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La Liga Russe

Par Adrien Candau
4 minutes
La Liga Russe

Après la chute de l'URSS, le football espagnol se met à accueillir un contingent russe qui ne cessera de s'étoffer au cours des années 1990. Si bien que la Liga devient rapidement le championnat le plus fréquenté par les internationaux de la Sbornaya, après la ligue russe. Un drôle de mariage rendu possible grâce au coup d’œil d'un Basque qui avait fait de l'URSS sa seconde patrie : Ruperto Sagasti.

Ils jouent respectivement à l’Espanyol Barcelone, au Racing Santander et Logroñes. Le plus célèbre d’entre eux, Oleg Salenko, rejoindra même bientôt le Valence FC. Le Mondial 1994 approche, et le sélectionneur russe, Pavel Sadyrin, a dévoilé sa liste de joueurs sélectionnés pour la compétition : parmi les heureux élus, pas moins de six évoluent en Espagne, en première comme en seconde division. L’URSS, pourtant, n’est tombée que depuis trois ans. Mais de nombreux footballeurs russes ont déjà pris leurs cliques et leurs claques direction la péninsule ibérique.

Sagasti, le cœur rouge

De 1988 à la fin des années 1990, pas moins de 25 joueurs russes, et pas des moindres, s’en vont goûter aux plaisirs du football espagnol. Parmi eux, on peut notamment citer Rinat Dassaev, Valeri Karpine, Oleg Salenko ou encore Aleksandr Mostovoï. Une diaspora qui ne doit pas grand-chose au hasard. Le flirt que la Russie post-communiste entretiendra avec la Liga débute en réalité bien indirectement un triste jour de juin 1937. La guerre civile espagnole bat alors son plein, et les civils quittent massivement le pays pour échapper aux horreurs du conflit. Ruperto Sagasti, un frêle adolescent de treize ans qu’on dit déjà doué avec un ballon, est l’un d’eux. Le môme embarque sur un bateau nommé le Habana, qui transporte depuis Santurtzi, une ville du nord-ouest du Pays basque, les réfugiés de guerre jusqu’en France. La destination finale de nombreux camarades d’infortune de Ruperto, mais pas la sienne. Sagasti emprunte en effet dans la foulée une autre embarcation vers une contrée bien plus lointaine : l’Union soviétique.

L’exil, pourtant, ne lui a pas ôté sa passion pour le ballon rond. Débarqué à Leningrad, il émigre rapidement à Odessa, en Ukraine. Là, il se met en évidence au poste d’attaquant au sein de l’équipe d’immigrés espagnols locale. Il est alors repéré par des observateurs russes et intègre le Krylia Sovetov, à Samara, avant de carrément rejoindre le grand Spartak Moscou. Sa carrière s’arrête néanmoins prématurément, en 1952, lorsqu’il subit une grave blessure au genou. Qu’importe, la science du jeu de Sagasti a tapé dans l’œil des Soviétiques, et l’État lui paie même ses cinq années d’études à l’Institut de culture physique de Moscou. Un temple du sport rouge, où il finit même par enseigner, participant ainsi à la formation d’une nouvelle génération d’entraîneurs soviétiques.

L’œil de Moscou

La chute de l’URSS lui permettra ensuite de créer un pont inattendu entre le football espagnol et la Russie post-communiste. Une tâche à laquelle Sagasti ne s’est pas attelé seul, mais avec l’aide d’un autre Basque, l’agent Iñaki Urquijo, qui avait compris le potentiel dormant qui résidait dans le marché des joueurs issus de l’ex-URSS. Sur place, Ruperto déniche les talents locaux et suggère des noms à Urquijo, qui se charge ensuite de rapatrier les joueurs tentés par l’aventure ibérique. Très actif auprès de l’Espanyol Barcelone, Urquijo fait notamment signer au sein du club catalan trois internationaux russes, Dmitri Galiamin, Igor Korneiev et Dmitri Kuznetsov. De son côté, Sagasti n’oublie pas de lui aussi mouiller la chemise et quittera même brièvement la Russie pour servir d’interprète à Rinat Dasaev, le premier footballeur russe à évoluer en Liga, à la suite de sa signature au FC Séville en 1988. Un boulot de traducteur qui sera plus complexe qu’il n’y paraît pour Sagasti : « Ces gens à Séville mangeaient leurs mots, je comprends mieux l’espagnol de ma fille qui est née à Moscou. »

Son association avec Urquijo continue néanmoins de carburer. L’agent basque devient ainsi également très influent au Racing Santander, où sept joueurs russes évolueront dans les années 1990 : Dmitri Radchenko, Ishlat Faizulin, Dmitri Ulianov, Dmitri Popov, Serguei Shustikov, Andreï Sygmanovich et Vladimir Beschastnykh. En 1994 puis 1996, ce seraient aussi sur les recommandations d’Urquijo que Valeri Karpine puis le Tsar Alexander Mostovoi s’engagent respectivement à la Real Sociedad et au Celta Vigo. Sagasti, lui, ne manquera pas de retourner à plusieurs reprises en Espagne, sans jamais s’y réinstaller, étant désormais trop viscéralement lié à cette Russie qui l’avait adopté. Le 25 novembre 2008, il s’éteignait finalement, à l’âge de 85 ans. À Moscou, évidemment.


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Par Adrien Candau

Tous propos issus de Mundo Deportivo et Marca.

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