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  • Coupe du monde 2014
  • 1/4 de finale
  • Colombie/Brésil

La danse de la Colombie

Par Christophe Gleizes
La danse de la Colombie

Depuis le début du Mondial, l'équipe de Colombie se lance dans une chorégraphie endiablée à chaque but marqué. Cette danse de la victoire est bien plus qu'une simple célébration de joie : c'est un hymne au collectif.

« Danser, c’est comme parler en silence. C’est dire plein de choses sans dire un mot. » Il aura suffi de quelques pas bien rythmés à l’équipe nationale de Colombie pour faire honneur à la maxime de Yuri Buenaventura. Pour le chanteur de salsa colombien, la danse, c’est l’art de tout dire. Quand la parole ne suffit plus à exprimer les émotions, le geste devient seul et unique moyen d’expression. Embarqués sans retour dans une joie indicible, c’est donc tout naturellement que James Rodríguez et ses compères en ont fait leur outil favori de célébration, contre la Grèce d’abord, la Côte d’Ivoire ensuite.

Vidéo
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Courte et intense, la danse des Colombiens change parfois de forme, jamais de ton ni d’intensité. Elle répond ainsi davantage d’une intuition soudaine que d’un véritable travail de chorégraphie. Mais, à écouter la danseuse Leïla Hassan, « la performance technique n’est rien en soi, la danse commence quand on y met une âme » . À les voir dessiner quelques pas en cadence, impossible donc d’ignorer la vérité de ces mouvements simplistes mais passionnés : la Colombie regorge de soleil. Et son aura éclabousse de lumière un Mondial brésilien déjà marqué par sa joie de vivre et sa simplicité.

Buteurs narcissiques

Si l’équipe de José Perkerman rayonne, c’est avant tout parce qu’elle véhicule, par la danse, un message subliminal devenu rare dans le football moderne. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’apparition des premières caméras, l’égocentrisme n’a cessé de progresser sur les prés. Aujourd’hui, le but est devenu l’espace-temps du culte personnel et du narcissisme gratuit. Il est le moment où le buteur se réalise dans son individualité. Les projecteurs braqués sur lui, le sportif victorieux se livre à des célébrations toujours plus personnalisées pour crier son génie. Pendant ces quelques secondes d’éternité, il existe pleinement.

Il y a eu Peter Crouch et sa dance du robot. Alberto Gilardino et son violon. Plus récemment, les cœurs avec les doigts de Gareth Bale, le torse dénudé de Cristiano Ronaldo, les bandelettes de Toifilou. La gueule d’Ibra. Autrefois, le buteur fondait sur ses partenaires qui l’enlaçaient et le pelotaient. Aujourd’hui, c’est l’inverse, il les fuit comme la peste. Cette quête de plaisir solitaire a pour but de s’attribuer les mérites du collectif, d’affirmer ainsi sa supériorité, même éphémère, sur les autres. On en vient parfois à assister à des scènes burlesques : l’homme providentiel se met en tête d’esquiver sans relâche ses coéquipiers, venus s’accrocher comme des gueux aux poussières d’étoile de son quart d’heure warholien.

Image symbolique

La danse de la Colombie offre ceci de rafraîchissant qu’elle tranche totalement avec l’idée d’une individualisation du jeu, largement suggérée par les statistiques, la médiatisation excessive, le personal-branding. Elle implique tous les acteurs de l’équipe dans un grand ensemble à la fois beau et épique. Le buteur n’est plus seul à célébrer. Il partage sa joie dans une sarabande collective qui met en valeur ses coéquipiers, sans qui rien ne serait possible. « La danse joue un rôle capital dans les relations humaines. Elle est une école du comportement social, de l’harmonie du groupe, explique le théoricien Rudolf Von Laban. La danse est l’école de la générosité et de l’amour, du sens de la communauté et de l’unité humaine. »

L’individualité s’efface alors au profit de l’altruisme dans une joie collective forcément décuplée. En quelques déhanchés, la petite star des Cafeteros donne ainsi à son équipe une force qui va au-delà de sa destinée. En attendant peut-être de voir les Brésiliens entonner la Macarena au Maracanã, la danse des Colombiens est bien partie pour forger notre imaginaire, comme l’expliquait le regretté danseur Jean Babilée. « Éphémère, immortelle, versatile, la danse est le seul art qui, ne laissant aucun déchet sur la terre, hante certaines mémoires de souvenirs merveilleux. »

Par Christophe Gleizes

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