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Deflandre : «Hazard, une perle rare comme on dit»

Par Swann Borsellino
Deflandre : «Hazard, une perle rare comme on dit»

Latéral droit de l’OL lors des débuts réussis du « Grand Lyon », le Belge Eric Deflandre, 38 ans, termine sa carrière dans le club qui l’a vu débuter : le RFC Liège. A l’aise en troisième division, où son engagement et sa soif de victoire se font toujours sentir, l’ancien Lyonnais regarde d’un œil attentif le football d’aujourd’hui.

Te voilà de retour au RFC Liège, ton club formateur, dix-neuf ans après l’avoir quitté. Finir dans ton club de cœur, c’est la meilleure chose qui pouvait t’arriver ?

Oui, très clairement ! Moi, de toute façon, j’ai toujours dit que je finirais ma carrière là-bas, où j’ai commencé en équipe de jeunes, même quand j’évoluais à Lyon, au plus haut niveau. J’ai toujours voulu boucler la boucle. Aujourd’hui, je suis heureux car j’ai respecté cela. Au final, je suis toujours dans l’équipe, et ce malgré mon âge. Je n’ai que des raisons de me satisfaire de ce retour au bercail.
Passer de la Ligue des Champions à la troisième division belge, ça doit quand même faire bizarre…

Ah bah ça, c’est certain. La différence est énorme. D’un autre côté, il faut prendre en compte mon âge avancé, j’ai 38 ans ! Cela étant, je m’adapte très bien à ce niveau. Après, quand tu as eu la chance de connaître des matches de Ligue des Champions, des matches de première division, ou des matches avec l’équipe nationale belge, c’est clair que tu retombes quelques paliers plus bas. Mais au final, tous les joueurs de football finissent comme ça, dans les petites divisions, ou sur des petits terrains, à jouer avec leurs potes, pour le plaisir. Quand on rentre dans le monde du foot, on essaye d’y rester le plus longtemps possible. Moi en tout cas, j’aime le football.
Tu parlais de ton âge avancé. A 38 ans, tu penses déjà à la reconversion ?
Oui, évidemment. Mais pour l’instant, j’ai toujours la flamme pour jouer en compétition. Je prends trop de plaisir sur la pelouse pour arrêter maintenant. Tu sais, j’ai le même caractère qu’avant, le même état d’esprit, le même esprit de compétition. Je veux absolument rester dans le monde du foot. C’est pour ça que j’ai bien préparé mon après-carrière, en passant mes diplômes d’entraîneur. Contrairement à certains, qui prennent une décision que je peux comprendre, je tiens à rester dans le monde du ballon après ma retraite de sportif.
On retrouvera donc Éric Deflandre sur un banc de touche d’ici peu ?

J’espère bien ! Sur des bancs de première division ! Allez, disons de division 2, pour me faire la main. En tout cas, c’est clair que j’ai l’ambition de me tourner vers ce métier qui me passionne.
Tu as passé vingt ans sur les terrains d’Europe. Quel regard portes-tu sur le football d’aujourd’hui ?
J’aime le football d’aujourd’hui. Mais il a changé, c’est sûr. Les joueurs ne sont plus les mêmes. Ce ne sont plus des joueurs de caractère comme avant. Là, ils ont plus de bagage technique et moins de mental et de fighting spirit. La mentalité, c’est très, très important pour se forger une carrière. Moi, j’ai misé là-dessus, sur la besogne. Aujourd’hui, les joueurs sont beaucoup plus complets, moins portés sur cette cause. Je pense que les matches de football ne sont plus des combats entre gaillards, mais des affrontements entre joueurs de talent, qui ont parfois du mal à faire passer le collectif avant l’individuel.
Quels souvenirs gardes-tu de ton périple en équipe nationale ?

Pour moi, c’est un souvenir exceptionnel. Notamment grâce aux résultats obtenus. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que nous avions une équipe de teigneux, de joueurs qui avaient envie. Aujourd’hui, l’équipe belge est probablement l’équipe la plus talentueuse que nous avons eue. Je ne vais rien t’apprendre sur le talent d’Eden Hazard, mais il y a également le petit Mertens, du PSV, Vermaelen, ou encore Witsel. Bref, plein de joueurs qui jouent dans les plus grand championnats étrangers, qui ont énormément de talent, mais qui n’ont pas le caractère de leurs ainés pour réussir quelque chose d’énorme. Ils ont tendance à s’appuyer sur leurs facilités. En fait, c’est ça pour moi qui fait la différence entre le football d’aujourd’hui et celui d’hier.
Donc si l’équipe d’aujourd’hui ne parvient pas à se qualifier pour une phase finale de grande compétition, c’est à cause de ce manque de grinta ?
C’est une affaire de mental, avant tout. Mais ce n’est pas évident pour eux non plus, car il faut également prendre en compte le fait qu’avant, quand j’ai disputé la Coupe du Monde par exemple, notre effectif comptait de nombreux joueurs d’expérience, qui avaient la trentaine, et qui savaient comment se déroulait une grande compétition. Aujourd’hui, il y en a un ou deux, qui sont un peu seuls, comme Daniel Van Buyten ou Timmy Simmons. A part eux, il n’y a personne. L’équipe est excellente, mais je pense que pour réussir à ce niveau, il faut beaucoup d’expérience dans un groupe. Surtout quand l’équipe est grosse comme la nôtre. L’encadrement est crucial.
Leekens est-il l’homme de la situation ?
Franchement, je pense qu’à un moment donné, il doit montrer qu’il est le patron, que c’est lui qui décide. Lorsqu’il y a eu le problème avec Eden, ça a beau être Hazard, il faut gérer le groupe. Il ne faut pas que les joueurs puissent se laisser aller sans qu’on leur fasse la moindre remontrance. Je pense qu’il a très bien géré cette situation. Au final, depuis quelques matches, il arrive à tirer le meilleur rendement de Hazard, alors qu’avant, le Lillois semblait se dire « je n’ai qu’à être sur le terrain pour être bon » , sans se fondre dans le collectif. Maintenant, j’ai l’impression que tout est rentré dans l’ordre.
A ce sujet, que penses-tu de Hazard ?
C’est un super joueur. Un joueur comme on en voit très peu ici, une perle rare comme on dit. Hormis Witsel et Mertens, personne ne peut tenir la comparaison avec lui ici. Eux, ils sont au-dessus du lot. Fellaini ? Je ne le compare pas aux autres, il n’est pas dans le même registre. Cela étant, c’est un joueur que j’affectionne beaucoup. Il me fait plus penser à la vieille génération, quand je vois sa manière d’aller au duel. Il ne faut pas négliger son bagage technique qui fait de lui un joueur bon dans la relance. C’est un mec très intéressant.
Au poste d’arrière droit par contre, c’est dur. On parle encore de toi alors que tu es parti il y a sept ans maintenant…
C’est une énorme reconnaissance pour moi. C’est une énorme fierté qu’en équipe nationale ou au Standard de Liège, ils regrettent mon époque. Qu’ils évoquent le fait qu’ils n’ont pas trouvé de remplaçant fixe depuis mon départ, c’est une consécration pour moi. Encore dernièrement, ils disaient que depuis ma retraite internationale, ils ne m’avaient pas encore remplacé et que la place pose toujours un souci. Sept ans après, ça fait énormément plaisir.
Après les 70 premiers France-Belgique, la Belgique mène 29 à 24. Comment tu expliques ça ?
La France, quoi qu’on en dise, c’est une très grande nation du foot. Et du sport collectif en général. Mais peut-être qu’avant, il y a bien longtemps, la Belgique était meilleure ! Si vous voulez tout savoir, c’est une statistique qui me surprend. Mais elle est valorisante pour la Belgique. Les choses ont bien changé depuis ! Cela étant dit, je pense que la France est une bonne équipe, avec beaucoup de jeunes joueurs qui ont percé au cours des dernières années. Parfois c’est difficile, car aujourd’hui, dans le football européen, les petites équipes sont de plus en plus rares. Contre des équipes comme la Bosnie, la France peut être en difficulté.
Tu étais sur la pelouse lors de la victoire belge au stade de France, en 2002. Tu t’en souviens ?
Bien sûr que je m’en souviens ! C’était juste avant notre départ en Corée du Sud, c’était un excellent souvenir, avant une campagne tout aussi excellente d’ailleurs ! Nous allions en Asie avec beaucoup de détermination. Cette victoire dans les derniers instants face à la France nous a donné beaucoup de confiance.
Tu as des favoris pour l’Euro ?

Un peu les mêmes que tout le monde… L’Espagne a une très, très bonne équipe. Mais cela dit, je pense que l’Allemagne a du répondant. Ils étaient dans le groupe de la Belgique lors des qualifications, et honnêtement, ils m’ont impressionné. Le groupe était difficile et ils ont fait un sans faute. Je les vois bien aller au bout.
Tu continues à suivre les performances de l’Olympique Lyonnais ?
Oui, à la télé ! j’ai le câble et Canal +, je me cale devant la Ligue des Champions ! C’est un plaisir pour moi, même si je ne connais plus que Réveillère et Vercoutre dans l’équipe actuelle. Ça a beaucoup changé ! Mais qu’est ce que j’aurais aimé jouer contre le Real !

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Par Swann Borsellino

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