- Français de l'Etranger
«En France, à 22 ans, c’est trop tard»
Après un court passage par le PSG et sept années d'exploration au Portugal, le Français Gregory Arnolin a finalement posé ses valises au Sporting Gijon en début d'année. Titulaire indiscutable au sein de la défense asturienne, il fait le point sur le chemin parcouru et sur son rêve d'Equipe de France. Découverte.
Pour ceux qui ne te connaissent pas, comment te définirais-tu ?
A la base, je suis défenseur central, même si actuellement je joue à gauche avec le Sporting Gijon. J’aime bien le contact, l’impact physique et je pense que j’ai un très bon jeu de tête. Voilà comment je me résume !
Tu as été formé au PSG…
(Il coupe) J’ai été formé au Red Star en réalité. Le PSG, j’y suis resté très peu, car j’ai tout de suite compris qu’on ne me donnerait pas ma chance dans ce club. Moi je voulais jouer et avoir des minutes donc j’ai décidé de partir pour différents clubs de la région parisienne. A la fin, j’ai atterri à Villemomble en DH, et c’est là que les dirigeants de Pedras Rubras m’ont repéré. C’était un petit club, mais j’avais l’opportunité de jouer dans l’équivalent du National français. Pour moi, c’est une étape importante de ma carrière car j’ai très vite atteint la première division portugaise, et aujourd’hui j’ai la possibilité de montrer mes qualités aux personnes qui m’ont fait confiance.
Comment expliques-tu que les Portugais t’aient fait confiance au contraire des Français ?
J’ai signé mon premier contrat pro à 22 ans au Portugal. En France, à 22 ans, c’est trop tard… Si tu n’as pas fait tes preuves avant, c’est quasiment mort. Et puis les clubs français aiment bien avoir des joueurs issus des centres de formation, mais ils hésitent quand même à te faire confiance si tu as eu un autre parcours. Moi quand je vois la réussite d’Aly Cissokho, ça me fait plaisir. En deux ans, il est passé de Setubal à Porto, puis à Lyon. Des Cissokho au Portugal, il y en a un paquet, je peux vous l’assurer !
Tu considères que tu n’as pas eu ta chance en France ?
La France est bien connue pour ça. Si un joueur ne sort pas d’un centre de formation réputé, il arrivera difficilement à devenir pro. Et puis, il y a aussi la concurrence des joueurs étrangers… Au Portugal ou en Espagne, si tu as des qualités, on te donne ta chance, peu importe d’où tu viens et ce que tu as fait avant. Moi j’ai su donner mon maximum et aujourd’hui je joue dans l’un des meilleurs championnats du monde. Donc forcément, je suis bien content d’être parti de la France.
Tu n’as pas justement l’impression d’avoir perdu un peu de temps en partant comme ça à l’étranger ?
Qui ne tente rien n’a rien ! Moi j’ai tout laissé tomber pour partir au Portugal. Quand Pedras Rubras m’a appelé, j’avais l’examen final du STAPS à passer le lendemain, mais je ne regrette pas aujourd’hui. J’ai tout risqué, et je me suis battu. En France, on ne m’a pas donné ma chance, donc je suis allé voir ailleurs tout simplement.
Est-ce que tu penses avoir bénéficié du “buzz” Aly Cissokho ?
Peut-être. Quand Aly a rejoint Porto, je me rappelle que beaucoup de jeunes Français ont débarqué au Portugal. Ce sont des inconnus, mais attention, ils ont beaucoup de qualités ! En première et deuxième division du Portugal, il y a énormément de Français. Tout le monde espère trouver un Cissokho. Aly est un grand exemple pour moi. Il a montré à tous les jeunes qui rêvent de devenir footballeur que rien n’est impossible dans ce monde-là.
C’est vrai que tu as voulu prendre la nationalité portugaise ?
Je me suis marié avec une Portugaise, mon enfant est né là-bas, j’ai vécu six ans là-bas, mais je suis toujours Français. Si on m’avait demandé de changer de nationalité pour jouer avec la sélection portugaise, j’aurais réfléchi, mais quand tu vois le niveau qu’il y a dans la défense centrale portugaise, ça aurait été difficile pour moi. Mais pourquoi pas après tout ?
Aujourd’hui, tu es donc au Sporting Gijon…
Quand j’ai reçu la proposition de Gijon, ça m’a attiré au niveau sportif. En Espagne, il y a les meilleurs joueurs du monde. De France, Benzema. D’Angleterre, Cristiano Ronaldo (sic), d’Italie, Ibrahimovic (re-sic)… Ce sont les meilleurs attaquants de la planète ! Donc en tant que défenseur, c’était impossible de refuser la proposition de Gijon.
Et comment se passe ton intégration en Espagne ?
Très bien. Je suis le premier Français de l’histoire du Sporting, donc j’espère que ça va ouvrir des portes à d’autres compatriotes. Ici, il y a un public formidable. Les supporters ont même inventé une chanson à mon nom. Quand tu as 25 000 personnes qui te font cet honneur-là, ça fait vraiment plaisir. Moi ici, je me sens bien, je suis en confiance et en plus je progresse tous les jours. Pour moi, c’est un challenge d’être là, donc j’espère bien faire pour pourquoi pas jouer un jour en Équipe de France. C’est mon rêve.
Est-ce que le Sporting Gijon a d’autres objectifs que le maintien cette saison ?
L’objectif prioritaire reste le maintien. Une fois qu’il sera assuré, on essaiera de voir ce qu’on peut faire d’autre, mais pour l’instant, on avance doucement mais sûrement.
Manolo Preciado est un personnage du football espagnol. Comment ça se passe avec lui ?
Franchement, c’est un super entraîneur ! Je suis là depuis trois mois, mais si ça continue comme ça, c’est quelqu’un qui risque d’être très important dans ma vie et dans ma carrière. Comme personne et comme technicien, il est extraordinaire. Il est très proche des joueurs, c’est comme un père pour nous. Il nous donne beaucoup de conseils pour que l’on continue à progresser, et avec lui, je sens vraiment une grosse amélioration dans mon jeu.
Quel a été le joueur de la Liga qui t’a le plus impressionné ?
David Villa, c’est un phénomène ! Il nous a mis deux buts incroyables. Pour moi, c’est l’un des tout meilleurs attaquants du monde. Xavi, dans un registre différent, m’a également beaucoup impressionné.
Lors de la première journée, le Sporting a dû se déplacer au Camp Nou. Quel souvenir tu en gardes ?
Oulalala ! (Il respire) Ils ont eu 90 % de possession de balle. En fait, ils te prennent le ballon et tu ne le vois plus. S’ils veulent te mettre deux buts, ils t’en mettent deux, avec eux ça va très, très vite.
Tu viens de Montfermeil. Est-ce que tu imaginais un jour pouvoir jouer en Liga contre le Barça ou le Real ?
Pour moi, ce que je vis actuellement, c’est un rêve, et je n’ai pas vraiment envie de me réveiller ! (Rires) Dans deux semaines, je joue contre le Real Madrid ; si on m’avait dit ça il y a sept ans, je ne l’aurais pas cru. Il faut que j’en profite, je fais le maximum parce que je sais qu’il y a beaucoup de gens qui auraient voulu être à ma place. Toute la cité des Bosquets va regarder le match contre le Real Madrid, donc je vais me donner à fond pour les rendre fiers de moi.
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