espèce quasiment en voie d’extinction : les grands défenseurs basques à l’ancienne, tranchant, dur sur l’homme, mais véritable verrou sur crampon.
Il a également prouvé à lui tout seul que le centre de formation de Lezama pouvait encore produire des tauliers pour l’équipe professionnelle. En équipe de jeunes, pourtant, le grand gaillard au visage d’ange n’avait pas vraiment tapé dans l’œil des entraîneurs. Trop
impétueux, rapidement déconcentré et souvent expulsé pour ses tacles criminels, Amorebieta ne correspondait pas vraiment à ce que l’on appelle une « promesse » . Néanmoins, Il est désormais le titulaire le plus jeune de la Liga à son poste, et procure à San Mames des râles de plaisirs à chaque fois qu’il force un peu trop sur ses tacles. Excellent dans le jeu aérien, explosif dans la récupération et difficile à franchir dans le un contre un, il est aujourd’hui avec Llorente, et Iraola, l’Athletic du futur.
Celui d’un club, qui n’a plus peur du ridicule en continuant à chercher des talents uniquement dans le pays basque, et qui fournit de nouveau, des joueurs à la Seleccion championne d’Europe en titre.
Javier Prieto-Santos
Athletic-Valladolid, Dimanche à 17h.
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