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Hennes, prince de Cologne

Par Sophie Serbini, à Cologne
Hennes, prince de Cologne

À Cologne, la star n'est pas forcément sur le pré, mais plutôt au bord. Son nom : Hennes. Sa profession : mascotte. Depuis plus de 60 ans, huit animaux se sont succédé pour incarner l'emblème du 1.FC Cologne. Et si le club est en perte de vitesse depuis maintenant trois décennies, Hennes, résidant phare du zoo de Cologne, voit lui sa popularité croître de jour en jour.

Au zoo de Cologne, la star n’est pas un bonobo, encore moins un cheval de Przewalski. Ici, dans ce parc de 20 hectares situé en bordure du Rhin, la star est un bouc. Plus précisément, un bouc nain d’Afrique, comme on en trouve dans de nombreux zoos. Mais sous ses dehors ordinaires, ce petit animal-là possède une petite particularité, celui de s’appeler Hennes et d’être la mascotte du 1.FC Cologne. Petits et grands se précipitent chaque jour pour lui rendre hommage, et il n’est pas rare de les entendre scander le nom de l’animal une fois arrivé devant sa cabane. Récemment, la popularité de Hennes s’est encore accrue, après qu’un des joueurs du club (Anthony Ujah) a décidé de lui tirer les cornes en guise de célébration après un but. L’image a fait le tour du monde et provoqué une immense vague de sympathie pour ce petit bouc. « Lorsque j’ai vu les images à la télé, je me suis dit que j’allais devoir penser aux questions qu’on allait me poser à ce sujet, raconte avec le sourire son soigneur Jens Krause. Pour attraper des chèvres et des boucs, il faut faire comme ça. Leurs cornes sont très solides. Du coup, la façon dont Ujah l’a attrapé n’a pas vraiment posé problème. Le problème, c’est l’endroit où ça a eu lieu. 50 000 personnes ont vu ça. Il y a des gens qui se sont dit « Oh, le pauvre petit bouc ! » Mais Hennes n’a pas eu mal ; juste un peu peur. Ujah l’a dit lui-même : là d’où il vient, au Nigeria, il y a plein de chèvres et de boucs. Ce n’est pas la première fois qu’il va voir Hennes après un but, mais c’est la première fois qu’il l’attrape comme ça. Il l’a bien fait, mais pas au bon endroit. Ujah s’est senti mal après. Il ne voulait pas déclencher une telle réaction. Quelques personnes, qui n’y connaissent rien, ont exigé qu’Ujah fasse des heures dans un refuge pour animaux. C’était un peu exagéré. Au final, personne n’a été blessé. » Et heureusement, car Hennes, c’est toute une institution. Au même titre que le Dom, le Carnaval et la Kölsch, Hennes, c’est un petit bout de Cologne.

Histoire d’une institution

13 février 1950. Le 1.FC Cologne a été créé il y a deux ans à peine. Lors d’une réunion en pleine saison de Carnaval, un des employés décide d’apporter un bouc. Sa proposition : en faire une sorte de porte-bonheur pour le nouveau club de football de la ville. Les dirigeants acceptent et décident de nommer l’animal « Hennes » , en hommage à celui qui leur sert de coach et de joueur en même temps et qui deviendra plus tard une icône : Hennes Weisweiler. Lors de la mort de l’animal en 1966, deux questions se posent : doit-on garder un bouc comme mascotte ? Et surtout, doit-on continuer à l’appeler Hennes, puisque l’entraîneur est parti dans d’autres contrées (notamment au Borussia Mönchengladbach, le futur ennemi) ? Dans un premier temps, les dirigeants gardent l’idée du bouc, mais décident de lui donner un autre nom. Toutefois, après quelques mois d’expérimentations et surtout de réclamations de la part des supporters, on décide que tous les futurs boucs/mascottes s’appelleront Hennes. Rapidement, le club devient indissociable de sa mascotte à tel point qu’en 1977 et en 1978, elle défile avec les joueurs pour fêter le titre de champion. Aujourd’hui, Hennes est partout. Sur le logo du club, dans les séries télévisées tournées à Cologne et même sur les affiches publicitaires pour la marque de bière Gaffel. Après Prinz Poldi, Hennes est assurément l’être vivant le plus populaire de la ville de « Kölle » .

Hennes, huitième du nom

Hennes VIII est la mascotte du club depuis 2008. Il a été choisi sur casting par les membres du club. Et c’est le premier des boucs/mascottes de l’histoire à vivre au zoo de Cologne. « Le zoo a construit une ferme, et le 1.FC Cologne trouvait ça intéressant de ramener sa mascotte dans l’un des endroits les plus connus de la ville. Du coup, Hennes est arrivé ici, dans sa petite maison, qui s’appelle le « Geißbockheim » (le foyer du bouc), comme le terrain d’entraînement du club » , explique Jens. Le Geißbockheim , c’est une jolie cabane de bois, avec un foyer rempli de foin, mais aussi de fanions, photos, ballons et autres produits à l’effigie du club. On trouve même une petite boîte aux lettres puisqu’Hennes reçoit « beaucoup de courriers de fans » et une brosse à chèvre, la première au monde. Une brosse offerte par son inventeur, un très grand fan de Cologne.

Mais Hennes n’est pas le seul à vivre dans cet endroit, puisqu’il partage les lieux avec l’autre star du zoo : sa « femme » . « Il y a une autre chèvre avec lui, Anneliese, et forcément, les gens en ont fait une histoire d’amour. Il faut dire qu’ils s’entendent super bien » , raconte Jens. « Au début, ils se sont mis des coups de tête pour se tester, mais très vite, Hennes a accepté Anneliese. Et aujourd’hui, ils se suivent partout, tout le temps. » Depuis qu’il est au zoo, Hennes, qui vivait jusque-là chez une dame qui possède une ferme, a repris du poil de la bête. « Il a beaucoup changé par rapport à son arrivée. Au début, il faisait deux pas dehors, et ne bougeait plus. Il ne comprenait pas qu’il avait le droit d’aller et venir comme il voulait. Aujourd’hui, il est devenu super actif » , raconte avec fierté Jens. Hennes mange du feuillage, il se gratte au grillage, à son arbre, il arrache les écorces du tronc d’arbre… bref la vie d’Hennes ressemble presque à celle de tous les boucs. Sauf lorsqu’un week-end sur deux, il revêt son habit de mascotte. « Les jours de match à domicile, Ingo, son accompagnateur, vient le chercher 2-3h avant la rencontre, et le ramène 1-2h après, explique Jens. Bien sûr, quand un animal arrive dans un endroit rempli de gens, il est un peu stressé. Mais il a appris à gérer ça. Il est mascotte depuis 2008, donc depuis qu’il a un an. C’est devenu une routine pour lui. Il n’est pas bête. Il doit se dire : « Quand je vais là-bas, je rentre toujours ». Donc il y va tranquillement. Son accompagnateur, Ingo, est avec lui sur le côté, près de la ligne de touche. Et quand il ne se sent pas bien, quand il n’a pas envie de rester au stade, Ingo le ramène directement. Hennes est si important que s’il n’a pas envie, il rentre. »

Garde rapprochée

C’est lors de chaque derby qu’on mesure l’importance d’Hennes pour le club, mais aussi pour les adversaires. Il y a quelques années, des supporters de Leverkusen avaient posté sur les réseaux sociaux des photos de boucs décapités. Du coup, par crainte de mise à exécution d’un tel projet macabre, Hennes est étroitement surveillé. « Quand il y a derby contre Gladbach, Düsseldorf ou Leverkusen le week-end, dès le lundi précédant le match, on met en place une surveillance 24h/24 autour de son enclos. Ce n’est pas extrêmement difficile d’escalader la nuit et d’arriver ici. Du coup, on fait plus attention que d’habitude. On préfère être prévenants » , assure Jens. Et si ce système de protection peut paraître un peu excessif, il ne faut pas oublier que selon la légende, Hennes II aurait été empoisonné par des supporters du Borussia Mönchengladbach en 1970.

Depuis quelques années, Cologne s’est fait distancer par ses principaux rivaux et sa notoriété ne dépasse plus vraiment les frontières de la ville. Hennes est alors devenu une sorte de valeur refuge. La seule chose que tous les supporters d’Allemagne envient aux Colonais. « Je ne supporte pas Cologne, puisque je suis de Stuttgart, mais à force de vivre à Cologne et surtout de côtoyer Hennes, ils me sont sympathiques maintenant » , révèle Jens. Une sympathie qui risque de croître encore dans les prochaines semaines, puisque Anneliese vient de mettre bas. « Hennes est castré, donc il n’est pas le père. Néanmoins, il semble prêt à assumer son rôle de beau-papa. Et puis, quel spectacle ce sera quand ils gambaderont dans leur enclos, avec les deux petits chevreaux. » Et qui sait, peut-être que l’un d’eux, un jour, deviendra Hennes IX.

Pour suivre l’actualité de Hennes, c’est ici.

Par Sophie Serbini, à Cologne

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