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« Si Arsenal ne gagne pas le titre, il y aura des regrets »

Propos recueillis par Alexandre Ross

Après trois matchs sans victoire, Arsenal se rend à l’Etihad Stadium pour une rencontre déterminante pour le titre face à Manchester City. Alors que la place de leader de Premier League des Gunners se trouve plus que jamais menacé par les Citizens, l’ancien joueur du club londonien Gilles Grimandi (169 matchs), actuel directeur technique de l'OGC Nice, revient sur la saison de haute volée de la bande de Mikel Arteta, remplie de promesses pour l’avenir.

« Si Arsenal ne gagne pas le titre, il y aura des regrets »

Avant l’entame de cette saison, Arsenal sortait d’un exercice conclu à la cinquième place, n’avait pas remporté le titre depuis 2004 et n’avait plus terminé dans le top 4 depuis 2016. Quelles étaient vos attentes à l’aube de la saison ?

J’ai trouvé le recrutement judicieux. Ils ont très bien ciblé les profils. Arsenal va terminer dans le top 4, donc la saison est réussie. Bien évidemment, l’appétit vient en mangeant. Quand on commence à compter six ou sept points d’avance sur City, il est normal d’être très ambitieux. Malgré tout, étant régulièrement à Londres, je pense que les supporters auront vécu une superbe saison quoi qu’il arrive. Si elle est ponctuée d’un titre, ce sera inoubliable. Il y a toute une génération qui n’a pas connu de titre et qui est déjà dans les stades. Ce qui est beau à voir, c’est que les grands clubs ne meurent jamais. L’équipe a pratiqué un jeu attrayant basé sur de la possession, avec de la mobilité et des jeunes. Le club a eu du succès avec ce style de jeu, donc c’est bien d’y revenir. J’ai quand même l’intime conviction que c’est la qualité des jeunes du club qui l’a sauvé comme Saka ou Smith-Rowe. Ils ont ramené un élan depuis quelque temps, et c’est bien de le retrouver avec cette politique de club.

Comment avez-vous réagi au fantastique début de saison des Gunners avec dix victoires en onze matchs, soit le meilleur départ de l’histoire du club ?

Honnêtement, j’attendais de voir. J’ai toujours peur des départs tonitruants parce que c’est toujours très fragile. On sentait qu’il y avait de la qualité, et les victoires étaient souvent acquises avec du contenu. Néanmoins, je trouvais qu’il y avait des périodes faibles où la gestion de la rencontre n’était pas idéale, mais c’est normal, car c’est une équipe jeune qui commence à gagner. Je craignais que dès que la défaite allait toucher ce groupe, ça puisse le fragiliser, mais ça n’a pas été le cas.

La paire Saliba-Gabriel a été un élément important de la réussite de l’équipe.

Vous avez parlé du recrutement judicieux et de l’importance des jeunes joueurs du club. D’après vous, qui sont les acteurs majeurs du club ayant permis cette première place en Premier League ?

Je pense que le trio défensif Ramsdale-Saliba-Gabriel a été déterminant dans la stabilité de l’équipe. Ces joueurs-là ont permis de développer l’idée de jeu d’Arteta avec de la possession et beaucoup de jeu de derrière. Ce qui était important aussi, c’est qu’il y a eu des bonnes paires mises en place et qui ont été intéressantes : la charnière Gabriel-Saliba, au milieu Partey-Xhaka et devant Gabriel Jesus-Saka, puis après Martinelli. Je ne suis pas convaincu que tout le monde était capable de penser que Saliba soit à ce niveau-là. Son début d’histoire avec Arsenal a été compliqué. Ce début de saison a permis de remettre les cartes sur la table. Les victoires ont apaisé tout ça, mais ce n’était pas gagné d’avance. La paire Saliba-Gabriel a été un élément important de la réussite de l’équipe. Devant, Saka est un joueur exceptionnel. C’est le plus déterminant dans la réussite offensive.

Pour la deuxième fois cette saison, Arsenal vient d’enchaîner trois matchs sans victoire en Premier League. Comment expliquez-vous cette mauvaise passe ?

Elle n’est pas très compliquée à expliquer. Arsenal n’a plus gagné depuis longtemps. C’est nouveau, les joueurs découvrent ça. Il y a une très forte pression avec beaucoup d’attentes à chaque match. Certains joueurs ont peut-être baissé en performance. Il y a eu des absences importantes dans les moments cruciaux. Je pense que celle de Saliba (actuellement blessé au dos) pèse. Entre la pression, la baisse de confiance et les absences, cela a baissé le niveau de performance de l’équipe. Quand vous commencez à vous faire accrocher, les équipes adverses ont le sentiment qu’elles peuvent également le faire. C’est un enchaînement de tout ça qui fait qu’à la fin, vous devenez vulnérable. Face à Liverpool et West Ham, ils doivent tuer le match et ils ne le tuent pas. Maintenant, il y a le match que tout le monde attendait.

Je continue à penser que c’est encore jouable pour le titre, mais les jokers ont été utilisés. Il n’y a plus de marge.

Manchester City revient fort avec six victoires d’affilée en championnat. Comment voyez-vous les prochaines semaines et notamment le match déterminant de ce mercredi ?

On repart à zéro. C’est une feuille blanche, c’est un match. Arsenal n’est plus dans la situation où il était il y a trois semaines. Le titre ne sera pas perdu à City. Il aura été à perdu à Liverpool (2-2) et West Ham (2-2) quand on mène 2-0 et à domicile contre Southampton (3-3). Ce n’est plus pareil. Il faut appréhender la situation différemment. Aujourd’hui, ce n’est que du bonus. Les gens ont presque validé le fait que City allait être champion, ce qui n’était pas le cas il y a quelque temps. Le fait de ne plus avoir cette pression peut être une bonne chose pour l’équipe. Ils se disent « on n’a plus rien à perdre ». Ils vont peut-être jouer plus libérés, et ça serait une force supplémentaire. Après, City marche sur l’eau en ce moment. Depuis quelques années, c’est la meilleure équipe sur les derniers matchs. Je continue à penser que c’est encore jouable pour le titre, mais les jokers ont été utilisés. Il n’y a plus de marge. Ça ne sera pas simple, mais ça reste un match. J’ai de l’espoir, mais peut-être que je ne suis pas réaliste.

Manchester City a battu Arsenal à deux reprises cette saison (1-0 en FA Cup et 3-1 au match aller). Vous avez parlé du fait qu’Arsenal est une jeune équipe, qui n’est pas encore habituée à jouer les premiers rôles. Qu’est-ce qu’il manque encore à cette équipe pour passer ce cap et s’imposer parmi les meilleures équipes du continent ?

En étant dans cette situation, ils grandissent à la vitesse grand V. Arsène Wenger disait toujours : « Il y a une chose qui est importante dans la réussite des grands clubs, c’est d’être habitué à ces événements-là et de les gérer. » Quand vous avez des joueurs qui ne sont pas toujours habitués, c’est un peu plus compliqué. Il y aura un avant et un après cette saison. Les joueurs sauront comment appréhender ces événements. Si c’est une deuxième place, ils auront tellement de regrets. Ils ne seront plus surpris et ne commettront plus les mêmes erreurs. C’est tellement difficile de gagner ce titre en Angleterre. Je pense que le club est très bien structuré et organisé. Arteta fait du super boulot. Il manque un peu de profondeur de banc, et City n’a pas ce problème. À City, les joueurs ont quasiment tous déjà gagné la Premier League, et ça va jouer en leur faveur. Ce n’est pas simple de les jouer maintenant.

Vous avez mentionné le très bon travail d’Arteta et le jeu attrayant qu’il a mis en place. Quel rôle a-t-il joué dans la renaissance du club ?

Il a joué un rôle majeur. On sent qu’il a pris les choses en main, avec l’aide d’Edu (directeur sportif d’Arsenal). Les dirigeants lui ont fait confiance et lui ont donné assez de temps pour le faire, ce qui est assez rare aujourd’hui. Il a amené cette énergie, cette envie et surtout cet espoir de gagner. Je pense que le club l’avait perdu. Aujourd’hui, il a redonné goût à ça, notamment avec les supporters. On sent que c’est un stade qui revit. Il a redonné de la croyance à tous ces gens-là. Sa méthode n’est pas simple, mais elle fédère. Les joueurs ont retrouvé cette capacité de penser qu’on peut gagner, ce qui est dur à amener. Quoi qu’il arrive cette saison, même s’ils perdent, les joueurs auront la sensation en début de saison prochaine qu’ils peuvent gagner, alors qu’avant, ils n’y croyaient pas. On sent que c’est la patte Arteta. Il n’a pas subi les directives. Il avait l’expérience de Guardiola, qui est le même profil d’entraîneur. Ils sont très présents, dynamiques et passionnés. Ça doit être usant pour les joueurs, mais c’est une méthode qui gagne.

Dans un club, il y a une histoire. On ne passe pas de la culture Wenger au kick and rush en dix ans.

Justement, après 32 matchs, la cuvée 2022-2023 possède le deuxième meilleur total de points de l’histoire d’Arsenal en Premier League (75 points) derrière les « Invincibles » de 2003-2004 (78 points). Selon vous, où se place cette équipe d’Arsenal parmi celles de ces vingt dernières années ?

Si elle gagne le titre, elle se placera deuxième. L’équipe des Invincibles l’a fait sur la fin, mais ça a été une continuité, car il y a eu des titres avant. Les gens parleront de cette équipe des années 2000 ponctuée par le titre des « Invincibles » et ensuite, il y aura eux : cette jeune équipe qui aura redonné la passion et la foi à tous ces gens qui n’y croyaient plus et disaient que c’était fini. Aujourd’hui, je les vois retourner au stade avec du plaisir et des grands sourires.

Vous avez évolué à Arsenal entre 1997 et 2002. Quelles ressemblances trouvez-vous entre les équipes de la fin des années 1990 et début des années 2000 et celle d’aujourd’hui ?

Je trouve qu’il y a une ressemblance dans l’idée de vouloir jouer. Dans la philosophie de jeu que veut mettre en place Arteta, c’est assez proche de Wenger : dans la possession, dans l’envie d’aller vers l’avant… Arteta a cette idée de jeu et de jeunesse. Il n’a pas peur de lancer des jeunes dès qu’ils sont performants. On voit Saka qui est en train d’être à son meilleur niveau. Je trouve qu’Ødegaard a pris de l’ampleur et de l’envergure. Ce sont des jeunes joueurs qui ont un grand potentiel. Ils sont en train de passer des caps et de devenir des joueurs expérimentés. Dans nos équipes, il y avait des joueurs très expérimentés, mais Wenger lançait des jeunes chaque année qui devenaient des super joueurs comme quand Thierry (Henry) et Patrick (Vieira) sont arrivés. C’étaient des jeunes qui avaient du talent et n’étaient pas encore confirmés. Il y a pas mal de points communs. Dans un club, il y a une histoire. On ne passe pas de la culture Wenger au kick and rush en dix ans. Ça se perpétue et c’est encore très ancré dans l’idée de jeu pratiqué.

Si Arsenal venait à ne pas remporter le titre, cette saison serait-elle vue comme un grand échec ou une très belle promesse pour l’avenir ?

Je ne pense pas que ça soit un échec quand on a vécu autant d’années sans trophée. On a tellement frôlé l’excellence, il y aura des regrets bien évidemment. Pour moi, ce sont les promesses que ça va apporter. Les joueurs vont se dire « c’est ici qu’il faut être pour gagner des titres ». Avant, tout le monde se disait qu’il fallait partir pour en gagner. Il y aura aussi un parcours à faire en Ligue des champions. Quand vous êtes aussi proche de quelque chose et que vous ne l’atteignez pas, il y a des regrets, mais je pense qu’ils seront très rapidement oubliés. Ça va donner beaucoup d’expérience, d’envie et de désir à cette équipe d’aller gagner.

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