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Khedira d’opéra

Par Adrien Candau
Khedira d’opéra

Mis dehors de la Maison-Blanche en raison de ses blessures à répétition et d'un style de jeu sans doute pas assez glamour pour la direction du Real, Sami Khedira opère une véritable renaissance à Turin, où son adaptation éclair au football italien fait le bonheur de Max Allegri. Pas très étonnant de la part d'un type qui se pose en modèle d'intégration et prône l'échange de cultures entre les peuples. Portrait d'un enfant de la mondialisation.

Zéro. Soit le montant pour lequel le Real Madrid a lâché Sami Khedira à la Juventus à l’été 2015. En fin de contrat dans la capitale espagnole, l’Allemand part sans laisser de regrets du côté de la Maison-Blanche, où sa liste ininterrompue de blessures a fini par lasser. « J’avais perdu l’envie de jouer au foot, mais quand je suis allé à la Juve, ce sport m’a reconquis. Après mes adieux au Real, je savais que j’avais trouvé une solution, et je n’ai pas renoncé à la chance de jouer à la Juve » , expliquait Khedira quelques mois après son arrivée dans le Piémont. Sage décision. Près de deux ans plus tard, Sami sourit. Et la Juve avec lui.

Joueur tactique

Pourtant, l’avènement de Khedira à Turin, qui fait de lui cette saison le deuxième joueur le plus utilisé par Allegri derrière Gonzalo Higuaín, a dans un premier temps été retardé par les caprices d’un physique qui semblait détraqué pour de bon. En août 2015, l’Allemand se pète salement lors d’un match de préparation face à l’OM et doit attendre octobre pour faire son retour sur les terrains face à Bologne en Serie A. Un come back tardif, mais gagnant. Car Khedira s’impose sans attendre au sein du milieu de la Vieille Dame, récemment orpheline d’Andrea Pirlo et Arturo Vidal. Contrairement au Real, où il évoluait dans l’ombre des super stars de la Maison-Blanche, l’Allemand a clairement sa part de responsabilité dans la construction du jeu bianconero : « En parlant avec le Mister, j’ai réalisé que je pouvais avoir le rôle que je voulais ici. Avoir plus de responsabilité et être un leader. Je suis arrivé à un âge où je peux assumer ce rôle. » Surtout, son profil de joueur tactique, imperméable mentalement, au placement irréprochable et propre techniquement, plaît énormément à Turin : « C’est un grand joueur, s’enthousiasme Massimiliano Allegri. Son style de jeu est assez lent, mais c’est volontaire de sa part. Ainsi, il commet très peu d’erreurs, perd peu de ballons et fait souvent le bon choix. Par-dessus tout, j’apprécie son calme. Même lorsqu’il fait une faute, il reconnaît ses torts et ne se disperse jamais. » Pas fou, Khedira n’a d’ailleurs pas manqué de remarquer que son style n’avait pas tardé à séduire dans la Botte : « Le football est perçu d’une manière différente en Italie. Ce que j’essaye d’apporter à l’équipe est plus reconnu là-bas. Le club et les médias sont moins indifférents à mon style de jeu qu’en Espagne. Forcément, cela motive. » Si l’Italie aime Sami, Khedira le lui rend bien.

La Dolce Vita

Il faut dire que, depuis son enfance, l’ancien de Stuttgart a perfectionné l’art de l’intégration éclair. Né d’un père tunisien et d’une mère allemande, Khedira s’érige comme l’un des symboles de la Mannschaft multiethnique des années 2010, aux côtés de Mesut Özil et Jérôme Boateng. Une étiquette qu’il assume sans sourciller, puisqu’il se définit comme un exemple de footballeur adaptable, désireux d’intégrer les différents modèles culturels auxquels il est confronté. Exactement comme son père, débarqué en Allemagne sans connaître un mot de la langue de Goethe . « Mon père a appris l’allemand vite et bien, et surtout il a accepté la culture et les traditions allemandes. Il ne s’est pas dit : « Je suis musulman et je ne m’adapte pas… » Quand il s’agit d’intégration, le point fondamental est de connaître et s’adapter aux mentalités du pays d’accueil et de ne pas s’obstiner à vouloir les changer. »

Du coup, histoire de se mettre tout de suite dans le bain, c’est en italien que Sami se présente face aux médias lors de son arrivée à Turin, en lisant un discours qu’il a préparé. Où il s’excuse d’emblée de « devoir lire pour l’instant » , avant de préciser qu’il « travaille très dur pour apprendre la langue » . En Italie aussi, Khedira n’a pas tardé à se mettre à la page sur un élément identitaire fondamental du football transalpin : la tactique. « Ici, j’ai vraiment appris ce qu’est la flexibilité tactique. En Italie, on travaille très dur pour ne rien laisser à la chance, alors qu’en Espagne, on se concentrait quasi exclusivement sur la technique. » Tout en intégrant à son mode de vie des éléments de la dolce Vita locale, histoire de se fondre une bonne fois pour toutes dans le décor : « De mon père m’a été transmis un tempérament maghrébin que j’ai mélangé avec des valeurs allemandes. Je pense être correct, respectueux et travailleur. Mais en Italie, j’ai aussi appris à boire un verre de vin en terrasse sans me dire que ça porte atteinte à mon professionnalisme… Mais je ne veux pas m’arrêter là, je veux encore être imprégné d’autres cultures. » La vérité, c’est que la soif d’internationalisme de Khedira le poussera sans doute à découvrir de nouveaux horizons. À trente ans, l’Allemand pense déjà à la suite de sa carrière, qu’il envisage loin de l’Europe : « J’ai développé un vrai intérêt pour l’Amérique et les cultures orientales. Dans le futur, je sais où je vais aller : j’irai en Amérique, mais pas tout de suite. Je veux jouer au très haut niveau encore plusieurs années et remporter la Ligue des champions. » Signe, s’il en faut, que Sami a une envie dévorante de briller une dernière fois en Europe. Avant de s’offrir une bonne dose d’exotisme.

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Dans cet article :
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Par Adrien Candau

Tous propos issus de La Repubblica, La Stampa, Tuttosport et La Gazzetta dello Sport.

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