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Été 1982 : quand la France perdait deux fois de suite contre la Pologne

Par Adrien Hémard-Dohain et Léo Tourbe

Quelques jours après le traumatisme de Séville, la France clôt son Mondial 1982 par une petite finale perdue face à la Pologne (3-2). Un match que tout le monde a oublié, mais qui reste la seule confrontation entre les deux pays en Coupe du monde. Jusqu’à aujourd’hui.

« Franchement, je crois que je n’ai jamais reparlé de ce match. C’est la première fois qu’on me pose des questions dessus… » Au bout du fil, Alain Giresse préfère être franc : il n’a que peu de souvenirs du Pologne-France 1982. On parle pourtant d’une rencontre de Coupe du monde, avec à la clé une troisième place historique pour les Bleus en cas de victoire. Sauf que quelques jours après le traumatisme sévillan, la France n’a absolument pas la tête à « cette finale de perdants », raconte Giresse. Michel Hidalgo envoie donc les coiffeurs en première ligne, et les Bleus s’inclinent 3 buts à 2 dans un match que tout le monde a oublié, mais qui reste la dernière (et seule) confrontation Pologne-France en Coupe du monde.

Traumatisés

« Moi, je me le rappelle quand même ! », se marre René Girard. Et pour cause, l’ancien milieu tricolore a marqué son seul pion en Bleu ce jour-là, malgré la défaite. « Je suis à 25, 30 mètres… pas 40, sinon je serais jamais arrivé au but.(Rires.)Jeannot(Tigana) me glisse un ballon, je contrôle et je frappe. J’avais peur qu’elle ne franchisse pas la ligne, mais c’est passé quand même ! Je me le rappelle assez bien. L’avantage des gens comme nous, c’est qu’on n’en met pas 50, des buts, donc on s’en souvient. Marquer en Coupe du monde, même si c’est le match pour la troisième place, moi je prends. Surtout que j’ai à peine une dizaine de sélections ! », sourit le champion de France 2012 à la tête du MHSC. Un but qui réactive la mémoire d’Alain Giresse : « On était contents de voir René Girard marquer. On était heureux pour nos copains qui jouaient ce match de Coupe du monde, malheureusement, il a été fait dans un contexte particulier » .

On était éliminés, mais aussi traumatisés par Séville. On n’avait qu’une envie, c’était de foutre le camp .

Ce contexte, c’est celui du traumatisme de Séville. Deux jours plus tôt, les Bleus sont éliminés par la RFA à l’issue de la séance de tirs au but, après avoir mené 3-1 pendant la prolongation. Une élimination cruelle, qui a meurtri le pays, et le vestiaire des hommes d’Hidalgo. « Ce match a cassé beaucoup de choses, il a détruit notre élan, notre enthousiasme, il a laissé des traces. Après ce match, celui de la Pologne ne représentait rien pour nous, confie Giresse.La finale pour la troisième place, c’est toujours un match de perdants. Et en l’occurrence, là, on était éliminés, mais aussi traumatisés par Séville. On n’avait qu’une envie, c’était de foutre le camp ». Mais avant cela, les Bleus doivent décoller pour Alicante, qui accueille la petite finale de ce Mondial 1982. L’occasion de croiser une dernière fois les Allemands dans les couloirs de l’aéroport andalou : « On voit deux avions, un pour Madrid, l’autre pour Alicante. Nous, on voulait aller à Madrid, soupire l’actuel sélectionneur du Kosovo. Et là, on a vu les Allemands monter dans celui pour Madrid, il y a eu des échanges verbaux assez intenses, on va dire. Le match s’est joué jusque dans l’aéroport. » Christian Lopez, entré en jeu après l’attentat de Schumacher sur Battiston, se souvient d’y avoir croisé l’arbitre : « C’était tendu. Il n’y pas eu de coups, mais beaucoup d’invectives. »

On a perdu toute flamme, tout allant, tout élan. On était totalement débranchés du foot. C’est terrible de dire qu’on n’avait pas envie de jouer ce match international, de Coupe du monde, mais c’est le cas. L’électrocardiogramme était plat.

La flemme

Après cet embarquement tumultueux, les Bleus doivent se remettre la tête à l’endroit, avec la troisième place face à la Pologne à jouer. Sauf que personne parmi les titulaires n’a vraiment envie de taper dans un ballon. « Quand tu perds contre l’Allemagne, tu sais qu’il va falloir rameuter tout le monde. Michel(Hidalgo)était très bon pour ça, un excellent rassembleur. Il ne fallait pas que ça tombe dans l’eau de bouillon », raconte Girard. Mais Michel Hidalgo a beau remuer ciel et terre, les cadres sont abattus. « À part Tigana, le carré magique n’a pas voulu jouer. Au milieu de terrain, il manquait Platini, Giresse et Genghini. On peut comprendre avec le coup sur la casquette après la demi-finale. Et nous, on a joué ce match sans conviction. Sur le moment, pour nous, la 3e ou 4e place, c’était la même chose. Hidalgo a fait jouer les mecs qui n’avaient pas eu beaucoup de minutes », glisse Lopez, entré en jeu dans cette petite finale, pour ce qui sera sa dernière sélection. « Je ne le savais pas sur le moment, souffle l’idole de l’ASSE. D’autant que la saison qui suit à Toulouse est la meilleure de ma carrière. » Giresse, lui, justifie l’abattement qui l’a frappé après Séville : « On a perdu toute flamme, tout allant, tout élan. On était totalement débranchés du foot. C’est terrible de dire qu’on n’avait pas envie de jouer ce match international, de Coupe du monde, mais c’est le cas. L’électrocardiogramme était plat. On était ailleurs, totalement démobilisés. »

Boniek, Szarmach… Il y avait des joueurs superbes ! Cette équipe rayonnait, c’était leur période dorée.

Contraint, Michel Hidalgo aligne donc ses remplaçants. « Je ne sais pas si j’étais un coiffeur, mais dans une carrière, tu n’as pas 50 000 occasions de jouer ce genre de rencontre. Ça restait un match de Coupe du monde », poursuit Girard, illustrant le décalage qui s’est alors instauré entre les titulaires, déconfits, et les remplaçants, tout heureux de jouer ce match. « L’ambiance était pesante, on avait perdu le match et Patrick Battiston, les têtes n’étaient plus au foot. » Giresse ajoute : « À l’entraînement, on ne trouvait pas de but à notre présence, pas d’objectif. Il n’y avait rien du tout. Sur le plan mental, on était lessivés. On chialait comme des gosses dans le vestiaire, on n’avait pas dormi de la nuit. » Pourtant, l’affiche de la petite finale est alléchante, face à la Pologne alors en plein âge d’or, déjà troisième du Mondial 1974. « Boniek, Szarmach… Il y avait des joueurs superbes ! Cette équipe rayonnait, c’était leur période dorée », insiste Girard, appuyé par Lopez : « C’était une belle affiche, contre une des plus belles équipes du moment. C’était un super match à jouer d’un point de vue sportif. Ils n’étaient pas là par hasard. »

Mais sur le pré, les Bleus sont aux fraises, malgré l’ouverture du score de Girard et un but d’Alain Couriol. Ils s’inclinent 3-2, sans entrain. « On l’a joué comme un amical, devant un stade pas plein. Mais aujourd’hui, je regrette qu’on n’ait pas tout donné. Ne pas avoir fini troisième, c’est un regret », soupire Lopez. Plus que du match, Alain Giresse se souvient du retour : « À peine sorti des vestiaires, on est repartis à Bordeaux avec les cinq autres Girondins. On n’a même pas pris le temps de se dire au revoir… » Christian Lopez non plus, d’ailleurs : « J’avais un ami toulousain au match, j’ai sauté dans sa voiture. »

Une valise 4-0, puis quatre ans d’invincibilité

Comme si le sort s’acharnait sur cette équipe de France meurtrie par Séville, un match amical est organisé quelques semaines plus tard, au Parc des Princes, contre… la Pologne. Histoire de bien remuer le couteau dans la plaie. Cette rencontre est organisée au profit de l’UNFP, et n’est pas même pas retransmis à la télévision. Quelque 16 000 spectateurs garnissent les tribunes du Parc des Princes, espérant apercevoir la silhouette de Platini, de Giresse ou de Rocheteau. Tu parles. La plupart des cadres ont, comme un mois plus tôt, déserté, Platini étant déjà à Turin pour la reprise de la Serie A. C’est donc l’occasion de voir des joueurs comme Patrick Delamontagne (3 sélections), Dominique Bijotat (8), Gérard Soler (16) ou encore le regretté Philippe Mahut (9).

C’est, disons, une équipe de France A’, puisque sont tout de même présents Ettori, Amoros, Janvion, Trésor, Bossis, Tigana, Genghini et Stopyra. Mais visiblement, comme à Alicante, le cœur n’y est pas. Cette fois-ci, les Français se font balayer. Menés 1-0 à la pause par un but de Jalocha, ils explosent en dix minutes en seconde période, en encaissant trois autres buts par Kupcewicz (61e, 62e) et Buncol (68e, sur penalty).

0-4, l’addition est salée, et demeure, à ce jour, la plus lourde défaite concédée par les Bleus face à la Pologne. Mais elle marque aussi le début de quelque chose : en effet, après cette défaite concédée au Parc des Princes, la France demeurera invaincue à domicile pendant quatre ans, remportant entre-temps l’Euro 1984 dans ce même Parc des Princes, le 27 juin 1984.

Dans le bassin minier, « le cœur sera polonais, la raison française »
Dans cet article :
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Par Adrien Hémard-Dohain et Léo Tourbe

Tous propos recueillis par A.H-D et L.T.

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